L’islam en Andalousie
En s’enracinant dans l’Occident, l’islam affirmait sa vocation universelle. Lors de l’apparition du christianisme parmi la plèbe et les esclaves de la ville, les auteurs latins demandèrent comment cette religion sémitique, intolérante et fanatique, pourrait s’intégrer dans le panthéon de Rome. En 850 beaucoup se posèrent une question similaire : L’islam est il compatible avec la civilisation occidentale et chrétienne ?
Non seulement l’Islam andalou se révéla compatible avec les valeurs de l’occident, mais il contribua à les élargir. Pour cette raison, Lévi-Provençal, l’un des orientalistes les plus savants, choisit l’expression ‘islam occidental’, dont il défendait la pertinence par des arguments irréfutables.
Questions d’ailleurs biaisée : le christianisme n’appartient pas non plus à l’Occident Gréco latin. Non sans raison, la noblesse Romaine y vit une menace pour l’Harmonie de la Cité, une atteinte aux vertus males qui avaient fait la grandeur de la République et de l’Empire. Pourquoi l’islam serait il plus étranger à l’occident que les deux autres ?
Les modes, les idées, les produits, les hommes eux même qui venus d’Irak ou de Syrie, débarquaient en Espagne, l’Andalousie les digérait, les assimilait.
Les Chrétiens ont leurs prêtres, leurs évêques, dont l’un négocie avec le calife au nom de la communauté : ils possèdent leurs églises, leurs couvents, leurs monastères.
De l’attitude conciliante des califes arabes, deux exemples, un pour chaque religion :
1-pour bâtir la grande mosquée de Cordoue, chef d’œuvre de l’architecture islamique, Rahman III exproprie les chrétiens qui possèdent une chapelle sur le terrain convoité. Le calife achète d’abord le terrain, au prix fort, il en offre ensuite un autre, gratuitement, compensation pour le moins généreuse, afin que les chrétiens puissent rebâtir leur église. Tout ne se passe pas toujours ainsi ? Assurément, mais cela se passe souvent ainsi, on a des centaines de témoignages, tant musulmans que chrétiens.
2-quel est le conseiller le plus écouté, le plus influent de la cour califal ? Il s’appel abu Yusuf Hasday ibn Saprut, il est juif, médecin de la cour. Il gère le commerce extérieur, conduit les négociations avec les ambassadeurs étrangers, rédige les traités.
On doit rappeler que l’arabe fut, pour les juifs, leur langue naturelle. On doit rappeler que tous les chefs d’œuvre rédigés au moyen âge par les juifs le furent en arabe, Maimonide compris.
Dictionnaire amoureux de l’Espagne.
Auteur : Michel Del Castillo (Académie de Belgique)