Daesh sont des kharijites pour quatre raisons :
Ils jettent le discrédit sur les savants ;
Ils innovent une idée et l’imposent au reste de la communauté (ils sortent des enseignements de la religion) ;
Ils réservent des punitions sévères à tous ceux qui s’opposent à leur crédo allant de la mise en quarantaine jusqu’au meurtre en passant par la prison (ils sortent les musulmans de la religion), et par rapport à cela ;
Ils s’autorisent impunément à verser le sang de leurs coreligionnaires.
Explication
Jeter le discrédit sur les héritiers du Prophète
• ‘Alî ibn Abî Talib a dit : « La terre ne sera jamais dépourvue d’individus qui établissent la preuve céleste, pour ne donner aucune excuse aux hommes. »[1]
• Selon un hadîth : « Il y aura toujours une partie de ma communauté maintenue sur la vérité… »[2]
Or, il est caractéristique aux innovateurs de dénigrer les savants dans le but de prendre leur place, et, en général, de sortir tous leurs opposants de la religion.
Dans son livre Talbîs Iblîs, ibn el Jawzî évoque de quelle manière Satan a rusé avec les kharijites. Après avoir relaté certains épisodes de leur histoire, il a fait le constat suivant : « Notre intention est de porter l’attention sur les astuces et les malices qu’Iblis utilise afin d’égarer ce genre d’imbéciles, qui se sont aventurés dans ce genre d’impasse. Ils se mirent à croire dans un premier temps qu‘Alî ibn Abî Tâlib – qu'Allah honore son visage –[6] était dans l’erreur en comptant tous les muhâjirîns et les ansârs qui se trouvaient avec lui. En pensant qu’ils étaient sur la vérité, ils s’autorisèrent ensuite à verser le sang des enfants et à manger des fruits sans en donner le prix. »[7]
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya affirme : « Bon nombre d’innovateurs à l’instar des kharijites, râfidhîtes,qadarites, jahmites, mumaththilites (assimilateurs) ont des croyances erronées qu’ils s’imaginent correspondre à la vérité, tout en considérant comme mécréant quiconque s’opposent à celles-ci. »[8] Il a dit également : « Les « hérétiques » ont la particularité d’innover des tendances qu’ils considèrent comme les obligations de la religion, voir comme faisant partie intégrante de la foi ; ils taxent de mécréance et légitiment le sang de toute personne qui n’y adhère pas comme c’est le cas pour les kharijites, lesjahmites, les râfidhîtes, les mu’tazilites, etc. À l’inverse, les traditionalistes n’innovent pas de nouvelles idées et ne condamnent pas d’apostasie ceux qui commettent une erreur d’interprétation ou qui sont en désaccord avec eux, bien qu’eux-mêmes se permettent de les condamner d’apostasie et de légitimer leur sang. Les Compagnons n’ont pas sorti les kharijites de la religion bien que ces derniers ont taxé d’apostasie ‘Uthmân, ‘Ali et tous ceux qui ont reconnu leur autorité (ou qui s’en font les alliés ndt.), et bien qu’ils aient légitimé de verser le sang des musulmans. »[9]
« L’une des pratiques les plus ignobles, c’est de voir les ignorants taxer les savants musulmans d’apostats. Une telle pratique vient à l’origine des kharijites et des râfidhîtes qui condamnaient les responsables musulmans d’apostats. »[10] Ce n’est pas étonnant que l’Imam ibn Bâz n’ait pas échappé à leur vindicte, bien que ce soit plutôt une bonne nouvelle, car, comme le souligne ibn Abî Hâtim : « Les signes distinctifs d’ahl el bida’ (les innovateurs ndt.), c’est de dire du mal d’ahl el athar (les traditionalistes ndt.). »[11]
Au cours des lignes où il réfute el Bakrî, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya fait le constat suivant : « La voie empruntée par cet homme et tous ceux qui lui ressemblent, est celle des innovateurs qui sont imprégnés à la fois de l’ignorance et de l’injustice. Dans un premier temps, ils innovent une chose allant à l’encontre des Textes du Coran, de la sunna, et du consensus. Ensuite, ils traitent d’apostats tous ceux qui s’opposent à leur innovation.
Quant aux traditionalistes, imprégnés par la foi et la connaissance, ils sont motivés par la science, la justice, et la compassion à l’égard des autres. Ils connaissent la vérité qui leur permet de se conformer au Coran et à la sunna et de les préserver de la bid’a, mais ils sont justes à l’encontre de leurs opposants et ils ne font nullement preuve d’injustice à leur égard. »[12]
« Les kharijites kaffar la jamâ’a (les traditionalistes ou les musulmans, ou peut-être les Compagnons ndt.), comme les mu’atazilites et les râfidhites kaffar leurs opposants : au meilleur des cas, ils les considèrent comme des pervers (tafsîq). Ainsi, les gens des passions innovent une tendance et vouent à l’apostasie tous ceux qui s’y opposent. Quant aux traditionalistes, ils suivent la vérité de leur Seigneur qui leur est venu du Messager (r). Ils ne kaffar par leurs opposants ; ils sont les plus savants des hommes, et sont les plus cléments envers les hommes. »[13]
Ibn el ‘Abbâs l’avait bien compris, lui qui fit remarquer aux insurgés de Nahrawân qu’il n’y avait aucun Compagnon dans leurs rangs ![14]
‘Amr ibn ‘Ubaïd et Wâsil ibn ‘Atâ se moquaient d’el Hasan el Basrî et d’ibn Sirîn en résumant leur savoir dans un tissu de menstrues à jeter. Un grand leader hérétique, qui préférait le kalâm au figh assurait sans vergogne que toute la science de Shâfi’î et d’Abû Hanîfa ne dépassait pas le pantalon des femmes.[15]
Cette caractéristique est propre aux râfidhites et aux innovateurs en général
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous fait le constat suivant : « Les râfidhîtes taxent de mécréance Abû Bakr, ‘Omar, ‘Uthmân, la majeure partie des muhâjirins (émigrés mecquois) et des ansârs (auxiliaires médinois), et leurs fidèles successeurs, alors qu’Allah les agrée et qu’à leur tour ils L’agréent. Ils ont ainsi sorti de la religion la plupart des adeptes de la communauté de Mohammed parmi les premières et les dernières générations. Ils considèrent comme non musulmane toute personne convaincue qu’Abû Bakr, ‘Omar, lesmuhâjirins et les ansârs sont crédibles et justes, qui les agréent comme Allah les a agréés, ou qui leur implore le pardon d’Allah comme Lui-même a demandé de le faire. ainsi, ils « excommunient » les grandes autorités de la religion musulmane à l’exemple de Sa’îd ibn el Musaïb, Abû Muslim el Khawlânî, Uwaïs el Qurnî, ‘Ata ibn Abî Rabâh, et Ibrahim e-Nakha’î. Il en est de même concernant Mâlik, el Awzâ’î, Abû Hanîfa, Hammâd ibn Zaïd, Hammâd ibn Salama, e-Thawrî, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, Fudhaïl ibn ‘Iyâdh, e-Sulaïmân e-Dârânî, Ma’rûf el Karkhî, el Junaïd ibn Mohammed, Sahl ibn ‘Abd Allah e-Tusturî, etc.
Ils estiment notamment que ces gens-là sont plus mécréants que les juifs et les chrétiens, car il est plus grave d’avoir renoncé à sa religion que de n’y être jamais entré ; à l’unanimité des savants en effet l’apostat est plus condamnable que le mécréant d’origine. »[16]
Tous les innovateurs voient l’épée
La prochaine étape consiste à verser le sang des musulmans.
Abû Qilâba est l’auteur de paroles extraordinaires : « Tout groupe qui innove une innovation voit obligatoirement l’épée. »[17]
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit à ce sujet : « À l’origine de leur égarement, nous pouvons constater que, dans un premier temps, ils sont convaincus que les grandes références de la religion et la communauté musulmane ne sont plus crédibles en raison de leur injustice. Ils les voient comme des égarés. Cette vision est caractéristique à tous les opposants à la sunna, parmi notamment les râfidhites. La deuxième étape consiste à faire passer ce qu’ils voient être de l’injustice pour de la mécréance. Puis, par rapport à ce statut, ils mettent en pratique certains principes qu’ils ont innovés. Voici les trois étapes par lesquelles passent ceux qui sortent de la religion (mâriqîn) parmi les harûrites et les râfidhites. »[18]
_____________
[1] Rapporté par Abû Na’îm dans el huliya (1/80).
[2] Rapporté par Muslim (1920).
[3] Hadîth rapporté par Ahmed (21715), Abû Dâwûd (3641), ibn Mâja (2234), et e-Tirmidhî (2682), selon Abû Dardâ (t).
[4] Hadîth rapporté par Ahmed (12600), selon Anas (t).
[5] Rapporté par el Bukhârî (100) et Muslim (2673), selon ‘Abd Allah ibn ‘Amr ibn el ‘Âs.
[6] Cette formule héritée des shiites et employée à chaque fois que le nom du Khalife ‘Ali –qu'Allah lui fasse miséricorde – est évoqué est contestable pour deux raisons ; la première est qu’ils revendiquent que ce noble compagnon, dont le visage ne s’est jamais prosterné devant une idole, mérite tous les honneurs. Nous leur concevons certes cette particularité, mais il n’est pas le seul à s’en être doté. Bien que cela n’enlève rien à son mérite, des personnes plus prestigieuses que lui à l’image d’Abû Bakr et de ‘Uthmân, ne l’ont jamais fait non plus. La deuxième raison, c’est qu’ils évoquent cette formule lorsqu’ils entendent son nom uniquement. Pour la raison que nous avons déjà évoquée, nous ne pouvons leur concéder cette particularité, surtout si nous considérons, et cela pourrait servir de troisième raison, que les anciens n’ont jamais eu recours à ce genre de formule ni pour ‘Ali ni pour quiconque ! (N. du T.)
[7] Talbîs Iblîs (p. 131).
[8] Majmû’ el fatâwâ (13/466, 467).
[9] Minhâj e-sunna (5/95), voir certains passages importants des paroles de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya allant dans ce sens, dans Majmû’ el Fatâwâ (19/73-75), Minhâj e-Sunna (5/158 et 239, 240), e-Rad ‘ala el Bakrî (2/487-490).
[10] Majmû’ el fatâwa (35/100).
[11] Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna d’e-Lâlakâî (1/179). Quand bien même ibn Bâz se serait trompé sur certaines de ses opinions, la bonne marche à suivre consiste à montrer les erreurs sans forcément condamner d’apostat leur auteur.
[12] E-rad ‘alâ el Bakrî (2/487-490).
[13] Minhâj e-sunna (5/158).
[14] Rapporté par el Hâkim dans el mustadrak (2/150), et el Baïhaqî dans el kubrâ (8/309).
[15] El i’tisâm de Shâtibî (2/726).
[16] Majmû’ el fatâwâ (28/477, 478).
[17] Rapporté par ‘Abd e-Razzâq dans el musannif (10/151), et e-Lâlakâî Sharh usûl i’tiqâd ahl e-sunna(1/134).
[18] Majmû’ el fatâwâ (28/497).