C’est une structure administrative indépendante du pouvoir exécutif islamique. Elle est chargée de régler les conflits entre les individus, d’accorder à chacun son dû, de rendre justice, d’empêcher l’iniquité, de punir et réprimer les coupables par l’application des lois d’Allah. Pour assumer les fonctions de juge, on doit remplir un certain nombre de conditions dont les principales sont les suivantes :
- Être un adulte mature et jouir de ses facultés mentales.
- Être physiquement sain et capable, afin d’être apte à assumer les tâches et les difficultés de cette fonction.
- Avoir une bonne connaissance de la Législation Islamique, distinguant le permis de l’interdit et ce qui prête à équivoque et être capable d’établir les analogies et déduire les lois et apte à faire les fatwas tant sur le plan religieux que sur le plan civil.
- Être de bonne moralité, avec un noble caractère, et un bon comportement ; éviter les mauvais traits de caractère et avoir une personnalité affable qui rend plus facile l’acceptation des verdicts.
Toute personne, sans distinction de religion, de croyance et de classe, a le droit, dans la société islamique, de recourir à la justice en portant plainte lorsque son droit est bafoué.
Chacun des adversaires a droit à un traitement équitable devant le juge. Le Prophète -paix et salut sur lui- dit : « Quiconque est éprouvé en recevant la responsabilité de rendre justice parmi les Musulmans, doit être impartial envers eux dans son regard, ses gestes et sa position »[Al-Baïhaqi (10/135), Hadith N° 20245].
Il dit également à Ali quand il le nomma juge : « Allah guidera ton cœur et raffermira ta langue : lorsque les deux parties prendront place devant toi, n’émets la sentence que lorsque tu auras écouté la deuxième partie de la même manière que tu as écouté la première, car cela est plus à même de t’éclairer sur l’affaire » [Abû Dâwud (3/301), Hadith N3582.].
Dans l’Islam, on jouit de la présomption d’innocence jusqu’à ce que la culpabilité soit prouvée, ainsi le Prophète -paix et salut sur lui- dit : « Si on ne s’en tenait qu’aux plaintes des gens pour leur donner raison, certains réclameraient (injustement) le sang et les biens des autres, mais la preuve incombe au demandeur et le serment à l’accusé »[Al-Baïhaqi (10/252), Hadith N° 20989.].
Dans l’Islam, l’accusé a des droits : Son accusation ne signifie pas qu’il est désormais privé de ses droits : Il n’y a ni contrainte, ni torture, ni barbarie, ni terreur, ni brutalité pour obtenir l’aveu de l’accusé. Le Prophète -paix et salut sur lui- dit : « Allah torturera ceux qui torturent les gens sur terre »[Mouslim (4/2018), Hadith N° 2613.].
On rapporte également que Oumar ibn Al Khattâb a dit : « On ne doit pas se fier à ce que l’homme dit contre sa propre personne si tu le tortures, le terrifies ou l’incarcères pour obtenir ses aveux »[ Al-Kharadj de Abou Youssouf P. 175.]
Dans l’Islam, la responsabilité est individuelle : On ne saurait condamner un homme pour le délit commis par une autre personne ; il n’est pas permis d’étendre l’accusation ou la peine ou le préjudice aux proches et à la famille de la personne mise en cause, car Allah dit : ( Quiconque fait une bonne œuvre, c’est pour son bien. Et quiconque fait le mal, il le fait à ses dépens. Ton Seigneur, cependant, n’est point injuste envers les serviteurs )[Sourate 41, verset 46.].
Et le Prophète -paix et salut sur lui- dit aussi : « On ne doit pas imputer le délit d’une âme à une autre. »[An-Nassa’i (8/53), Hadith N° 4833.].
Rendre justice dans l’Islam a ses règles et principes. La lettre que le deuxième calife, l' Emir Prince des Croyants Oumar Ibn Al Khattâb t envoya à l’un de ses juges met bien en exergue l’importance que revêt ce domaine qui vise principalement à sauvegarder les droits des membres de sa société. En voici la teneur :
“Du serviteur d’Allah Oumar, l' Emir des Croyants, à Abdullah ibn Quaïs. Que la paix soit sur toi. La justice est une obligation sans équivoque et une voie à suivre. Sois perspicace lorsqu’une affaire t’est soumise, car il ne sert à rien de dire la vérité sans la mettre en application. Sois impartial vis-à-vis des gens dans ton assise et ton regard afin que le noble n’espère pas de toi une conduite injuste et que le faible ne désespère pas de ton équité. La preuve incombe à l’accusateur et le serment à celui qui nie. Le compromis entre les gens est permis sauf un compromis qui rend licite ce qui est interdit ou illicite ce qui est permis. Qu’une sentence que tu as émise auparavant ne t’empêche pas de revenir à la vérité si, après un examen de conscience tu te rends compte de la vérité, car rien ne peut remettre la vérité en question et sache que revenir vers la vérité est mieux que persister dans l’erreur. Essaye de comprendre ce qui résonne dans ton cœur lorsqu’il n’y a ni verset ni hadith à ce sujet, détermine les cas semblables et procède par analogie puis choisis ce qui plaît le plus à Allah et est plus proche de la vérité d’après ton appréciation. Accorde un délai à quiconque réclame un droit absent pour qu’il en apporte la preuve. S’il l’apporte, il prend son dû, sinon tu fais appliquer la loi. Les Musulmans sont intègres en ce qui concerne (l’acceptation de) leur témoignage, sauf celui qui a été flagellé en guise de peine légale ou celui qui est connu pour le faux témoignage ou celui qui est suspecté à cause de son alliance ou de sa parenté. Allah vous a épargné ce que recèlent les cœurs et vous a aidés avec les preuves. Évite le malaise, l’angoisse et le préjudice que tu peux causer aux parties dans des endroits de vérité auxquels Allah accorde la récompense et l’agrément, car celui dont le fond du cœur est en harmonie avec Allah, Allah arrangera ce qu’il y a entre lui et les gens”
Il y a vraiment beaucoup à dire sur la justice en Islam ; toutefois il y a des ouvrages de référence en la matière, celui qui veut en savoir davantage n’a donc qu’à s’y référer.