Ibn Al Qayyim - Qu’Allah lui fasse miséricorde - a dit :
« Médite la sagesse exemplaire concernant la création des montagnes. L’ignorant insouciant considère qu’elles ne sont là, sur Terre, que de manière superflue n’ayant aucune utilité ! Pourtant, elles renferment des ressources et recèlent des avantages qu’on ne peut recenser excepté Celui qui les a créées et les a dressées.
Lorsque Dimâm Ibn Tha’laba s’est converti à l’islam, il a dit au Prophète (ﷺ) : « Par celui qui a dressé les montagnes et y a déposé tant de ressources et d’avantages ! Est-ce qu’Allah t’a vraiment ordonné ceci et cela ? Il a répondu : Oui ! Allah m’a vraiment ordonné cela ! »
Parmi ses ressources et ses avantages :
1 - La neige tombe sur les montagnes et s’y fixe sur les sommets. Puis, petit à petit, elle fond ensuite elle ruisselle et enfin elle forme des torrents qui s’écoulent en abondance dans des gorges pour se transformer alors en rivières [et en fleuves]. Sur son passage, cette eau fait pousser de verts pâturages et elle laisse place à des vallées et des collines verdoyantes où apparaissent toutes sortes de plantes, de fruits, etc. qu’on ne trouve nulle part ailleurs, ni dans les plaines et encore moins sur les bords de mer.
Ainsi donc, si les montagnes n’existaient pas, la neige tomberait directement à la surface même de la terre, elle ne se fixerait pas - plutôt elle fondrait - et elle coulerait d’un trait. Par conséquent, tout le bénéfice qui en résulterait au moment où on en ressentirait le besoin se perdrait. En outre, en fondant tout de suite, elle provoquerait des torrents de flots qui détruiraient tout sur leur passage et provoqueraient des catastrophes naturelles et des préjudices dont les hommes pâtiraient sans pouvoir s’en prémunir, y remédier ou encore les repousser.
2 - Les montagnes hébergent en leur sein et sur leurs cimes des grottes, des cavernes et des cavités qui sont autant de refuges faisant office de citadelles et de forteresses. En ce sens, elles constituent donc des abris et des lieux où les hommes et les animaux viennent s’y réfugier.
3 - On extrait des montagnes tout type de pierre et de roc qui servent à la construction d’édifices.
4 - On y trouve aussi tous les types de minéraux possibles et cela quelles que soient leur variété et leur type : de l’or, de l’argent, du cuivre, du fer, du plomb, des topazes, des émeraudes, etc. En fait, les montagnes renferment des ressources, des richesses et des avantages que seul Allah connait, Celui qui les a créées et les a façonnées.
5 - Les montagnes repoussent les vents impétueux et elles brisent leur violence en les arrêtant. Ainsi, elles ne les laissent pas tout détruire sur leur passage ou ce qui s’y trouve dans les vallées. Voilà pourquoi ceux qui habitent au bas des montagnes sont en sécurité vis-à-vis des grands vents violents et funestes.
6 - Les montagnes refluent les torrents lorsqu’ils sortent de leurs lits et débordent. Elles les détournent à droite, à gauche, ici et là. Ainsi donc, si les montagnes n’existaient pas, les torrents sortiraient de leurs lits, suivraient leurs cours et se déverseraient partout, tout au long de leur course. Les montagnes font donc office de barrages et de digues.
7 - Les montagnes sont des repères à l’image de poteaux indicateurs sur les routes et les chemins. Elles sont comme des indications et des orientations dressées sur les voies terrestres [maritimes et aériennes]. Voilà pourquoi, Allah (ﷻ) les a appelées des « repères ». En effet, Il a dit :
{Et parmi Ses signes, il y a les vaisseaux qui voguent sur la mer, semblables à des montagnes.}
Les vaisseaux signifient les bateaux. Ainsi donc, les montagnes ont été appelées « des repères » car elles constituent des signes et des symboles manifestes.
8 - Sur les pentes des montagnes poussent des plantes médicinales qui constituent une pharmacopée traditionnelle dans lesquelles se trouvent nombre de remèdes qu’on ne trouve pas dans les plaines ni sur les bords de mer. De la même manière, ce qui pousse dans les plaines et sur les bords de mer ne pousse pas en montagne. Néanmoins, dans chacun d’entre eux se trouvent des bénéfices, des avantages et des sagesses que seul le Grand Créateur, l’Omniscient a embrassé de Sa science.
9 - Les montagnes constituent des remparts naturels pour les serviteurs d’Allah afin de se protéger de leurs ennemis tout comme ils se réfugient dans des forteresses ou des citadelles. Les montagnes protègent même mieux encore que la plupart des villes fortifiées ou des fortins.
10 - Dans Son Livre, Allah ﷻ a décrit les montagnes comme des pieux fixés dans les entrailles de la terre à l’image de l’ancre du bateau qui fixe celui-ci et ainsi celles-ci se dressent de manière auguste. Les montagnes obéissent à une sagesse tout en renfermant des avantages plus grands encore !
Dans Son Livre, Allah ﷻ nous a appelés [et incités] à poser [et porter] un regard contemplatif sur les montagnes et la manière dont Il les a créées. Il a dit :
{Ne considèrent-ils donc pas comment les chameaux ont été créés ? Et le ciel comment il est élevé ? Et les montagnes comment elles sont dressées ? Et la terre comment elle est nivelée ?}
Leur création et les richesses qu’elles renferment sont parmi les plus grands témoins de l’omnipotence de leur Créateur et de leur Façonneur, [elles démontrent] Sa science, Sa sagesse et Son unicité. Ces montagnes craignent, à juste titre, leur Seigneur, leur Façonneur et leur Créateur malgré leur imposante stature et leur immense création. En effet, lorsque le dépôt de la foi fut proposé aux montagnes, elles refusèrent d’en assumer la responsabilité et elles furent effrayées à l’idée de s’en charger.
Ainsi donc, il y a :
1. Une montagne [« Tûr Sînâ’ »] sur laquelle Allah a parlé ouvertement à Moïse (عليه السلام), Son confident, celui qu’Il a secouru personnellement.
2. Une montagne [« Tûr Sinâ’ »] sur laquelle Allah s’est manifesté à Moïse (عليه السلام). Celui-ci s’est alors évanoui et la montagne s’est effondrée.
3. Une montagne [« Uhud »] qui éprouve de l’amour pour le Messager d’Allah (ﷺ) et ses Compagnons par la volonté d’Allah, et que le Messager (ﷺ) et ses Compagnons aiment.
4. Deux montagnes qu’Allah a mises comme enceintes autour de Sa maison. L’une, Safa, est située à une extrémité, l’autre, Marwah, est située à l’autre bout. Entre ces deux montagnes, Allah a prescrit pour Ses serviteurs un va-et-vient rituel et cultuel.
5. Une montagne (ou un mont) dont le nom est : la Montagne de la Miséricorde (« Jabal ar-Rahmah ») se dressant dans la plaine de ‘Arafat. Sur cette montagne, combien de péchés pardonnés ! Combien de faux pas atténués ! Combien d’écarts excusés ! Combien de besoins accordés ! Combien d’angoisses délivrées ! Combien d’épreuves ôtées ! Et combien de bienfaits renouvelés ! Que de bonheur acquis et que de malheur effacé !
Comment pourrait-il en être autrement alors que cette montagne est celle qui a eu le privilège d’accueillir cet immense regroupement et ces nobles invités, des gens venus des contrées les plus lointaines, se tenant devant leur Seigneur, apaisés devant Sa grandeur, humbles devant Sa Toute-Puissance, aux cheveux ébouriffés et aux corps recouverts de poussière. Ils essaient de commettre le moins de fautes possible vis-à-vis de Lui et ils L’implorent de combler leurs besoins.
Ainsi donc, Allah se rapproche d’eux puis se glorifie de cela auprès de Ses anges. Par Allah ! Quelle montagne ! Une telle miséricorde qui en descend et un tel pardon d’immenses péchés.
6. Une montagne qui renferme la grotte de Hirâ’ et où le Prophète s’y est isolé pour son Seigneur jusqu’à ce que Celui-ci le gratifie de Sa révélation et de Son message divin pendant qu’il y était en retraite spirituelle. Cette montagne a débordé de lumière et a inondé toutes les contrées de la terre de telle sorte qu’elle s’en pavane auprès des autres et se prénomme, à juste titre, la Montagne de la Lumière (« Jabal an-Nûr »).
[Ainsi que d’autres montagnes dont la liste serait trop exhaustive à établir.]
Gloire à Allah ﷻ qui, dans Sa miséricorde et dans Sa considération, a privilégié certaines montagnes et certains hommes sur d’autres. Il a fait de certaines montagnes des lieux où des cœurs s’y sont immergés comme s’ils naviguaient à leur surface, et qui les emmenaient ici et là au gré du vent. De la même manière, Il a privilégié de Ses honneurs certains hommes sur lesquels Il a complété Son bienfait. Il a attribué Son amour, notamment à Son Messager, qu’Il a aimé et qui a été aimé de Ses Anges et de Ses serviteurs croyants en ayant l’acceptation de tous sur cette Terre.
Voilà, et pourtant, ces montagnes savent qu’elles ont un rendez-vous, un jour où elles seront réduites en poussière et deviendront telle de la laine cardée du fait des affres et des angoisses de ce jour. Oui, ces montagnes sont effrayées des affres de ce jour qu’elles attendent.
Lorsqu’Oumm Ad-Dardâ (qu’Allah l’agrée) voyageait et qu’elle gravissait une montagne, elle disait à la personne qui était avec elle : « Écoute les montagnes et ce que leur Seigneur leur a promis. » Mais la personne répondait : « Je ne les entends pas. » Elle récitait alors :
{Et ils t’interrogent au sujet des montagnes. Dis : « Mon Seigneur les dispersera comme la poussière et Il les laissera comme une plaine dénudée dans laquelle tu ne verras ni tortuosité ni relief.}
Ceci est la situation des montagnes, ces rocs fixés, et cela est leur sensibilité et leur crainte. En effet, elles s’effondreront devant la splendeur et la grandeur de leur Seigneur. Allah, leur Créateur et leur Façonneur, nous a informés de cette situation lorsqu’Il a dit que si Sa Parole descendait sur l’une d’entre elles, celle-ci s’affaisserait et se fendrait par crainte de Lui.
Par conséquent, comme il est étonnant de voir de la part d’un morceau de chair plus de dureté que de telles montagnes. Celui-ci écoute et entend les versets d’Allah qui lui sont récités, on lui rappelle le Seigneur (ﷻ) et pourtant, ni il ne s’adoucit, ni il ne craint et ni il ne revient repentant vers Lui. Ne trouve donc pas absurde et ne te méprends pas sur la sagesse d’Allah (ﷻ) d’avoir créé un feu qui le consumera s’il ne s’adoucit pas à Sa Parole, Son rappel, Ses injonctions et Ses exhortations.
En effet, quiconque n’adoucit pas son cœur au rappel d’Allah en ce bas monde, ne revient pas repentant vers Lui, ne fond pas d’amour pour Lui et ne pleure pas par crainte de Lui, alors qu’il se réjouisse un temps… car devant lui, se tient la plus grande des fonderies [i.e : le feu de l’Enfer] qui se chargera de lui. Sans aucun doute, il retournera vers Celui qui connait l’Invisible et le Visible, Celui qui voit tout et sait tout. »
Traduit par 'Issâ M. Petit
Source : « Miftâh Dâr as-Sa‘âda » (Vol : 2 / Pages : 84 à 89).