Il est révélateur de voir de quelle manière nos pieux ancêtres avaient compris l’importance, la valeur du Coran et de sa lecture
régulière. Il était tout à fait normal et habituel de lire l’intégralité du Coran tous les mois, ou tous les deux mois, certains le clôturaient après cinq ou six jours. Ces compagnons cherchaient
la proximité de Dieu car le Prophète a dit :
« Allah a des personnes rapprochées de Lui parmi les hommes. Ils dirent : Qui sont-ils, oh messager d'Allah ? Il répondit : Les gens du Coran (qui l’apprennent et le
récitent) sont les rapprochés d’Allah ». (Nassa’i et ibn Majéh)
Bien sûr leur piété n’est d’aucune commune mesure comparable à la nôtre mais cela nous laisse quand même réfléchir quant à notre ignorance sur les actes méritoires et à la négligence de notre
devoir à l’éducation spirituelle.
‘Uthmân Ibn 'Affân avait l'habitude d'achever la récitation du Coran chaque jour. Certains Salafs terminaient la récitation du Coran dans leur prière toutes les trois nuits. D'autres l'achevaient toutes les sept nuits, tandis que d’autres encore le terminaient toutes les dix nuits. Ils récitaient le Coran dans leurs prières et à d'autres moments. Pendant le mois de Ramadan, Ash-Shâfi'i s’efforçait d’achever la récitation du Coran soixante fois, en dehors des heures de prière. Al-Aswad avait l'habitude d'achever la récitation du Coran toutes les deux nuits. Qatâda achevait la lecture du Coran en sept nuits en temps normal, et pendant le Ramadan, toutes les trois nuits ; mais dans les dix derniers jours de Ramadan, il l'achevait chaque nuit. Quand venait le Ramadan, Az-Zuhri délaissait l'étude du Hadith et les cercles d'études avec les savants, et il se concentrait sur la lecture du Coran à partir du Moushaf (c'est-à-dire, pas de mémoire). Aussi, quand venait le Ramadan, Sufyan Ath-Thawrî délaissait tous les actes d'adoration et ne se concentrait que sur la lecture du Coran.
Ibn Rajab dit qu'on rapporte que le Prophète () a interdit de terminer la lecture du Coran en moins de trois jours pour ceux qui le récitent continuellement. Quant aux temps bénis comme le Ramadan, particulièrement pendant les nuits où l’on espère rencontrer la nuit d’Al-Qadr ou dans les lieux saints comme Makkah pour ceux qui n’y résident pas, il est recommandé de multiplier la récitation du Coran pour profiter des bénédictions du temps et du lieu. C'est l'avis d'Ahmad, Ishâq et d'autres parmi les nobles savants. Comme nous l’avons indiqué ci-dessus, les actions d'autres savants soutiennent aussi cet avis.
Pleurer pendant la récitation du Coran
L’attitude des Salaf n’était pas de réciter le Coran comme de la poésie sans le méditer, ni le comprendre ; plutôt, ils étaient touchés par la parole d'Allah et, à leur tour, ils touchaient les cœurs des autres. Dans un hadith rapporté par Al-Bukhârî, ‘Abdullah Ibn Mas'ûd (qu'Allah l’agrée) a dit : « Le Messager d'Allah () a dit : « Récite-moi (le Coran). » Je lui dis alors : « Comment puis-je te le réciter alors que c’est à toi qu’il a été révélé ? » Le Prophète (Prière et salut d'Allah sur lui) dit : « J'aime l'écouter de quelqu'un d'autre. » ‘Abdullah Ibn Mas'ûd dit : « J'ai récité le Coran à partir de la sourate An-Nissâ' jusqu’au verset « Comment seront-ils, quand Nous ferons venir de chaque communauté un témoin et que Nous te ferons venir (Muhammad) comme témoin contre ces gens-ci ? » [Les Femmes, 41]. Le Prophète () dit alors : « Cela suffit. » Je me suis tourné vers lui () et j’ai vu des larmes couler de ses yeux ». »
Al-Bayhaqi rapporte d'Abû Hurayra que le Prophète () a dit : « Lorsque le verset du Coran « Quoi ! Vous étonnez-vous de ce discours (le Coran) ? Et vous en riez et n’en pleurez point. » [L’Etoile, 59,60] a été révélé, les Compagnons résidant dans la Suffah, (la cour de la mosquée du prophète) ont pleuré jusqu’à ce que les larmes coulent goutte à goutte le long de leurs joues. » Quand le prophète () a entendu leurs pleurs, il a pleuré avec eux et ses pleurs nous ont fait pleurer. Le Messager d'Allah a dit : « Celui pleure par crainte d’Allah, le Feu (de l’enfer) ne le touchera pas. »
Ibn ‘Umar lisait la sourate Al-Mutaffifîn et en arrivant au verset « … le jour où les gens se tiendront debout devant le Seigneur de l’univers... » [Les Fraudeurs, 6], il se mit à pleurer à tel point qu'il tomba à terre et ne pouvait réciter les versets suivants. D’autre part, Muzahim Ibn Zafar a rapporté : « Sufyan Ath-Thawri nous dirigeait dans la prière du Maghrib et quand il lut « C’est Toi (Seul) que nous adorons et Toi (Seul) dont nous demandons l'aide » [Al-Fatiha, 5], il a commencé à pleurer au point d’interrompre sa récitation. Il recommença donc Alhamduliltah de nouveau. »
On rapporte qu'Ibrahim Al-Ash'ath a dit : « Une nuit, j'ai entendu Fudhayl Ibn ‘Ayadh réciter ce verset du Coran, à plusieurs reprises alors qu’il pleurait : « Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d’entre vous qui luttent (pour la cause d’Allah) et qui endurent, et Nous vous éprouverons (en faisant apparaître) vos œuvres » [Muhammad, 31]. Il répétait la parole d'Allah : « Et Nous exposerons vos œuvres », et il disait : « Et Tu exposeras nos œuvres ? Si tu éprouves nos œuvres, Tu nous déshonoreras et exposeras nos secrets. En effet, si Tu le fais, Tu nous détruiras et nous châtieras ». Et il ne cessait de pleurer, assis dans la mosquée jusqu'au lever du soleil.
Ecoutez cet exemple incroyable d’une génération qui a connu la grandeur du Coran : lorsque la mort est venu à Abdoullah ibn Idriss, sa fille pleura ; il lui dit alors : « Ne pleurs pas ma petite fille car j’ai lu le Coran entièrement dans cette maison quatre mille fois », donc, quelle merveilleuse génération ! Et quel bon chemin à suivre !