Jeudi 24 Safar 1438 AH Médine,
[Jeudi 24 Novembre 2016 AG] Arabie Saoudite
Au nom d’Allah,
Le Très-Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux,
Gloire et louange à Allah, Seigneur des Mondes. Que la paix et la bénédiction soient sur notre Prophète Mohammed, sa famille et ses Compagnons.
As-Salâm ‘Alaykûm Wa RahmatuLlah Wa Barakatuh,
Chères sœurs, chers frères,
Il y a quelques jours, j’ai envoyé un mail à la plupart d’entre vous afin de vous informer d’une de mes dernières traductions parue. Dans ce mail, je vous faisais part de certaines remarques personnelles générales. En effet, après avoir feuilleté quelques pages de cette « traduction éditée », celle-ci m’avait laissé perplexe. Dans les lignes qui vont suivre, j’ai décidé de clarifier certaines choses et d’exposer ma position vis-à-vis de cette « traduction éditée » qui ne correspond pas, en de nombreux points, à la version finale de ma traduction qui a été envoyée aux éditions Ibn Hazm.
Au cours de l’année 2013, j’ai décidé de traduire le livre de Mustapha As-Sibâ’î, intitulé en arabe : « Min Rawâ’i Hadâratinâ ». Pour mener à bien ce projet, je suis personnellement entré en contact avec Muhammad As-Sibâ’î, le fils de Mustaphâ As-Sibâ’î - à la fois par téléphone et courrier électronique - afin d’obtenir son autorisation personnelle pour pouvoir traduire, imprimer et éditer cette traduction aux éditions Sabil. Celui-ci a gracieusement et positivement répondu à notre demande.
Le 04 Jumadâ I de l’an 1435 - correspondant au 20 mars 2014 - j’ai achevé la traduction de ce livre dans laquelle figuraient de nombreuses annotations personnelles sous forme de « notes de bas de pages » constituées de biographies, de définitions, d’explications, et autres significations mais aussi de diverses annexes situées en fin d’ouvrage qui regroupaient des cartes, des chronologies, des index, des repères synoptiques et même un glossaire étymologique.
Avant impression de la traduction, nous - les éditions Sabil et moi-même - avons contacté les éditions Sana en vue de sa future distribution. Les problèmes ont alors commencé… En effet, des relations unissaient les éditions Ibn Hazm et les éditions Sana. Mis au courant, le responsable des éditions Ibn Hazm a revendiqué avoir les droits exclusifs concernant toute traduction en français de l’œuvre littéraire de Mustaphâ As-Sibâ’î. Un conflit s’est alors produit étant donné que j’avais eu une autorisation directe de son propre fils. De longues et nombreuses discussions s’en sont suivies afin de solutionner le problème… Finalement, nous n’avons pas eu gain de cause et seules les éditions Ibn Hazm pouvaient éditer le livre. Je me suis trouvé dans un dilemme : ou cette traduction était éditée, à contrecœur, avec les éditions Ibn Hazm… ou elle restait à jamais dans un fichier de mon ordinateur sans voir le jour. Mon désir était de voir aboutir ce projet dans lequel je m’étais investi corps et biens. Après avoir accompli la prière de consultation et demandé conseil à des proches, j’ai décidé de céder financièrement ma traduction aux éditions Ibn Hazm sans aucune annotation personnelle car le responsable d’Ibn Hazm ne désirait que la traduction du « texte brut ». Toutefois, par responsabilité envers la parole de notre Messager (r), j’ai laissé tout ce qui concernait les sources des hadiths ainsi que leur vérification, de même qu’une dizaine de notes explicatives nécessaires.
Après cela, je n’ai plus eu aucune nouvelle des éditions Ibn Hazm concernant l’impression et l’édition de cette traduction ou d’une quelconque date de parution : aucun contact pour des clarifications sur ma traduction, aucune information sur une quelconque correction ou révision effectuée, aucune demande de relecture finale, aucun envoi avant impression finale, etc. J’ai fini par penser qu’elle ne sortirait plus étant donné le conflit qui nous avait opposé.
Finalement, presque 2 ans et demi plus tard après son achèvement, je découvre que le livre de Mustaphâ As-Sibâ’î vient enfin de sortir en librairies. Je décide alors de me procurer un exemplaire afin de voir le résultat final de cette traduction, et surtout de la relire après parution, comme à mon habitude.
La première chose qui m’a interpellé est de ne pas voir la mention : « Correction et Révision de… » comme cela est le cas de la plupart de mes traductions.
Après avoir ouvert le livre et commencé à le feuilleter, je découvre des ajouts (liens internet en préface), des changements (vocabulaire différent), des modifications (syntaxe différente), des rectifications (concordance des temps), etc. Et surtout, je constate, ici et là de très nombreuses fautes grammaticales et lexicales, de multiples rajouts et inversions de sujets inadéquats, une ponctuation parfois inappropriée, etc.
Ce n’était que le début de la partie visible de l’iceberg… J’ai alors décidé de passer au peigne fin « cette traduction éditée » en la comparant avec mon fichier personnel.
Je vais être honnête avec vous, je n’ai pas pu aller au-delà de la 50ème page tellement mon cœur se serrait, ma poitrine m’oppressait et une colère sourde montait en moi au fur et à mesure que je lisais chaque page. En fait, j’étais partagé entre de la colère et une profonde tristesse.
Quelle déception et quelle désillusion ! Il n’y avait quasiment pas une page sans faute…
Sur les 50 premières pages, c’est simple : je n’en ai relevé que…deux, voire trois.
Et le livre fait…242 pages !
Correcteur est un métier à part entière avec ses codes, ses normes et ses règles. La personne qui a corrigé ma traduction a modifié celle-ci dans les trois composantes qui conditionnent toute traduction, à savoir : maîtrise de la langue source, maîtrise de la langue seconde, fidélité au texte traduit, tant sur le fond que sur la forme, ainsi que sa compréhension.
En outre, cette personne n’a pas eu la décence d’écrire son nom - afin que je puisse entrer en contact avec elle - malgré l’immense responsabilité d’une telle tâche qui consiste non seulement à retranscrire fidèlement les propos d’une personne de science mais aussi de respecter le travail accompli d’un modeste traducteur en vue d’une diffusion pour le grand public.
Je ne vais pas faire ici la liste de la dénaturation de ma traduction et le recensement de toutes les fautes que contient celle-ci. Sachez seulement qu’il y en a à foison…
En arabe, on dit : الاشارات تغني اللبيب عن العبارات
Je ne vais donc pas rentrer dans une critique détaillée et m’étaler car là n’est pas mon objectif ni mon propos. Je vais seulement me contenter de pointer 5 erreurs parmi toutes celles contenues. Elles sont à la fois flagrantes et significatives, et cela sera amplement suffisant :
- Page 17 : En 1950, il fut nommé professeur de droit à l’université de Damas <http://fr.cyclopaedia.net/wiki/Universite-de-Damas> où il y enseigna de nombreuses années.
Fichier original : En 1950, il fut nommé professeur de droit à l’université de Damas où il y enseigna de nombreuses années.
- Page 23 : En effet, depuis un certain temps déjà, un long conflit opposait l’Eglise à la science, et la science est sortie finalement vainqueuse, triomphant ainsi de l’Eglise.
Fichier original : En effet, depuis un certain temps déjà, un long conflit opposait l’Eglise à la Science dont la Science sortit finalement vainqueur et triompha de l’Eglise.
- Page 43 : La notion de civilisation regroupe quatre éléments principaux : des ressources économiques, des systèmes politiques, des traditions morales, et le poursuivi de la science et des arts.
Fichier original : La notion de civilisation regroupe quatre éléments principaux : des ressources économiques, des systèmes politiques, des traditions morales, et la science et les arts.
- Page 49 : Quant à ceux qui sont jugés, ainsi que leur civilisation, ils sont maintenant en position de faiblesse [et d’infériorité] et sont sur le point de se faire piller leurs ressources naturelles par ces « Mantis »
Fichier original : Quant à ceux qui sont jugés, ainsi que leur civilisation, ils sont maintenant en position de faiblesse [et d’infériorité] et sont sur le point de se faire piller leurs ressources naturelles par ces « nantis »
- Page 76 : Nous vûmes, au loin, à un moment, un feu allumé. ‘Umar (t) dit : « J’aperçois trois voyageurs qui ont fait halte pour se reposer car la nuit est tombée et qu’il fait froid. Allons donc les voir ! » Puis nous partîmes à leur rencontre japercûmes une femme avec deux enfants en bas-âge.
Fichier original : Nous vîmes, au loin, un feu allumé alors ‘Umar (t) a dit : « J’aperçois trois voyageurs qui ont fait halte pour se reposer car la nuit est tombée et qu’il fait froid. Allons les voir ! » Alors, nous partîmes à leur rencontre jusqu’à les atteindre. Là, nous avons aperçu une femme avec deux enfants en bas-âge.
Même le correcteur automatique intégré dans le logiciel WORD souligne ces erreurs grossières !
Je vais aussi vous épargner les dizaines, voire centaines d’inversion et de rajout du sujet à tort et à travers. Il y en a quasiment à toutes les pages de manière totalement aléatoire et erronée. En voici quelques-unes à titre d’exemple :
- Toutefois, existe-t-il des mouvements cycliques… (au lieu de : Toutefois, il existe…)
- Un point important que le lecteur pourra-t-il… (au lieu de : … que le lecteur pourra…)
- D’autres annexes ont-elles vu le jour… (au lieu de : D’autres annexes ont vu le jour…)
- Plutôt, cela provient-il d’un environnement… (au lieu de : Plutôt, cela provient d’un…)
- Cette civilisation s’est-elle trouvée forcée.. (au lieu de : Cette civilisation s’est trouvée..)
- Peut-il lire la Bible avant de se coucher… (au lieu de : Il peut lire la Bible…)
C’est ainsi tout au long du livre…jusqu’à la dernière page (Chaque lion était-il enchaîné…) !
Et je passe encore bien d’autres aberrations ou contresens.
Vous l’aurez compris, je ne reconnais pas mon travail dans ce livre édité. Ceci n’est pas MA traduction dans sa version finale avant impression. Mon travail a été complètement dénaturé, déprécié et dévalorisé. J’ai personnellement contacté et écrit à Muhammad Sibâ’î et Al Qusaybatî - le responsable des éditions Ibn Hazm - pour leur faire part de mes remarques, exprimer mon ressenti et me désolidariser de cette traduction. A ce jour, aucun d’eux ne m’a répondu...
Par conséquent : Je ne conseille pas, je n’encourage pas et je ne recommande pas l’achat de cette traduction.
A mes sœurs et frères francophones et francophiles : n’achetez pas, ne lisez pas cette traduction.
A mes sœurs et frères blogueurs et webmaster : informez et propagez cette clarification.
A mes frères libraires et distributeurs : ne distribuez pas et ne vendez pas cette traduction.
A mes frères prédicateurs : ne conseillez pas la lecture de cette traduction auprès de votre public.
Pour conclure, et après mûre réflexion, j’ai décidé de compiler l’ensemble de toutes mes annotations personnelles dont j’avais estimé qu’elles pourraient éclairer le lecteur, éveiller sa curiosité et agrémenter l’ouvrage de Sibâ’î. Ensuite, l’idée m’est venue d’agencer l’ensemble de ce modeste travail sous forme d’un livre autour de la civilisation arabo-musulmane. Bien évidemment, je suis parfaitement conscient de l’effort incomplet et du résultat imparfait de celui-ci. Voilà pourquoi, je l’ai sobrement intitulé : « Eléments de civilisation Arabo-Musulmane du VIIe siècle au XVIIe siècle. » Puisse cet ouvrage voir prochainement le jour.
Qu’Allah me pardonne mes erreurs et qu’Il me couvre de Sa vaste miséricorde. Qu’Il fasse miséricorde à nos savants et nos enseignants, nos mères et nos pères, nos sœurs et nos frères, à tous musulmans et toutes musulmanes, croyants et croyantes, vivant(e)s ou décédé(e)s, en Orient comme en Occident.
Ô Allah ! Gloire et louange à Toi, je témoigne qu’il n’y a aucune divinité - digne d’adoration - en dehors de Toi. J’implore Ton pardon et je me repens à Toi.
Et Allah sait mieux. Wa Salam Alaykum.
Votre frère en Allah : Michel - ‘Issa - Petit (Abû Ilyès).