Ibnul Qayyim nous dit que pour parvenir à patienter face à une épreuve, il faut comprendre et garder à l’esprit un certain nombre de choses :
1 - Supporter l’épreuve est récompensé par Allâh.
2 - L’épreuve efface les péchés.
3 - Il faut concevoir l’épreuve comme un décret d’Allâh, une chose écrite, avant même la Création, dans la « Table gardée ». Ce décret doit se réaliser. Ainsi, se laisser aller à l’impatience et à l’énervement ne fait qu’augmenter l’épreuve, puisque à la difficulté de l’événement qui nous dérange s’ajoute la difficulté de la réaction d’énervement.
4 - Il ne faut pas oublier le droit d’Allâh sur nous dans cette épreuve. Il est de notre devoir de patienter, ou, selon un autre avis, de patienter et d’être satisfait de ce qui nous arrive. Il faut donc donner à Allâh Son droit, c’est-à-dire se soumettre à Lui dans l’épreuve.
5 - Il faut avoir conscience que cette épreuve, quelle que soit son intensité, est la conséquence d’un péché. Allah dit en effet dans la sourate 42, La Consultation, Ach-Chûrâ, au verset 30 : Ce qui vous touche comme épreuve vient des mauvaises actions que vous avez vous-mêmes faites. Il faut donc revenir à Allâh quand on subit une épreuve car la demande de pardon est le meilleur moyen de se voir délivré d’un malheur. Le grand compagnon et 4e calife ‘Aliyy ibnu Abî Tâlib, qu’Allâh soit satisfait de Lui, a dit : « Le malheur ne descend qu’à cause d’un péché et il n’est écarté que par le repentir. »
6 - Il faut garder à l’esprit qu’Allâh a jugé cette épreuve bonne pour nous, qu’Il l’a choisie et qu’Il nous l’a destinée. La soumission à Allâh, il faut en être sûr à chaque instant, comprend le fait d’être satisfait de ce qu’Allâh a jugé bon pour nous. À défaut d’atteindre ce stade de la satisfaction (ridhâ), il faut impérativement parvenir au stade de la patience, au minimum. Sinon, on tombe dans l’injustice envers Allâh et on en arrive à ne pas Lui donner Son droit.
7 - Il faut également garder à l’esprit que ce malheur est un remède efficace qu’Allâh, qui sait parfaitement où se situe notre intérêt, nous donne. Il faut donc accepter ce médicament et non pas le rejeter en refusant ce qui nous arrive et en ne patientant pas. Sinon, ce médicament ne nous sera d’aucune utilité.
8 - Il faut savoir aussi qu’il y a dans l’acceptation de ce médicament une guérison, une santé, et une disparition de la douleur que nous ne pourrions pas obtenir autrement. Si ce médicament nous semble amer, il faut regarder l’intérêt qu’il y a au final quand on l’accepte. Il faut toujours considérer d’abord son efficacité et son champ d’action. Allâh dit dans la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache, au verset 216 : Or il se peut que vous détestiez une chose, alors qu’elle est un bien pour vous ; et il se peut que vous aimiez une chose, alors qu’elle est un mal pour vous. Et Allâh sait, alors que vous ne savez pas. Il dit également dans ce verset 19 de la sourate 4, An-Nisâ, Les Femmes : Or il se peut que vous détestiez une chose alors qu’Allâh y a placé un grand bien pour vous.
9 - Il faut bien comprendre que le malheur qui nous touche n’est pas venu pour nous anéantir mais pour mettre à l’épreuve notre patience. Cela afin de voir si nous sommes dignes de rentrer dans le cercle des bien-aimés d’Allâh ou non. Si nous restons fermes dans l’épreuve et tenons bon, Allâh nous choisira et nous honorera et Il facilitera nos affaires. En revanche, si nous battons en retraite et nous éloignons d’Allâh, le malheur va s’accroître sans même que nous soyons conscients de son accroissement dans un premier temps. Mais petit à petit nous en arriverons à constater que l’épreuve qui nous a touchés aura débouché sur plusieurs autres malheurs. De la même manière, celui qui fait preuve de patience verra son épreuve déboucher sur de nombreux bienfaits.
10 - Enfin, il ne faut pas oublier qu’Allâh éduque Son serviteur dans l’aisance comme dans la difficulté, dans les bienfaits comme dans les épreuves, de manière à ce qu’il apprenne à se soumettre à Lui dans toutes les circonstances. Le vrai serviteur en effet est celui qui se soumet à Allâh quel que soit l’état dans lequel il se trouve. Quant à celui qui adore Allâh uniquement quand tout va bien pour lui, il ne fait pas partie de Ses serviteurs, qu’Il a choisis pour L’adorer. En réalité, si l’homme avait compris qu’il y a autant de bienfaits dans la difficulté que dans l’aisance, il occuperait son cœur à remercier Allâh et sa langue ne cesserait de répéter : « Allâhumma a’innî ‘alâ dhikrika wa chukrika wa husni ‘ibâdatik : Ô Allâh ! Aide-moi à me souvenir de Toi et à penser à Toi, à Te montrer ma reconnaissance, et à T’adorer de la meilleure façon possible. »
Ces 10 points sont autant de clés qui aident le croyant à patienter dans l’épreuve. Si nous les comprenons de manière profonde, la patience laissera place à la satisfaction, et à la reconnaissance, qui sont des degrés supérieurs. Et il ne peut y avoir de réussite sans l’aide d’Allâh.