Le musulman doit vivre dans la crainte de commettre un péché entraînant la colère d’Allâh, Exalté soit-Il. Parmi ces péchés, ce qu’il doit redouter plus que toute chose, ce dont il doit se protéger en premier lieu et rester éloigné de toutes ses forces c'est le polythéisme. Le fait d’associer qui ou quoi que ce soit à Allâh – Exalté soit-Il, dans ce qui Lui revient exclusivement.
En effet, le fait d’associer à Allâh – Exalté soit-Il, est le plus grand et le plus dangereux des péchés, la pire des injustices et le plus vil des crimes. C’est le péché qui n’est pas pardonné. C’est se faire une mauvaise idée au sujet du Seigneur de la création, commettre une injustice à l’encontre de Sa Seigneurie ainsi qu’un manquement concernant Sa Divinité. Le fait d’associer à Allâh – Exalté soit-Il, c’est considérer autre que Lui son semblable tout comme on rendrait comparable un misérable plein de carences au Riche et Immense par excellence. Le fait d’associer à Allâh – Exalté soit-Il, est certes un péché que nous devons craindre plus que tout. Et il existe des textes et des indications dans le livre d’Allâh et la tradition de Son prophète – que la prière et la bénédiction d’Allâh soient sur lui, qui, lorsque le serviteur les observe d’un regard attentionné, font naître en son cœur la crainte du polythéisme, le mettent en garde à ce sujet et l'incitent à s'en préserver.
Parmi ces textes, la parole d’Allâh – Exalté soit-Il, qui revient à deux endroits de la sourate « Les femmes » et dit : « Certes Allâh ne pardonne pas qu’on Lui associe quoi que ce soit. A part cela, Il pardonne à qui Il veut ».[Coran [4 :48]] Il est dit ici explicitement que quiconque rencontrera Allâh – Exalté soit-Il, en étant un associateur n’a rien à espérer de Sa miséricorde et que, bien au contraire, sa destination sera le feu de l’enfer ou il demeurera éternellement. Ni on ne l’y achèvera afin qu’il meure, ni on ne lui allégera la peine de son châtiment, comme l’a dit Allâh – Exalté soit-Il : « Et ceux qui ont mécru auront le feu de l’enfer : ni on ne les y achève afin qu’ils meurent, ni on ne leur allège de ses tourments. C’est ainsi que Nous récompensons tout négateur obstiné. Et là, ils hurleront : « Seigneur, fais-nous sortir afin que nous fassions le bien, contrairement à ce que nous faisions ». [Et il leur sera répondu] « Ne vous avons-Nous pas donné une vie assez longue pour que celui qui réfléchisse le fasse ? L’avertisseur, cependant, vous était venu. Et bien, goûtez (votre punition) ! Les injustes n’ont personne pour leur porter secours. ».[Coran [35 : 36/37]] Le jour de la résurrection, l’associateur demandera qu’on le ramène à nouveau sur terre afin qu’il y accomplisse le bien, mais sa requête ne sera pas acceptée. De même, il demandera que l’on mette fin à ses jours [afin d’abréger ses souffrances], mais en vain. Ou encore, il demandera qu’on lui allège son châtiment, ne serait-ce que le temps d’une journée, mais il n’aura aucune réponse allant dans ce sens. Au contraire, il demeurera éternellement dans le feu de l’enfer et, confirmant ceci, l’un des versets du Coran les plus durs au sujet des gens du feu, la parole d’Allâh – Exalté soit-Il, dans la sourate « La nouvelle » dit : « Goûtez-donc ! La seule chose que nous vous accorderons, c’est davantage de châtiment ! ».[Coran [78 : 30]]
Parmi ce qui suscite la crainte d’associer à Allâh – Exalté soit-Il, dans les cœurs croyants, il y a le fait de s’arrêter sur l’état des pieux, des prophètes rapprochés et quelle crainte ils éprouvaient à l’encontre de cet énorme péché. A ce sujet, il suffit que nous nous arrêtions sur l’invocation de l’imâm des monothéistes : Ibrâhîm, l’ami intime – sur lui la prière et le salut - celui-là même qu’Allâh - Exalté soit-Il a pris pour ami intime, qui a brisé les idoles de ses propres mains, appelé à vouer un culte exclusif à Allâh - Exalté soit-Il, et atteint, à ce sujet, un statut prestigieux. Il dit dans son invocation : « …Et préserve-moi ainsi que mes enfants de l’adoration des idoles. Ô mon Seigneur, elles ont égaré beaucoup de gens. Quiconque me suit est des miens. Quant à celui qui me désobéit… Tu es certes Pardonneur et Très Miséricordieux ».[Coran [14 : 35/36]] Observe l’imâm des monothéistes – que les prières d’Allâh et Ses salutations soient sur lui – invoquer Allâh – Exalté soit-Il afin qu’Il l’écarte, ainsi que ses enfants, de l’adoration des idoles. C'est-à-dire qu’Il les en éloigne de sorte qu’ils ne s’en approchent pas, ni ne tombent dans ce qui y mène ou en est le prétexte. Ibrâhîm At-Taymiyy – qu’ Allâh - Exalté soit-Il, lui fasse miséricorde - a lu ces versets puis a dit : « Qui est à l’abri de l’épreuve après Ibrâhîm ? ». En d’autres termes, si Ibrâhîm, l’ami privilégié – sur lui la paix – craignait le fait d’associer à Allâh – Exalté soit-Il au point de l’invoquer d’une telle invocation, qui est à l’abri de cette épreuve ?
Notre prophète, qu’Allâh prie sur lui et le salue, disait chaque jour, trois fois au début de sa journée et trois fois au début de sa soirée :
اللَّهُمَّ إِنِّـي أَعُوذُ بِكَ مِنَ الْكُفْرِ وَالْفَقْرِ وَعَذَابِ الْقَـبْـرِ
« Ô Allah! Je cherche protection auprès de Toi contre la mécréance, la pauvreté
et le châtiment de la tombe ».[1]
Il répétait cette invocation trois fois le matin et trois fois le soir.
Et, comme rapporté dans les deux recueils authentiques[2] et autres, il disait lors de ses invocations :
اللَّهُمَّ لَكَ أَسْلَمْتُ وَبِكَ آمَنْتُ وَعَلَيْكَ تَوَكَّلْتُ وَإِلَيْكَ أَنَبْتُ وَبِكَ خاَصَمْتُ
أَعُوذُ بِعِزَّتِكَ لا إِلَهَ إِلاَّ أَنْتَ أَنْ تُضِلَّني فَأَنْتَ الْحَيُّ الَّذِي لا يَمُوتُ وَالْجِنُّ وَالإِنْسُ يَمُوتُونَ
« Ô Allâh! C'est à Toi que je me suis soumis, en Toi que j'ai cru et en Toi que j'ai placé ma confiance, C'est vers Toi que je suis revenu repentant et en ton Nom que je me suis querellé.
Je cherche protection par Ta puissance - aucune divinité n'est digne d'être adorée à part Toi -
Contre le fait que Tu me laisses m'égarer. Tu es Le Vivant, Celui qui ne meurt pas
Tandis que les hommes et les jinns, eux, meurent ».[3]
Et les paroles rapportées du Prophète, qu’Allâh prie sur lui et le salue, allant dans ce sens sont nombreuses. Bien plus, la mère de Salama - qu'Allâh, Éxalté soit-Il l'agréé a dit : « L'invocation la plus répétée du prophète, qu’Allâh prie sur lui et le salue, était :
اللَّهُمَّ يَا مُصَرِّفَ الْقُلُوبِ، صَرِّفْ قُلُوبَنَا عَلَى طَاعَتِكَ
« Ô Allâh! Ô Toi qui modifies l'état des cœurs, dirige les nôtres vers Ton obéissance ».[4]
Elle dit : j'ai demandé : « Ô messager d'Allâh, les cœurs se retournent-ils? Il a répondu : « Oui, il n'est pas un cœur sans qu'il ne soit entre deux des doigts du Miséricordieux qui le retourne à sa guise. S'Il veut, Il le stabilise [dans la droiture] et s'Il veut, Il l'égare ».[5]
Et parmi les preuves à ce sujet, ce qui a été rapporté dans le mousnad (de l’imâm Ahmad] et d’autres [recueils de la tradition prophétique] sur le fait que le prophète, qu’Allâh prie sur lui et le salue, dit à ses compagnons – qu’Allâh les agréé : « Vraiment, la chose que je crains le plus pour vous est l’association mineure ». Ils l’ont alors questionné à son sujet et il à dit : « [Il s’agit de] l’ostentation ».[6]
Les savants ont dit : si le prophète craignait l’association mineure pour les compagnons – et ils sont qui ils sont dans l’obéissance et le fait de vouer un culte exclusif à Allâh – qu’en est-il de celui dont le statut est moindre et n’a pas atteint un dixième de leur niveau quant au tawhîd et à l’adoration ?
Bien plus, on trouve dans le livre Al-Adab Al-Moufrad [7] avec une chaîne de transmission considérée bonne en raison du grand nombre de récits allant dans ce sens que le prophète, qu’Allâh prie sur lui et le salue, a dit : « Le polythéisme est plus difficile à saisir pour vous que le mouvement d’une fourmi ! ». Certains compagnons ont répondu : « le polythéisme n’est-il pas, ô messager d’Allâh, le fait de considérer qu’Allâh a un égal alors qu’Il est Le Créateur ? ». Ce à quoi il a rétorqué, qu’Allâh prie sur lui et le salue : « Par Celui dans la main de qui se trouve mon âme, le polythéisme est plus difficile à saisir pour vous que le mouvement d’une fourmi ! Ne vous indiquerais-je pas une chose par le biais de laquelle, si vous la dites, Allâh ôtera de vous toute sorte de polythéisme, qu’elle soit petite ou grande ? ». Ils dirent : « Mais si ! Ô messager d’Allâh ! ». Il dit, dites :
اللَّهُمَّ إِنِّي أَعُوذُ بِكَ أَنْ أُشْرِكَ بِكَ وَأَنَا أَعْلَمُ وَأَسْتَغْفِرُكَ لِمَا لا أَعْلَمُ
« Ô Allâh, je cherche vraiment protection auprès de Toi contre le fait
De T’associer [qui ou quoi que ce soit] alors que j’en ai connaissance
Et je te demande pardon concernant ce que j’ignore ».[8]
Et cette invocation, il faut que nous la mémorisions et que nous prenions soin de ne pas la négliger.[9]
Parmi ce qui apporte la crainte de l’association, ce qui a été rapporté de source sûre dans de nombreuses paroles attribuées au prophète ou il informe que parmi la communauté se trouvent des gens qui reviendront à l’adoration des idoles. Et il est vraiment rapporté, à ce sujet, de nombreux récits.
Parmi ceux-ci, ce qui a été rapporté de source sûre dans le Sunan de abou Dâoud et d’autres [recueils] où le prophète dit : « L’heure n’aura pas lieu avant que des tribus de ma communauté ne rejoignent les associateurs, ni avant que des tribus de ma communauté n’adorent des idoles ».[10]
On trouve dans un autre hadîth qu’il à dit : « L’heure n’aura pas lieu avant que les femmes de Daws [11] ne s’agitent autour de Dhoul-Khalasa ».[12] C'est-à-dire, autour d’une idole [portant ce nom].
Et il a été rapporté de lui qu’il a dit : « Vous suivrez certainement les traditions de ceux qui étaient avant vous, empan pour empan, coudée pour coudée, au point que s’ils entraient dans l’antre d’un lézard, vous les y suivriez ».[13]
Tout ceci a été dit par le prophète, qu’Allâh prie sur lui et le salue, afin de conseiller la communauté et la mettre en garde contre cet énorme péché, ce crime désastreux. Qu’Allâh – Exalté soit-Il – nous en préserve tous.
[À suivre…]
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[1] An-Nassâ`î.
[2] Al-Boukhâry et Mouslim.
[3] Mouslim [2717]. Il existe une traduction du Sahih Mouslim (arabe/français) aux éditions Al-Hadîth en 6 volumes.
[4] La version de l’invocation est celle rapportée dans Sahih Mouslim [2654]
[5] Ibn abî Shayba, At-Tirmîdhî.
[6] Ahmad
[7] « L’éducation sans pareil ». Recueil de traditions prophétiques compilé par l’imâm Al-Boukhâry mais dont les conditions d’acceptation des récits ne sont pas celles qu’il a exigées pour son Sahih. Il en existe une traduction (arabe/français) aux éditions Sabil dont le titre est « La véritable éducation ».
[8] La traduction du récit vient du sens tel que rapporté dans l’article du Sheykh. L’invocation est celle du texte du Hadith. Ce dernier a été jugé bon par Al-Albânî.
[9] Cette recommandation vient de l’auteur du texte, pas du traducteur. Toutes les invocations ont été citées ici dans les deux langues afin que leur mémorisation soit accessible à chacun(e) d’entre-nous. Ibn ‘Ouyaynah – qu’Allâh lui fasse miséricorde - a dit : « La science qui ne t’es pas utile te nuit ! »[Hilyatou-l-Awliya` :7-277]
[10] Abou Dâoud ; At-Tirmidhy
[11] Tribu du Yémen.
[12] Al-Boukhâry [7116] ; Mouslim [2906]
[13] Al-Boukhâry [7320] ; Mouslim [2669]