L’Islam et la préservation des besoins vitaux de l’existence
L’Islam est venu parachever les législations célestes qui l’ont précédé et le Messager de l’Islam est le sceau des Messagers et Prophètes venus avant lui. Le Prophète -paix et salut sur lui- dit : «Comparée à celle des Prophètes qui m’ont précédé, ma situation est pareille à celle d’un homme qui a bâti une maison, l’a embellie et parée, sauf qu’il a laissé vide la place d’une brique dans un angle. Les gens sont venus visiter cette maison, ils l’ont admirée et ont dit : Pourquoi n’as-tu pas posé cette brique manquante ? C’est moi qui suis cette brique et je suis le sceau des Prophètes.»[Al Boukhari (3/1300), Hadith N° 3342.]
L’Islam s’efforce, -comme l’ont fait les législations célestes antérieures- de produire et de protéger les éléments nécessaires à la vie de l’homme et à sa pérennité, nous allons donc passer en revue ses grandes priorités :
La préservation de la religion
Le Djihad a été prescrit en Islam dans le but de diffuser la religion d’Allah et de combattre toute personne qui se pose en obstacle à sa transmission, car c’est un message universel. Notons qu’il ne s’agit pas là d’un fait nouveau, mais que cela fait partie des principes approuvés par les législations célestes antérieures à l’Islam : les âmes humaines ne sont pas toutes semblables et le bien et le mal ont toujours coexisté depuis la création de l’univers. Le jihad fut donc prescrit en Islam, comme cela avait été le cas dans les religions antérieures, pour renverser l’autorité des tyrans qui asservissaient les hommes, et pour détourner les hommes du culte des créatures vers l’adoration du Seigneur des créatures et les faire passer de l’injustice des tyrans à la justice de l’Islam. Le jihad a aussi pour vocation de défendre et protéger le message d’Allah de la manœuvre des pervers. Une fois que le message a été transmis et patiemment expliqué, les gens sont libres de croire ou de ne pas croire, car l’Islam est un message universel destiné à tout le monde sans aucune exception et qui contient les meilleurs principes du bien et de la justice. Toutefois, le Djihad islamique ne vise pas à contraindre les gens à embrasser l’Islam ; c’est plutôt le devoir de transmission qui exige de combattre et de mettre hors d’état de nuire toute personne qui empêche que l’appel de vérité soit transmis à tout le monde. Allah dit : ( Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement)[Sourate 2, verset 256.].
Dans l’Islam, le combat a des normes ; on ne tue parmi les ennemis que ceux qui participent et aident au combat. Quant aux personnes âgées, aux enfants, aux femmes et aux malades, ils ne sont pas combattus ainsi que ceux qui soignent les malades, les blessés et les dévots qui se consacrent à l’adoration. On ne tue pas les blessés, on ne défigure pas les morts, on ne tue pas les animaux, on ne détruit pas les habitations, on ne pollue pas les cours d’eau et les puits, on n’achève pas le blessé et on ne poursuit pas le déserteur, car Allah I dit : (Certes, Allah n’aime pas les corrupteurs)[Sourate 28, verset 77.].
Le Prophète -paix et salut sur lui- dit aussi : « Combattez au nom d’Allah, dans le chemin d’Allah, celui qui ne croit pas en Allah, combattez et ne trahissez pas, ne mutilez pas et ne tuez pas d’enfants »[ Mouslim, Hadith N° 1731.].
Voici la recommandation qu’Abou Bakr As-Sidiq t, le premier Calife du Messager d’Allah , disait à ses armées lorsqu’il les envoyait au combat : “Arrêtez-vous un instant, je vous adresse dix recommandations que vous veillerez à garder à l’esprit :
« Ne trahissez pas, ne fraudez (pas sur le butin conquis), ne violez pas l’engagement pris, ne mutilez pas les morts, ne tuez ni enfant en bas âge, ni vieillard, ni femme ; ne coupez ni ne brûlez les palmiers, ne coupez aucun arbre fruitier ; n’égorgez ni brebis, ni vache ni chameau, sauf pour en manger. Vous verrez des gens reclus dans des ermitages, laissez-les tranquilles dans leur pratique ; et vous verrez aussi des gens qui vous présenteront des plats avec différents mets, lorsque vous en mangerez, évoquez dessus le nom d’Allah ; vous rencontrerez aussi des gens qui ont rasé le milieu de leur tête et laissé les cheveux tout autour comme des bandeaux -ce sont les combattants qui portent les sabres-, combattez-les durement avec vos sabres, élancez-vous au nom d’Allah. »
Les prisonniers ont des droits en Islam, ils ne doivent ni être torturés ni humiliés, ni mutilés ni privés de nourriture et de boisson jusqu’à la mort, car Allah I dit : (…et offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l’orphelin et au prisonnier, (disant) : “C’est pour le visage d’Allah que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude”)[Sourate 76, versets 8 et 9.].
Ensuite, l’Etat islamique peut les libérer en exigeant ou non une rançon, ou contre des prisonniers Musulmans, car Allah I dit : ( Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c’est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu’à ce que la guerre dépose ses fardeaux. ) [Sourate 47, verset 4.]
Quant aux vaincus, on ne doit ni porter atteinte à leur honneur, ni piller leurs biens, ni avilir leur personne, ni détruire leurs demeures, ni commettre aucun acte de vengeance ou de représailles à leur encontre, mais on doit au contraire être bienveillant à leur égard, ordonner le convenable et interdire le blâmable, leur rendre justice et respecter leurs croyances, car Allah I dit : ( Ceux qui, si Nous leur donnons la puissance sur terre, accomplissent la Salât, acquittent la Zakât, ordonnent le convenable et interdisent le blâmable. Cependant l’issue finale de toute chose appartient à Allah )[ Sourate 22, verset 41.]
On demande seulement, à ceux qui n’embrassent pas l’Islam et qui veulent conserver leur religion, de payer une somme insignifiante appelée “Djizya” en contrepartie de la protection de leur honneur, de leurs biens et de leurs personnes et afin qu’ils jouissent des mêmes droits que les Musulmans conquérants. Khalid ibn Al-Walid , dans un de ses traités, dit ceci : « J’ai signé avec vous un accord sur la Djizya et la protection. Si nous vous protégeons, nous avons droit à la Djizya ; sinon, vous ne nous devez rien jusqu’à ce que nous vous protégions. »[La Chronique de Al-Balazary.].
La preuve que l’Islam est la religion de miséricorde, de compassion et de justice est que la Djizya n’est pas exigée au pauvre, à l’enfant, à la femme, aux dévots, aux aveugles et aux infirmes. L’Islam est allé même plus loin en imposant à l’Etat islamique la protection et la prise en charge de ces catégories par le Trésor public islamique. Dans l’une des clauses du pacte que Khalid ibn Al-Walid signa avec les gens de Al-Haira, on lit ceci : « Toute personne âgée qui est incapable de travailler ou qui est victime d’une affection ou qui est devenue pauvre après avoir connu l’aisance au point de ne plus vivre que de la charité de ses coreligionnaires, n’est plus soumise à la Djizya et sera prise en charge ainsi que sa famille par le Trésor public islamique.”[Al-Kharadj De Abou Youssouf, P. 144] .
Nous avons un autre exemple avec Oumar ibn Al-Khattâb , l' Emir des Croyants et le deuxième calife du Messager d’Allah -paix et salut sur lui- , qui passa un jour près d’un vieillard Juif qui mendiait. Lorsqu’il s’enquit de son cas, on lui apprit qu’il faisait partie des gens soumis à la Djizya. Il dit alors : « Nous ne serions pas justes à ton égard, si après avoir perçu de toi la Djizya dans ta jeunesse, nous t’abandonnions dans ta vieillesse » ; puis, il le prit par la main, l’amena chez lui et lui donna de la nourriture et des vêtements, ensuite envoya ce message au directeur du Trésor public islamique : « Occupe-toi de cet homme et des gens qui sont dans une situation semblable et donne-leur ainsi qu’à leur famille une pension suffisante au nom du Trésor public islamique, car Allah a dit : ( Les Sadaqâts ne sont destinées qu’aux pauvres, aux indigents… ), les pauvres sont les Musulmans et les indigents sont les gens du Livre »[An-Nassa’i (7/82), Hadith N° 3986.].
La Préservation de la Vie
Aux yeux de l’Islam, la vie humaine est une chose précieuse, qui mérite d’être protégée. Le Prophète -paix et salut sur lui- dit : « J’en jure par Celui qui tient mon âme en Sa main, tuer un croyant est plus grave auprès d’Allah que la disparition de ce monde »[An-Nassa’i (7/82). Hadith N° 3986.].
L’Islam a protégé l’homme contre son semblable, en prescrivant la loi du talion et en ordonnant l’exécution du meurtrier, s’il s’agit d’un homicide volontaire et que les ayants droit de la victime ne renoncent pas à la plainte. Quant à l’homicide involontaire, la loi islamique prévoit l’acquittement du prix du sang (Diyya) et l’expiation (Kaffârah) qui consiste à affranchir un esclave, ou pour celui qui ne le peut pas, à jeûner deux mois consécutifs. Tout cela a pour but de préserver l’âme humaine, de protéger les hommes contre toute agression et de dissuader tout assassin potentiel de commettre un meurtre, car celui qui sait qu’il sera tué à son tour s’il commet un meurtre, se ravisera et épargnera la société de ses méfaits. Si l’on avait prévu pour le meurtrier une sanction autre que la peine capitale, la portée dissuasive aurait été bien moindre. Ce raisonnement est aussi valable pour toutes les autres peines légales en Islam qui ont un caractère avant tout dissuasif et sont de ce fait efficaces : elles n’ont été prescrites que dans le but de protéger l’homme et de garantir ses droits. Allah I dit : ( C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous la piété. ) [Sourate 2, verset 179.].
L’Islam ne se contente pas d’infliger ces peines terrestres : un châtiment terrible attend l’auteur d’un homicide volontaire dans l’au-delà, ainsi que la colère d’Allah, le Jour de la Résurrection. Allah I dit : ( Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. )[ Sourate 4, verset 93.]
L’Islam protège également l’homme contre lui-même et c’est dans cet esprit qu’il lui a prescrit les recommandations suivantes :
a) Il lui est interdit de s’exposer aux dangers, car l’âme n’est pas la propriété de l’individu, mais un dépôt que lui a confié Allah et qui ne doit être sacrifiée que dans Son chemin, c’est pourquoi l’Islam interdit à l’homme de se suicider, Allah I dit : ( Et ne vous tuez pas vous-mêmes, car Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous)[Sourate 4, verset 29.].
b) Il doit accorder à l’âme tous les droits qui lui sont consentis par la Charia et il n’est pas permis d’être injuste à son égard en la privant de ce qu’Allah lui a rendu licite, notamment la nourriture, la boisson, les vêtements et le mariage, car Allah dit : ( Dis : “Qui a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs ainsi que les bonnes nourritures ?”)[ Sourate 7, verset 32.]. Allah a réprimandé Son Messager Muhammad r qui s’était interdit la consommation du miel en ces termes: ( Ô Prophète ! Pourquoi t’interdis-tu ce qu’Allah t’a rendu licite? )[ Sourate 61, verset 1.].
Toutefois, le fait de jouir de bonnes choses et de satisfaire les droits légitimes doit se faire dans les limites prescrites par l’Islam : sans excès ni gaspillage ni arrogance, car Allah dit : ( Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il (Allah) n’aime pas ceux qui commettent des excès. )[Sourate 7, verset 31.]
En Islam, il n’est pas permis de négliger son corps, de le soumettre au supplice ou à la privation, même s’il s’agit d’actes de dévotion, car Allah dit : ( Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité)[Sourate 2, verset 286.].
Anas ibn Mâlik rapporte que trois personnages vinrent dans les demeures des femmes du Messager afin de s’informer des pratiques du culte du Messager . Quand on les eut renseignés, ils les trouvèrent peu nombreuses et dirent : « Toutefois, il y a cette différence entre nous et le Messager d’Allah , c’est qu’Allah a pardonné à celui-ci toutes ses fautes passées et futures. –Aussi moi, déclara l’un d’eux, je veux prier désormais toutes les nuits (et ne jamais dormir). –Moi, ajouta un autre, je veux jeûner toujours et ne jamais rompre le jeûne. –Quant à moi, s’écria le troisième, je veux me priver de femme et ne jamais me marier. » Survenant à ce moment, l’Envoyé d’Allah leur dit : « Comment, c’est vous qui dites telle et telle chose ? Mais moi, par Allah ! qui plus que vous, crains et révère Allah, je jeûne et j’interromps le jeûne, je prie et je dors, et j’ai épousé des femmes. Quiconque se détourne de la voie que j’ai tracée n’est pas des miens. »[ Al Boukhari (5/1949), Hadith 4746.].