On pourrait aisément retourner la question inverse à son expéditeur : Pourquoi fait-il la bise ? En effet, loin d’être une pratique universelle chez les non-musulmans, le fait de se faire la bise pour se saluer est plutôt propre à certaines cultures. Par exemple, les anglo-saxons, les mexicains et les espagnols se saluent par une accolade ; les asiatiques en s’inclinant plus ou moins légèrement, par un mouvement de la tête uniquement (en Chine) accompagné du buste (au Japon) ou avec les mains jointes (en Inde et en Thaïlande) et, parce que les façons de saluer à travers le monde sont tellement nuancées qu’on ne peut les énumérer toutes, concluons par celle des Inuit qui, pour se dire bonjour, se frottent le bout du nez. Bien évidemment, quiconque applique une salutation donnée à un endroit où elle n’est pas en vigueur se verra incompris et pourra même, le cas échéant, blesser ses interlocuteurs[1].
Ainsi, selon les cultures, certains gestes sont souhaitables, plus ou moins acceptables, voir proscrits.
L’islam étant une religion universelle, s’adressant à l’ensemble de l’humanité, n’a pas vocation à s’opposer aux cultures des peuples qui l’adoptent. Cependant, il donne à ces cultures un cadre leur permettant d’éviter les dérives de « la routine » par le biais de laquelle l’homme s’habitue à tout, même au pire. Cinquante ans en arrière, par exemple, il était impensable pour une personne saine d’esprit d’envisager d’exposer le corps d’une femme nue afin de vendre un produit laitier ou une voiture ; il en allait de même pour le droit au mariage des homosexuels, ne parlons pas de leur « droit » à adopter un enfant[2]. Les exemples concernant les choses impensables hier devenues communes aujourd’hui sont nombreux. Ainsi, l’habitude rend l’original banal. Fait qui n’a pas échappé aux publicitaires et autres rois du marketing qui nous mènent, lentement, surement, mais pratiquement toujours, vers ce à quoi ceux qui les paient aspirent.
Loin d’être devenu banal d’un point de vue islamique, le corps humain est, lorsque cette caractéristique n’a pas été altérée par une routine assassine, ce qu’il y a de plus noble. Et ce n’est pas par hasard que les musulmans posent, plusieurs fois chaque jour, le front sur le sol en guise de soumission à leur Créateur. Ce corps étant considéré vénérable dans son individualité, à fortiori, le contact entre deux corps étrangers, de sexes opposés et susceptibles de donner la vie se doit de l’être aussi. De ce fait, un cadre est nécessaire. Et il ne peut, pour être durable et profitable au plus grand nombre, être le fruit d’une simple habitude que personne ne questionne plus.
On peut classifier les rapports « hommes-femmes » en Islam en deux catégories : les rapports entre ceux qui peuvent se marier ensemble et ceux dont le mariage est interdit[3]. L’homme peut épouser la femme qu’il souhaite hormis celles qui lui sont interdites : sa mère, sa fille, sa sœur, ses tantes (maternelles et paternelles), sa nièce, sa mère de lait, sa sœur de lait, la mère de son épouse, la fille de son épouse (si celle-ci est née d’un premier mariage), la femme de son fils. De la même façon, la femme peut épouser l’homme qu’elle souhaite – parmi les musulmans - hormis ceux qui lui sont interdits : son père, son fils, son frère, son oncle (maternel et paternel), son neveu, son frère de lait, le père de son époux, le fils de son époux (si celui-ci est issu d’un premier mariage), le mari de sa fille.
Hormis les cas de force majeure (danger, urgences médicales, etc.), le contact physique entre deux personnes pouvant se marier est proscrit en dehors du mariage. Par « contact-physique » on entend non seulement le fait de se faire la bise mais aussi celui de se serrer la main. Ceci explique cela…
Ainsi, si vous avez des musulmans dans votre entourage, parmi vos proches ou dans votre famille et que vous ne figurez pas dans la liste ci-dessus, sachez que leur refus d’accomplir ces gestes à votre égard n’a rien à voir avec du mépris, du dédain ou de la négligence.
Il s’agit simplement d’une règle qui s’applique à tous, pour le bien-être du plus grand nombre.
22 Safar de l'Année hégirienne 1436
Twitter : @abou_Ahmad2013
________________
[1] A moins qu’il ne prenne les devants en expliquant courtoisement ce qui motive son geste avant qu’il n’ait lieu. Et c’est l’objectif de cet écrit.
[2] N’y voyez pas une attaque gratuite. Si l’ensemble des citoyens du monde devenaient homosexuels, il n’y aurait plus d’enfants. D’où notre questionnement quant à la légitimité de ce genre de revendications absurdes.
[3] L’énumération qui suit n’est pas un traité de jurisprudence. Pour plus de détails concernant les règles générales énoncées, revenez aux gens de science et à leurs écrits.
http://www.interactions-islam.com/2014/12/pourquoi-les-musulmans-ne-font-pas-la.html