Q : Quelle est la position de l’islam concernant le fait de se rapprocher d’Allah par le sacrifice des bêtes sur les tombeaux des saints et des personnes pieuses, et de dire : « Par le droit de Ton bien aimé vertueux Untel, guéris-nous ou épargne-nous telle ou telle affliction » ?
R : On sait, à partir des preuves du Coran et de la Sunna authentique, que se rapprocher d’Allah par le sacrifice de bêtes à autre qu’Allah, que ce soit pour des saints, des Jinns, des idoles ou d’autres créatures est du pur associationnisme, et que cela fait partie des actes des polythéistes de la période pré-islamique. Allah, gloire et pureté à Lui, dit :
« Dis : En vérité ma prière rituelle, mes actes de sacrifice, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’univers * A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre. »1
Allah, gloire et pureté à Lui, a très bien expliqué dans ce verset que l’acte de sacrifice à autre qu’Allah fait partie du polythéisme majeur, de même que la prière à un autre qu’Allah.
Allah, gloire et pureté à Lui, dit :
« Nous t’avons certes, accordé le fleuve de l’abondance (al-Kawthar) * Accomplis donc la prière pour ton Seigneur et sacrifie. »2
Allah, gloire et pureté à Lui, a ordonné à Son Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, dans cette sourate de prier pour son Seigneur et de faire le sacrifice pour Lui contrairement aux associateurs qui se prosternent devant autre qu’Allah et sacrifient pour autre que Lui. Allah, gloire et pureté à Lui, dit :
« Et ton Seigneur a décrété : N’adorez que Lui. »3
Allah, gloire et pureté à Lui, dit :
« Il ne leur a été commandé, cependant que d’adorer Allah, Lui vouant un culte exclusif. »4
Les versets traitant ce point sont nombreux.
Le sacrifice fait partie de l’adoration, il doit donc être voué exclusivement à Allah. Dans le recueil de hadiths authentiques de Muslim, d’après le gouverneur des croyants ‘Alî ibn Abî Tâlib, qu’Allah l’agrée, le Messager d’Allah, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Allah, gloire et pureté à Lui, maudit celui qui sacrifie pour autre que Lui. »5
En ce qui concerne le fait de dire : « Je demande à Allah par le droit de Ses élus, ou par la haute position de Ses élus, ou par le droit du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, ou par sa haute position », cela ne fait pas partie de l’associationnisme, mais c’est une innovation selon la majeure partie des savants, et c’est une des causes qui mène au polythéisme, car l’invocation est une adoration et la manière avec laquelle il faut la pratiquer est régie par la Loi islamique.
Il n’y a aucune preuve venant de la part du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, que ceci ou le fait de formuler des requêtes par le biais du droit ou de la haute position de n’importe qui, est licite. Il est absolument interdit au musulman d’inventer un moyen d’exaucer les invocations (Tawassul) qu’Allah, gloire et pureté à Lui, n’a pas prescrit, selon Sa parole :
« Ou bien auraient-ils des associés qui auraient établi pour eux des lois religieuses qu’Allah n’a jamais permises ! »6
La parole du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui confirme cela :
« Celui qui apporte une innovation étrangère à nos enseignements, elle lui sera refusée. »7
Dans une autre version de Muslim et qu’Al-Bukhârî a rapporté avec une chaîne de rapporteurs incomplète (Mu’allaq) : « Celui qui fait un acte qui est étranger à nos enseignements, il lui sera refusé. »8 L’expression : « sera refusé » veut dire que cet acte est refusé de celui qui l’accomplit et ne sera pas accepté. Il est donc du devoir de tout musulman de se restreindre aux enseignements prescrits par Allah et de prêter attention à ce que les gens ont inventé comme innovations religieuses.
Pour ce qui est du moyen d’exaucer les invocations (Tawassul) autorisé, il consiste à invoquer Allah, gloire et pureté à Lui, par Ses noms et attributs divins, par Son unicité et également par les bonnes œuvres dont fait partie la croyance à Allah et au Messager, et l’amour d’Allah et de Son Messager. Les preuves appuyant ce qui a été dit sont nombreuses, comme la parole d’Allah, gloire et pureté à Lui :
« C’est à Allah qu’appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le donc par ces noms. »9
Parmi ces preuves également, l’histoire de celui que le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, entendit dire :
« Ô Seigneur ! Je Te demande de par le fait que j’atteste qu’il n’y a d’autre divinité que Toi, l’Unique, le Recours Suprême, Celui Qui n’a jamais enfanté et n’a pas été enfanté, et nul ne Lui est semblable. »10
Parmi les preuves qui appuient ceci, l’histoire de ceux qui étaient emprisonnés dans une grotte, et qui, pour que leurs requêtes soient exaucées, invoquèrent Allah en mentionnant leurs meilleures actions : le premier d’entre eux invoqua Allah par son obéissance à l’égard de ses parents ; le second invoqua Allah par sa chasteté qui l’avait empêché de commettre l’adultère alors que c’était facile pour lui de le commettre ; et le troisième par son honnêteté vis-à-vis de son employé, puisqu’il fit fructifier ses biens, et lui remit le capital et ses bénéfices sans rien lui en prélever. Ainsi, Allah, gloire et pureté à Lui, dissipa toutes leurs afflictions, accepta leurs prières et ôta le rocher qui les retenait prisonniers dans la grotte. Ce hadith est authentique rapporté par Al-Bukhârî et Muslim, et Allah est notre Guide.
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Fatwa de l’éminent cheikh Ben Baz tirée de son recueil de fatwas
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Tome 5 page 324-326
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1 Les Bestiaux, v. 162-163.
2 Al-Kawthar, v. 1-2.
3 Le Voyage Nocturne, v. 23.
4 La Preuve, v. 5.
5 Muslim, chapitre des sacrifices (1978).
6 La Consultation, v. 21.
7 Al-Bukhârî, chapitre des traités de paix (2697) et Muslim, chapitre des jugements (1718).
8 Rapporté par Al-Bukhârî avec une chaîne de rapporteurs incomplète, chapitre des ventes : la connivence, aussi dans le chapitre de la recherche du refuge ; Muslim l’a rapporté sans aucune rupture, chapitre des jugements (18-1718).
9 Al-A’râf, v. 180.
10 Rapporté par les auteurs des Sunan : Abû Dâwûd, chapitre de la prière (1493), At-Tirmidhî, chapitre des invocations (3475), An-Nassâ’î dans Sunan Al-Kubra (7666) et Ibn Mâjah, chapitre de l’invocation (3857) et également par Ibn Hibbân (891) qui l’authentifie.