Le pardon et le repentir

Allah dit : « N’adorez qu’Allah. Moi, je suis pour
vous, de Sa part, un avertisseur et un annonciateur. Demandez pardon à votre Seigneur, et repentez-vous à Lui. Il vous accordera une belle jouissance jusqu’à un terme fixé, et Il accordera à
chaque méritant l’honneur qu’il mérite. Mais si vous tournez le dos, alors je crains pour vous le châtiment d’un grand jour. » (Hûd : 2-3)
A plusieurs reprises dans cette sourate, le repentir est associé à la demande de pardon, et ces versets sont les premiers. Allah nous informe également concernant le récit de Hûd qu’il a dit à
son peuple : « Ô mon peuple, implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui pour qu’Il envoie sur vous du ciel des pluies abondantes et
qu’Il ajoute force à votre force. Et ne vous détournez pas [de Lui] comme des coupables. » (Hûd : 52)
Le troisième endroit concerne Sâlih à propos duquel Allah nous informe qu’il a dit à son peuple : « Implorez donc Son pardon, puis repentez-vous à
Lui. Mon Seigneur est bien Proche et Il répond aux appels. » (Hûd : 61) Le quatrième endroit concerne
Shu’ayb à propos duquel Allah nous informe qu’il a dit à son peuple : « Et implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui. Mon Seigneur
est vraiment Miséricordieux et Plein d’amour. » (Hûd : 90) Il dit également dans sourate Al-Mâ’idah :
« Ne vont-ils pas se repentir à Allah et implorer Son pardon ? En effet, Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Al-Mâ’idah : 74)
Le secret de cela est peut être que puisque l’homme commet des péchés, il a besoin de demander pardon à son Seigneur pour ses péchés, et c’est là la demande de pardon mentionnée dans les versets
précédents. L’homme a également besoin d’une volonté forte de ne pas revenir à ses péchés, et c’est là le repentir dont la mention s’est répétée dans les versets précédents. L’homme est très
insouciant donc il a besoin d’être protégé de ses péchés passés et de prendre garde aux péchés futurs. Sa parole : « Demandez pardon à votre
Seigneur » concerne le passé et Sa parole : « puis repentez-vous à Lui » concerne le futur, comme l’a mentionné As-Shawkânî dans Fath Al-Qadîr (2/481).
Mais il est possible que l’attention de l’étudiant qui médite sur les versets de ce chapitre ait été attirée sur une troisième chose qui se répète également en dehors du commandement de la
demande de pardon et du repentir, et cette chose réside dans Sa Parole : « N’adorez qu’Allah » qui apparaît
dans les versets 2 et 26, et en trois autres endroits : 50, 61 et 84 sous la formulation : « Adorez Allah, vous n’avez pas d’autre divinité
digne d’adoration en dehors de Lui. » Les deux éléments précédemment cités visaient à rectifier spécifiquement le passé et le futur, et il est connu qu’il
existe trois temps, et le temps restant est le présent qui est le temps de réalisation du troisième ordre que nous venons de mentionner. Cela a été souligné par Ibn Al-Qayyim dans son livre
unique Al-Fawâ’id (p.116-118) lorsqu’il dit :
« Viens ! Je t’invite à t’introduire auprès d’Allah et à Lui tenir compagnie dans la demeure de la Félicité, sans effort, ni fatigue, ni épuisement, par le chemin le plus court et le
plus aisé. Pour cela, sache que tu vis un instant délimité par deux autres moments, et cet instant est en fait l’existence que tu mènes actuellement. C’est le présent délimité par le passé et le
futur. Tu peux corriger le passé par le repentir, les regrets et la demande de pardon. Cela n’a rien de fatigant, d’épuisant et n’implique aucun effort harassant, car c’est un simple acte du cœur. Pour les actes futurs, abstiens-toi de commettre des péchés. Cette retenue n’est qu’un délaissement reposant, car ce n’est pas un acte
accompli par les membres du corps qui te serait difficile à supporter. Il s’agit simplement d’une résolution et d’une intention fermes qui reposent le corps, le cœur et l’âme. Rectifie le
passé par le repentir. Quant au futur, prépare-le en t’abstenant de commettre des péchés, en prenant une bonne résolution et en ayant une ferme intention. Les membres du corps ne sont sollicités
à aucun de ces deux moments, et ne se fatiguent ni ne s’épuisent. Tout le problème réside finalement dans l’instant présent situé entre ces deux moments. Si tu le gâches, tu auras gâché ton
bonheur et ton salut. Si tu le protèges en améliorant les deux moments avant et après lui comme vu plus haut, tu seras sauvé et tu gagneras le repos, les plaisirs et les délices. Cependant,
protéger le présent est plus éprouvant que de corriger le passé et de préparer le futur. Protéger le présent, c’est imposer à son âme de s’occuper de ce qui lui est bénéfique et qui est plus à
même de lui apporter le bonheur. Les gens à ce sujet occupent des degrés très différents. Par Allah ! Il appartiendra vite au passé cet instant présent où tu peux faire des provisions pour
l’au-delà dont la demeure finale est soit le Paradis soit l’Enfer. Si tu utilises cet instant présent comme un chemin menant vers ton Seigneur, tu atteindras alors le bonheur ultime et le succès
éclatant durant cette courte période qu’est la vie, dont la durée est insignifiante par rapport à l’éternité. Si en revanche tu préfères les désirs, le repos, les loisirs et les jeux, tes jours
passeront comme un éclair, et laisseront place à une immense et éternelle douleur. La subir et la supporter est bien plus difficile et bien plus long que le fait de patienter face aux interdits
d’Allah, face à Ses ordres et face à la résistance que l’on oppose à nos passions par amour pour Allah. »
L’explication qu’a donné Ibn Al-Qayyim des versets précédents est celle d’un homme qui connaît la voie des pieux prédécesseurs, imprégné des sens du Coran vers lesquels ils ont été guidés, et on
rapporte dans Az-Zuhd Al-Kabîr de Al-Bayhaqî (2/196-197) un récit en ce sens d’après Al-Hasan : « Ce bas monde est fait de trois jours :
hier est parti avec ce qu’il contenait. Quant à demain, il est possible que tu ne le vois pas. Et le jour présent est celui qui t’appartient, alors œuvre en lui. » Il rapporte aussi de ‘Abd Allah Ibn Munâzil : « Celui qui se préoccupe du passé et du futur perd son temps sans aucun
profit. »
Je dis : Ceci pour celui qui délaisse le temps présent et se préoccupe des insufflations du passé, car cela l’empêche d’agir, surtout s’il est négligent, Satan ne cessera de le lui rappeler
jusqu’à susciter en lui le désespoir. De même pour celui qui se préoccupe de l’avenir plutôt que du présent, il ne cessera d’être dans l’imaginaire et les figurations jusqu’à ce que sont cœur
soit totalement absorbé par ses espoirs. C’est pourquoi (Al-Bayhaqî) rapporte de Shamît Ibn ‘Ajlân : « Le croyant doit se dire : il y a trois
temps. Hier est passé avec ce qu’il contenait. Demain est un espoir que tu n’atteindras peut être pas, et si tu es des adeptes du lendemain, alors demain vient avec la subsistance du lendemain,
et avant demain il y a une journée et une nuit qui verront la disparition de nombreuses âmes, et il se peut que tu sois l’une d’entre elles, alors penser au jour d’aujourd’hui te
suffit. » Il rapporte également de Sa’îd Al-Kharrâz : « Se préoccuper du passé est une perte du temps
présent. » Il rapporte aussi de Ibrâhîm Ibn Shaybân : « Celui qui préserve son temps et ne le perd pas en ce
qui ne contient pas l’agrément d’Allah, Allah préservera sa religion et sa vie d’ici bas. » Et il a été dit :
Profitez de moi car je disparais
Tirez profit de ce que vous avez vécu de mes admonitions
Le passé est perdu et l’espoir fait partie de l’invisible
Et tu ne possèdes pour toi que le temps présent
Source : Min Kulli Sûrah Fâ’idah, p.106-109.
Traduit et publié par les Salafis de l’Est.