Si un homme venait te voir aujourd’hui en prétendant être envoyé par Dieu pour guider l’humanité, le plus élémentaire de tes droits serait de lui demander une preuve de ce qu’il avance. S’il te donnait une preuve convaincante, son droit serait alors que tu le considères comme tel et que tu le suives vers ce à quoi il t’appelle. Bien évidemment, pour que tu sois convaincu, il faudrait que cet homme soit en mesure de faire une chose impossible à faire pour ses semblables. Cette action hors du commun qui lui est permise de faire et qui prouve la véracité de ce qu’il prétend être, c’est ce qu’on appelle un miracle.
Ainsi, et pour ne parler que des plus connus des prophètes et messagers, lorsque Abraham - sur lui la bénédiction et la paix - fut jeté dans le feu par son peuple pour l’avoir invité à délaisser les idoles et à n’adorer qu’Un Seul Dieu Unique, le feu ne lui fit aucun mal et il en sortit indemne. Cet évènement, défiant toutes les lois de la physique, fut considéré comme un miracle ainsi qu’une preuve sans appel. De même, lorsque Moïse - sur lui la bénédiction et la paix - a été envoyé à son peuple, il lui a été demandé d’apporter les preuves de sa prophétie. A son époque, les gens étaient subjugués par la magie et les magiciens. Il lui fut donc accordé des miracles qui révélèrent l’impuissance des plus habiles des magiciens de son temps, alors qu’il n’en faisait pas partie, et eux-mêmes reconnurent que seul un envoyé de Dieu était capable de ce qu’il avait accompli devant leurs yeux. C’est ce qu’on appelle un miracle. Et les preuves furent décisives.
Lorsque Jésus fils de Marie - sur lui la bénédiction et la paix - fût envoyé aux enfants d’Israël, il soigna les lépreux, chose impossible pour les plus compétents des médecins de son époque. Il fut aussi en mesure d’informer les gens au sujet de leurs affaires personnelles entreposées chez-eux et dont personne n’avait connaissance. Par-dessus tout, il redonna la vie à certains morts par la permission de Celui qui l’avait envoyé[1].
De même, lorsque Muhammad - sur lui la bénédiction et la paix - fut envoyé comme guide pour l’humanité, de nombreux miracles lui furent accordés. Certains eurent lieu de son vivant, d’autres se manifestaient dans le fait qu’il soit au courant d’évènements passés et à venir. Mais surtout, il lui a été donné le Coran qui, nous expliquerons pourquoi un peu plus tard, est son miracle par excellence.
Pour résumer, depuis que l’homme peuple la terre, des guides lui ont été envoyés. Leur message informait ceux à qui il était destiné du sens de leur présence sur terre, de ce qu’ils avaient à y accomplir et comment ils devaient s’y prendre afin d’obtenir l’agrément de leur Créateur. Selon l’époque, le lieu et l’avancée de la civilisation des destinataires, ce message se faisait de plus en plus précis du point de vue des lois qu’il contenait. Cependant, il restait identique concernant le fait qu’ils devaient adorer leur Créateur – un Dieu Unique – sans jamais rien Lui associer, de quelque manière que ce soit. Ainsi, certains peuples eurent plusieurs prophètes et messagers, d’autres un seul. Mais, quoi qu’il en soit, tous eurent accès d’une manière ou d’une autre à la guidée divine. Ensuite, lorsque l’humanité fut assez mature pour recevoir un message complet, englobant tous les aspects de sa vie, le dernier des guides lui fut envoyé. Parmi les caractéristiques de ce prophète, le fait qu’il fut envoyé à l’humanité toute entière et, afin que son message soit en mesure de traverser les époques, qu’il fut doté d’un miracle particulier dont nous reparlerons ultérieurement.
A ce stade de la discussion, une personne sensée est en droit de me reprendre en disant : « Désolé, ton discours ne tient pas la route. Tu utilises dans ton argumentation des histoires auxquelles je ne crois pas. Or, si j’y croyais, j’adopterais l’une des religions prêchées par ceux dont tu viens d’énoncer l’histoire ».
Cette remarque pertinente apporte d’elle-même des éléments de réponse supplémentaires à la question initiale qui nous a été posée. En effet, rien n’oblige une personne sensée à croire en un miracle qu’elle n’a pas vu. Et, hormis le cas où l’information lui serait transmise par une personne qu’elle estime définitivement digne de confiance, elle est en droit de la refuser.
Ici apparaît la limite de la portée de ce que nous avons précédemment appelé un miracle. En effet, admettons qu’un homme prétendant être envoyé par Dieu pour guider l’humanité t’apporte une preuve convaincante de ce qu’il avance, tu croiras en lui et accepteras de vivre selon ses préceptes. Et il en sera de même pour toutes les personnes honnêtes qui auront assisté à la réalisation de son miracle. Ensuite, s’ajouteront à ses partisans des gens qui n’auront pas vu le miracle en question mais qui te considèreront toi, ou les autres témoins des faits, comme des personnes dignes de confiance. Vous formerez ainsi une communauté alignée derrière le message d’un prophète. Ensuite, les générations se succédant, ceux qui avaient assisté au miracle auront disparu et les gens se diviseront en trois catégories. Ceux qui croient parce qu'ils ont confiance en ce qui leur a été légué par leurs parents et leurs proches, ceux qui croient par conformisme et ceux qui rejettent ces croyances en bloc les considérant comme des « légendes rapportées des anciens ». C’est de ce dernier groupe dont fait partie la personne sensée qui m’a interrompu dans ma démonstration avançant le fait qu’elle ne croyait pas en ces histoires dont je me sers pour argumenter.
Convenons de considérer ce qui suit comme un « cycle de la prophétie ». Lorsque l’homme est envoyé par Dieu à l’humanité, Il lui accorde d’accomplir des miracles. Ceux qui assistent à la réalisation de ses miracles croient en lui en tant que messager de Dieu et il en va de même pour tous ceux qui les considèrent comme dignes de confiance. Une communauté se forme autour de ce prophète qui enseigne aux gens le sens de leur vie ainsi que la façon dont ils doivent la mener afin que Celui qui les a créés soit Satisfait d’eux. C’est l’ensemble de ces enseignements que l’on appelle communément « religion ». Puis, les générations se succèdent. N'ayant pas vocation à agir jusqu'à la fin des temps, l’impact des miracles se dissipe et ce qui fut considéré comme une preuve décisive de l'authenticité du message en son temps devient une « légende rapportée des anciens » à laquelle on n’accorde plus ou très peu d’importance. Les enseignements laissés par le Prophète sont délaissés, altérés, perdus ou encore modifiés par maladresse ou pour des intérêts mondains. Quels qu’ils soient, les gens s’éloignent de fait de la religion. Soit en la délaissant, soit en s'accrochant à ce qui n'est plus que sa pâle copie. De là, bien qu’un éclat de lumière l’ait éclairée l’ombre d’un instant, l’humanité se tourne à nouveau vers le scepticisme et, éloignée de la guidée divine, ses questionnements quant à la raison de sa présence sur terre refont surface. Accomplissant ainsi ce que l’on a convenu d’appeler un cycle de la prophétie.
Suite à cet état, un nouveau prophète est envoyé. Il vient rétablir ce qui a été altéré du message de son prédécesseur, le purifier de ce qui y a été ajouté et l’enrichir de ce que Dieu aura voulu. Par cette action, la religion précédente est abrogée et c’est le dernier message apporté qui entre en application. Cependant, à l’avènement de ce nouveau prophète, certains prétendus partisans de son prédécesseur refuseront, pour différentes raisons, de le suivre et resteront sur leur religion. Bien qu’elle soit alors abrogée.
Par exemple, lorsque Jésus fils de Marie - sur lui la bénédiction et la paix - à été envoyé aux enfants d’Israël, certains d’entre eux ont refusé de le suivre. Ils prétendaient suivre Moïse - sur lui la bénédiction et la paix - et rester sur la religion apportée par celui-ci. De la, une communauté censée être unique s’est scindée en deux. D’un côté les juifs, de l’autre côté les chrétiens. Or, les derniers commandements divins accessibles à cette époque étant avec Jésus fils de Marie - sur lui la bénédiction et la paix -, il était le seul, à ce moment précis, en droit d’être suivi. De même, lorsque le prophète Muhammad - sur lui la bénédiction et la paix - à été envoyé à l’humanité toute entière, certains juifs et certains chrétiens ont refusé de croire en lui. Ils prétendaient suivre leurs prophètes respectifs et rester sur la religion de ceux-ci. Or, les derniers commandements divins accessibles depuis cette époque étant avec le Prophète Muhammad - sur lui la bénédiction et la paix -, il était le seul en droit d’être suivi à ce jour. De plus, étant le dernier des prophètes et messagers, il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps.
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Bien que l’on puisse parfois avoir l’impression que plusieurs religions coexistent, il n’en est rien. La réalité est qu’une seule d’entre elles est agréée par Dieu et que les autres sont abrogées. Ceux qui refusent de délaisser une religion qui s’avère être abrogée le font soit parce qu’ils n’ont pas connaissance de ce fait[2], soit parce que c’est une étape qui leur semble difficile à surmonter, insurmontable[3] ou encore parce qu’ils pratiquent leur religion d’une façon conformiste, sans trop de conviction et, de ce fait, sans se poser trop de questions. D’autres raisons sont envisageables mais, même si loin d’être inintéressantes, elles sortent du cadre de cet écrit.
Après s’être posé la question de la création, puis celle du sens de la vie, chacun se doit de regarder objectivement ce sur quoi repose sa religion ou celles qu’on lui propose ici et là et de se questionner. « Sur quoi repose ma conviction que ma religion est la bonne ? », « Ai-je réellement réfléchi à ce sujet ? », « Quels sont mes arguments ?» Nous avons vu dans le cycle de la prophétie que le Créateur appuyait Ses messagers et leur accordait des preuves incontestables en mesure de convaincre. La vraie question est donc : « Y’a-t-il une religion qui puisse encore, de nos jours, se targuer d’être de source divine et de disposer de preuves à ce sujet ? » Si c’est le cas, son droit le plus élémentaire est que l’on y adhère.
[1] - C’est notamment à cause d’une mauvaise interprétation des miracles qui lui ont été donnés de faire que certains se sont mis à adorer Jésus fils de Marie - sur lui la bénédiction et la paix -. Or, à l’origine, ces miracles n’étaient que des signes destinés à prouver sa prophétie. Jésus fils de Marie n’est pas Dieu, mais l’un de Ses serviteurs et messagers.
[2] - L’ignorance des faits peut être « simple », comme pour la personne n’ayant jamais entendu parler d’une autre religion que la sienne ou celle qui s’est posé des questions mais n’a pas eu l’occasion de rencontrer quelqu’un en mesure de lui répondre d’une manière convaincante; ou « exacerbée », comme pour la personne qui subit une propagande médiatique sans avoir pu au préalable se donner le temps de comparer les textes et les arguments de chacun afin de s’en faire une idée personnelle.
[3] - Par crainte des critiques des proches, des réactions de l’entourage, de la difficulté à changer leurs mauvaises habitudes, etc.
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26 Mouharram de l'Année hégirienne 1435
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