En tant que parent, faire aimer la prière à son enfant est une préoccupation majeure.
Evidemment, nous rêvons tous de voir notre mini muslim s'arracher de son sommeil en pleine nuit sans difficultés, ou d’avoir le soucis de bien s’en acquitter en temps et en heure sans avoir besoin d’être constamment derrière lui.
C’est un don d’Allah que malheureusement peu de gens connaissent et ceci pour bien des raisons…
Toutes les louanges appartiennent à Allah et que la paix et le salut soient sur son noble Prophète.
La prière est la colonne vertébrale de notre religion, le lien entre le serviteur et son Seigneur. Elle préserve le serviteur du péché et de la turpitude. Elle est pour lui une lumière. Elle est pour lui, s’il la préserve, un argument au jour du jugement. Elle est le facteur déterminant la réussite du serviteur dans l’au-delà.
Il convient donc de donner la plus grande importance à l’apprentissage de ses règles et de ses sagesses, à sa pratique et à sa transmission à notre progéniture.
« Et commande à ta famille la Ṣalāt, et fais-la avec persévérance. » (Sourate Taha, Verset 132)
« Et mentionne Ismaël, dans le Livre. Il était fidèle à ses promesses ; et c’était un Messager et un Prophète. Et il commandait à sa famille la prière et la Zakāt ; et il était agréé auprès de son Seigneur. » (Sourate Mariam, Versets 54-55)
Nul doute, que la législation islamique renferme tous ce dont l’être humain a besoin pour réussir, dans tous les aspects de sa vie ainsi que dans l’au-delà. Il n’y a pas une chose qui nous rapproche d’Allah et de son Paradis sans qu’elle nous ait été transmise par le Prophète . Et il n’y a pas une chose qui nous éloigne d’Allah et nous rapproche de l’enfer sans qu’il nous ait mis en garde contre celle-ci.
« Aujourd'hui, J'ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J'agrée l'Islam comme religion pour vous. » (Sourate Al Maidah, Verset 3)
L’Islam nous a donc parfaitement clarifié la voie à suivre dans l’enseignement de la prière à nos enfants. Malgré cela, l’attachement de nos enfants et de nos jeunes à cette adoration reste limité et notre transmission est trop souvent marquée par l’échec.
Cela peut s’expliquer par différentes causes :
Certains n’apprennent tout simplement pas à leurs enfants à prier.
Certains ignorent la façon correcte d’enseigner la prière aux enfants. Or un médecin ignorant le remède ne peut pas traiter la maladie.
D’autres connaissent la façon de faire mais ne s’y prennent pas forcément de la bonne manière.
Cet article a donc pour objectif de répondre à ces différentes problématiques en proposant des solutions pratiques, et ainsi faciliter aux parents cette noble mission pour, par la permission d’Allah, obtenir des enfants dont le cœur est attaché à la prière.
1.) Les freins
1) Des parents qui ne prient pas
Il m’est arrivé de voir certains parents amener leur enfant à la mosquée pour suivre des cours d’apprentissage du Coran ou de langue arabe, puis à la fin du cours les attendre à l’extérieur sans même rentrer pour y prier, alors que la fin du cours coïncidait avec l’heure du dohor. L’enfant voit les hommes s’aligner pour la prière mais ne voit pas son père entrer dans le rang pour s’incliner avec ceux qui s’inclinent.
« Et accomplissez la Salat, et acquittez la Zakat, et inclinez-vous avec ceux qui s'inclinent. » (Sourate Al Baqara, Verset 43)
Certains parents ne donnent malheureusement aucune importance à la prière. L’enfant observe et apprend. Ensuite lorsque ses parents lui demandent de commencer à prier il n’a pas l’envie et se dit : « mes parents s’en passent bien, pourquoi en aurais-je besoin ?? »
Les enfants peuvent être profondément marqués par ces contradictions : « Fait ce que je te dis, mais ne fais pas ce que je fais ». Convaincre nos enfants d’une chose dont nous ne sommes-nous même pas convaincu, est-ce raisonnable ?
« Puis leur succédèrent des générations qui délaissèrent la prière et suivirent leurs passions. Ils se trouveront en perdition. » (Sourate Mariam, verset 59)
2) La négligence dans la l'accomplissement de la prière
Certains enfants héritent leur négligence de leurs parents. Parfois, l’enfant possède une motivation et une envie d’accomplir la prière mais il se voit freiné, voire découragé par ses parents. L’exemple typique est celui de l’école. L’enfant doit s’organiser pour faire les ablutions et trouver un endroit pour prier, ou doit même rater des cours pour prier le joumou3a une fois pubère. Mais s’il en parle à ses parents, au lieu de trouver un soutien et un encouragement, ces derniers lui disent : « Ce n’est pas grave tu rattraperas tes prières le soir » et s’il insiste un peu, on lui dit : « Tu veux te faire virer de l’école ?? ». Et c’est ainsi que l’on fait pénétrer la crainte de la créature dans le cœur de notre enfant, et qu’on lui fait oublier le regard du Créateur. N’eût-il pas été préférable de lui dire : « Demande à Allah de te faciliter cela. Je suis fier de voir que tu te soucies de ta prière. Sache qu’Allah nous a créé pour nous éprouver et c’est normal que parfois des difficultés te touchent. Allah veut par cela voir si tu es sincère et patient dans son obéissance. Mais ne t’inquiète pas, celui qui craint Allah, Allah lui donne toujours une issue favorable. »
Une autre forme de négligence réside dans le fait de retarder sa prière. L’enfant voit ses parents prier le Sobh une fois réveillé, après que son temps soit sorti depuis plusieurs heures. Le soir, il les voit rattraper plusieurs prières sans distinguer le temps de chacune d’entre elles. Comment la prière peut-elle devenir pour lui une priorité ?
3) Une protection exagérée de l'enfant
D’autres les protègent de manière exagérée, de telle sorte qu’aucune contrainte ne touche leur enfant. Quand la prière du ‘Icha est tard on leur dit : « Va dormir mon enfant, tu as cours demain, Allah va te pardonner ». Lorsque la prière du Sobh est tôt, on leur dit : « Prie lorsque tu te réveilles sinon tu seras fatigué à l’école. »
Quels sacrifices, un enfant éduqué de la sorte sera-t-il prêt à faire pour préserver sa religion ? Comment pourra-t-il affronter les difficultés de la vie s’il n’est pas forgé depuis son plus jeune âge ?
Il convient donc d’apprendre à l’enfant qu’il a été créé pour une vie de luttes et d’épreuves, et qu’il doit s’armer de patience pour gagner le Paradis.
Méditez le conseil de Loqman à son fils :
« Ô mon enfant accomplis la Ṣalāt, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t’arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise ! » (Sourate Loqman, Verset 17)
Ibn Al Qayyim dit dans son célèbre ouvrage « les préceptes islamiques relatifs au nouveau-né » : « Il doit également le mettre à l'abri de la paresse, du désagrément, de la facilité et de l'oisiveté et plutôt l'habituer à adopter une attitude opposée. Il ne lui procure le repos que parce qu'il va continuellement l'occuper physiquement et mentalement. La paresse et le désœuvrement ont des conséquences fâcheuses et entraînent des regrets amers, tandis que l'effort et la peine ont des conséquences louables, soit ici-bas, soit dans l'au-delà, soit dans les deux réunis. Le plus oisif sera le plus fatigué et vice-versa. La suprématie ici-bas et le bonheur dans l'au-delà ne s'acquièrent qu'après un rude effort. Yahya Ibn Kathir a dit : " On n'acquiert pas la connaissance par l'indolence".
On doit aussi l'habituer à se lever (pour prier) dans la dernière partie de la nuit, car c'est à cette heure que se fait le partage des butins et la distribution des prix. Il y en a qui ont une petite part, certains une grande et d'autres en sont totalement privés. S'il prend cette habitude étant petit, il lui sera facile une fois devenu adulte. »
2.) La voie à suivre
1) Les dou3as
La guidée est entre les mains d’Allah. Allah dit dans un hadith Qoudsi :
« Ô Mes serviteurs, vous êtes tous dans l’égarement à l’exception de ceux que J’ai guidé. Demandez-Moi donc de vous guider et Je le ferai. » Rapporté par Muslim
Il convient donc de persévérer dans les dou3as en demandant à Allah de nous accorder une descendance pieuse. Et ceci est la voie des hommes possédant les meilleures qualités, transmettant la meilleure éducation : Les Prophètes.
« Et (rappelle-toi) quand Ibrahim dit: «Ô mon Seigneur, fais de cette cité un lieu sûr, et préserve-moi ainsi que mes enfants de l’adoration des idoles. (…) Ô mon Seigneur! Fais que j’accomplisse assidûment la Ṣalāt ainsi qu’une partie de ma descendance; exauce ma prière, ô notre Seigneur! (Sourate Ibrahim, verset 35-40)
« Alors, Zacharia pria son Seigneur, et dit: «Ô mon Seigneur, donne-moi, venant de Toi, une excellente descendance. Car Tu es Celui qui entend les prières» (Sourate Al Imran, verset 38)
Pourquoi invoque-t-on Allah ? Comment l’invoquer ? Nous l’invoquons car nous sommes faibles et que la mission est longue et difficile. Nous l’invoquons car nous sommes convaincus que sans son assistance nous ne pourrons pas réussir. Tout éducateur passe par des moments difficiles, des déceptions, des remises en question, et sans l’aide d’Allah il se sent incapable de réussir.
Attention de penser que vous êtes capable d’y arriver par vous-même, grâce à vos qualités ou votre intelligence. Au moindre résultat positif, remerciez Allah et ayez la certitude qu’il s’agit uniquement d’un bienfait qu’il vous a accordé.
« Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d’Allah. » (Sourate Les Abeilles, Verset 53)
2) L'apprentissage à partir de 7 ans ?
Le Prophète a dit: « Ordonnez la prière à vos enfants lorsqu'ils ont 7 ans, et corrigez les s’ils la négligent à 10 ans, et séparez les dans les lits ». Rapporté par Abou Daoud
Avant 7 ans, il ne convient pas de demander à l’enfant de prier. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne doit pas apprendre à prier ou à connaitre l’importance de la prière. Cela signifie simplement, qu’avant 7 ans, l’apprentissage de la prière est implicite et informel. Il apprend tout simplement en observant ses parents. En 7 ans, il aura vu ses parents prier plus de 12 000 fois !! Y a-t-il un meilleur moyen de lui faire comprendre que la prière fait partie de sa vie ?
A partir de 7 ans, il convient de l’inviter à l’accomplissement de la prière sans le forcer.
Cet apprentissage dure donc 3 années et nécessite de l’endurance et de la persévérance, car donner de bonnes habitudes à l’enfant n’est pas une mince affaire, mais avec le temps il l’adoptera tout comme il acquiert les bonnes manières.
Certains enfants n’aiment pas se brosser les dents ou prendre leur douche tout seul. Il faut sans cesse être derrière eux afin de leur rappeler ces règles d’hygiène, puis tout naturellement, avec le temps, ils intègrent cette habitude qui ne leur pose plus le moindre problème.
3.) Trucs et astuces
1) Insistez sur le fond pas sur la forme
Certains parents sont très à cheval sur l’aspect extérieur de la prière. L’enfant ne doit pas bouger, il doit coller ses pieds et faire des mouvements parfaitement rectilignes.
La Prière a un corps et une âme. Le corps correspond aux gestes et paroles de la prière tandis que l’âme de la prière correspond à la concentration, l’humilité et à la sincérité.
Le corps s’acquiert très rapidement. D’ailleurs même les hypocrites au temps du Prophète possédaient cette partie de la prière. Mais le plus important et le plus difficile à acquérir est l’âme de la prière, qui consiste à se lever devant Allah plein de crainte, d’humiliation et de vénération.
Attachez son cœur à Allah, et faites-lui comprendre que la prière est un besoin vital pour lui. Dites-lui qu’au cours de la prière il a le privilège de parler avec Allah, le Seigneur de l’univers, qui l’a créé ainsi que tout ce qui l’entoure. Dites-lui que la prière était la chose la plus aimée par le Prophète dans ce bas monde. Dites-lui que la prosternation est le moment où l’on est le plus proche d’Allah, et qu’il doit donc en profiter pour Lui demander ce qu’il désire.
Abdullah Ibn Abbâs a dit : « Alors que j’étais [assis sur un âne] derrière le Prophète , il me dit : « Ô mon garçon ! Je vais t’enseigner quelques paroles : « Respecte [les prescriptions d’Allah], Allah te préservera, respecte [les prescriptions d’Allah] et tu Le trouveras devant toi. Si tu demandes quelque chose, demande-le à Allah. Lorsque tu implores le secours, implore-le d’Allah. » Rapporté par At-Tirmidhi
Exemple : Vous devez aller faire une course pour acheter quelque chose qui tient à cœur à votre enfant. Avant de sortir, demandez à votre enfant d’accomplir la salat avec vous et de demander à Allah dans ses soujouds qu’Il lui permette de trouver cette chose qui lui tient à cœur dans le magasin où vous comptez-vous rendre.
2) Aimez la prière pour que votre enfant l’aime à son tour
L'enfant doit ressentir que ses parents accomplissent la prière avec plaisir et enthousiasme. Il serait destructeur que l'enfant observe ses parents accomplir la prière avec fainéantise et indolence, comme-ci cela représentait pour eux un lourd fardeau.
« Et lorsqu’ils se lèvent pour la Ṣalāt, ils se lèvent avec paresse et par ostentation envers les gens. A peine invoquent-ils Allah. » (Sourate An-Nisa, Verset 142)
Il incombe donc aux parents d'éduquer leur propre âme afin de faire de la prière un plaisir et un besoin indispensable à leur bien-être. L'enfant est intelligent, et le parent ne peut pas jouer la comédie en lui faisant croire qu'il l'accomplit avec plaisir alors qu'au fond c’est loin d’être le cas. De plus cette comédie ne durera pas dans le temps.
Ce qui serait encore plus formidable, c'est que l'enfant remarque un changement d'état de la part du parent entre l'avant prière et l’après prière. Ainsi l’enfant constate par lui-même les effets de la prière et ses bénéfices.
Exemple : Le parent était en colère avant la salat, et retrouve le sourire juste après, où éprouve une sérénité et joie perceptible par l'enfant. Ou encore un parent de mauvaise humeur, s’étant emporté un peu trop vite sur son enfant, l’enlace et l’embrasse après la prière en lui demandant des excuses et en lui expliquant les raisons de sa colère.
3) Organisez son emploi du temps en fonction des prières
Cela a un grand impact sur l’enfant et lui apprendra à intégrer l’importance du temps des prières dans la vie du croyant, et à organiser son temps pour les respecter. Vous pouvez par exemple lui faire un planning hebdomadaire intégrant l’heure des prières et le coller sur votre réfrigérateur. N’oubliez pas de l’adapter aux saisons en le mettant à jour régulièrement.
4) Attachez la prière à des moments qu'il apprécie
Exemple 1 : Placer une pause dans ses révisions ou ses devoirs au moment de l’entrée d’une prière. Cette pause débutant par l’accomplissement de la prière. Ainsi il associera la prière au repos ou à la balade avec Abi pour aller à la mosquée.
Exemple 2 : La prière du ‘icha précède l’histoire lue par Abi ou Oummi avant de se coucher.
Exemple 3 : La prière du ‘Asr précède le goûter en famille.
5) Ne coupez jamais une activité qu'il aime avec la prière
Faire en sorte que les moments de détente et de loisirs ne soient pas trop proches de l’entrée d’une prière pour pas qu’il ressente une frustration à l’idée de quitter cette activité pour accomplir la prière. Au contraire, faites en sorte que ce type d’activité débute juste après une prière, pour qu’il trouve cette envie d’accomplir la prière avant de se rendre à son activité.
6) Donnez-lui la responsabilité de vous prévenir lorsque le temps de la prière entre
Les enfants aiment qu’on leur confie des responsabilités. Il se sentira investi d’une mission et donnera le meilleur de lui-même pour l’accomplir du mieux possible. Dites-lui : « Habibi, j’ai besoin que tu m’aides à me rappeler de la prière afin qu’Allah soit content de moi ! ». Par exemple, lorsque vous faites la sieste, demandez-lui de vous réveiller 20 minutes avant l’entrée de la prière pour vous préparer à aller à la mosquée.
7) Achetez-lui la panoplie du parfait prieur
A force de voir Abi enfiler son qamis et Oummi revêtir son hijab, l’enfant comprend dès son plus jeune âge que ses parents se préparent pour la prière, que c’est un rituel précédé d’une préparation, qui se fait dans de propres et beaux vêtements.
Tout naturellement, il aura envie de faire comme Abi et Oummi. Achetez-lui donc un joli petit qamis ou un petit hijab, accompagné de son tapis de prière qu’il ou elle aura choisi. Cela le motivera à se préparer pour la prière et à s’installer à coté de vous pour prier. Proposez-lui en prime un petit musk, une chachia et un siwak ;).
Pour lui rappeler l’ordre des actes de la prière ou des ablutions, achetez-lui aussi les posters explicatifs à coller dans sa chambre. Vous les trouverez facilement en librairie musulmane.
8) Attachez son cœur aux mosquées
Un des moyens est de lui trouver des enfants de son âge qui fréquentent la mosquée afin qu’il associe ce lieu d’adoration à un endroit dans lequel il retrouve des gens qu’il aime et apprécie.
Vous pouvez également lui proposer d’aller, avant ou après la mosquée, dans un endroit qu’il apprécie pour l’habituer progressivement à aller régulièrement à la mosquée. Faites en sorte qu’il passe un bon moment avec vous pendant ces allers-retours à la mosquée, afin d’associer ce lieu sacré à un moment de joie et de bien-être. Vous pouvez par exemple lui raconter une histoire en chemin ou faire la course, ou lui proposer de venir avec vous en vélo ou en trottinette.
9) Demandez-lui de guider des prières
L’enfant observe Abi guider la prière à la maison. Le plus souvent l’enfant s’installe à côté de l’imam et récite avec lui. Proposez-leur de guider des prières à tour de rôle avec leurs frères et sœurs et assistez celui qui fait l’imam en cas de besoin en lui soufflant ce qu’il doit dire. Ceci va les amuser et sera très efficace pour leur apprendre les gestes et les paroles de la prière.
10) Évitez le chantage
Nous avons cité l’importance d’attacher le cœur de l’enfant à son créateur. Une erreur répandue consiste à attacher le cœur de l’enfant à un bien mondain pour lui faire accomplir la Salat. Ceci à travers le chantage du type : « Si tu pries je t’achètes cela ou je te donnes telle somme d’argent. » ou « Si tu pris on ira au parc ». Vous risquez de corrompre son intention et de faire naître en lui la convoitise et l’avidité.
Le but est de faire en sorte d’instaurer un amour réel pour la Salat et qu’il ne la fasse ni pour les cadeaux, ni pour vous faire plaisir, ni pour qu’on le laisse tranquille.
Mais il n’y a pas de mal à récompenser son enfant, à posteriori, par une petite surprise occasionnelle après l’accomplissement d’une prière, sans que cela ne soit une habitude ou une règle, et en l’affiliant toujours à Allah.
Exemple : J’étais fier de toi lorsque je t’ai vu accomplir la prière et Allah m’a donné l’envie de t’offrir un cadeau !!
11) Faites de votre maison un lieu de prière
Nous avions parlé dans un précédent article de l'importance de créer un environnement sain dans votre foyer pour en faire un lieu propice à l'adoration. Nous y avions précisé les moyens pour construire un foyer béni (cliquez ici pour le consulter).
« Et Nous révélâmes à Moïse et à son frère : «Prenez pour votre peuple des maisons en Égypte, faites de vos maisons un lieu de prière et soyez assidus dans la prière. Et fais la bonne annonce aux croyants». » (Sourate Younous, verset 87)
Ceci est une éducation silencieuse qui aura un impact fort sur l’enfant et qui le préparera au mieux à la phase d’apprentissage formelle une fois arrivé à 7 ans.
Ibn-'Abbâs a dit : "Comme je passai la nuit chez ma tante maternelle Maïmouna, le Prophète se leva pendant la nuit et fit la prière. Je me levais pour prier avec lui et me plaçais à sa gauche ; il me prit par la tête et me fit passer à sa droite." Rapporté par Al Boukhari
Ibn Abbas, alors encore enfant, imita le Prophète , sans que ce dernier ne le lui demande, et se mit à prier la nuit. Imaginez-vous l’effet sur votre enfant, s’il vous voyait prier la nuit ? Cela vaut toutes les exhortations que vous pourriez lui adresser et aurait certainement plus d’effet.
12) Racontez-lui des histoires illustrant la place de la prière chez les Pieux Prédécesseurs
Cela permettra à vos enfants de s’identifier à ces modèles. Si depuis le plus jeune âge vous lui lisez des histoires des héros de l’Islam (voir notre précèdent article sur l'importance de la lecture) et que son cœur s’est lié à ces derniers, essayez de lui trouver des anecdotes autour de la prière, de personnages qu’il apprécie particulièrement.
Exemple 1: Le Compagnon 3abbad ibn Bichr. Il s’agit du célèbre compagnon, qui au cours d’un voyage avec le Prophète , pria durant la nuit, alors qu’il montait la garde autour du campement des musulmans. Un polythéiste ayant suivi les musulmans, l’aperçut en prière, en profita pour lui lancer plusieurs flèches. 3abbad, complètement emporté par sa prière et la lecture du Coran, retira les flèches les unes après les autres sans interrompre son adoration. Lorsqu’il fut exténué il tomba et réveilla 3ammar ibn Yassir qui dormait à côté de lui. Ce dernier le voyant dans cet état lui demanda pourquoi il ne l’avait pas réveillé avant. Il lui avoua qu’il était dans une sourate qu’il n’avait pas envie de couper, et que si ce n’était la peur de trahir la responsabilité que le Prophète lui avait confié, il aurait poursuivi sa prière !
Exemple 2 : Sa3id ibn Al Mousaiib (Un des plus grands tabi3i) ne rata aucune prière en commun à la mosquée durant 40 ans. De plus toutes ces prières furent effectuées au premier rang !
Exemple 3 : Ali ibn Al Hussain (surnommé Zain al 3abidine), petit fils du célèbre compagnon Ali ibn Abi Talib, priait un jour chez lui lorsqu’un incendie se déclara. Les membres de sa famille l’interpelèrent, mais celui-ci resta imperturbable. Une fois l’incendie maitrisé, ils l’interrogèrent sur son indifférence face à cet incendie. Il répondit : « j’étais préoccupé par le feu de l’enfer ».
Exemple 4 : Hatim al Asam fut interrogé sur sa façon d’accomplir la prière. Il répondit : "J'effectue les Ablutions avec soin, puis je me rend au lieu de prière dans le recueillement et la gravité. Je prononce le takbir avec vénération, je récite le Coran d'une voix harmonieuse, je m'incline avec révérence, je me prosterne humblement, je me représente le Paradis à ma droite, l'Enfer à ma gauche, le Chemin sous mes pieds, la Ka'aba face à moi, l'ange de la mort au-dessus de ma tête, mes péchés autour de moi, le regard d'Allah fixé sur moi. Je considère que c'est ma dernière prière et je m'efforce d'y mettre la dévotion la plus sincère, puis je prononce la salutation finale sans savoir si Allah acceptera ma prière ou la refusera".
13) Priez à l'heure où que vous soyez !
En voyage, dans un parc, à l’aéroport…Votre enfant intégrera l’importance de prier à l’heure. Profitez-en pour lui expliquer qu’où que l’on soit, nous devons prier à l’heure et qu’Allah nous a facilité la tâche en faisant de la Terre entière un lieu de prière.
Selon Jâbir Ibn 'Abdillâh, le Prophète a dit : « La terre [toute entière] a été rendue pour moi [et ma communauté] purificatrice et lieu de prière. Quand c'est l'heure de la prière, priez où que vous soyez. » Rapporté par Al Boukhâri et Muslim
Certains parents n’osent pas prier à l’extérieur et craignent de se faire voir. Cette crainte les pousse même à sortir la prière de son temps. L’enfant voyant ses parents rattraper la prière une fois rentré à la maison intègre cette habitude. En plus de négliger le temps des prières, vous laissez passer une belle occasion de montrer à vos enfants l’importance qu’occupe la prière et l’amour que vous lui portez, au point de l’accomplir où que vous soyez.
Vous pouvez illustrer l’importance de l’heure de la prière à votre enfant en lui parlant de la prière de la peur. Il s’agit de la prière que le Prophète accomplissait en temps de guerre. Même lorsque l’ennemi était aux aguets, le Prophète accomplissait la prière à l’heure. Qu’en est-il donc de nos excuses pour retarder la prière ?
14) Inscrivez-le dans une école musulmane
Une structure musulmane est le meilleur endroit pour retrouver des enfants de son âge partageant les mêmes centres d’intérêts que lui. Qu’ils s’agissent d’une école ou d’un centre islamique, assurez-vous que les enfants y font la prière en groupe. Cela permettra à votre enfant de s’initier à la prière en commun, mais surtout de voir des enfants de son âge prier comme lui. Cela renforcera son besoin d’appartenance et le raffermira par la permission d’Allah.
Mon épouse me rapporte parfois sa joie et son émotion de voir de jeunes enfants, lors de goûter organisés, interrompre spontanément leurs jeux les plus distrayants, pour aller faire l’oudhou et accomplir leur prière, dirigée par l’enfant chez qui le goûter a été organisé. Ce dernier prend, non sans une pointe de fierté son rôle d’imam très à cœur ! Et le reste de la troupe reste concentré et renforcé par cet esprit d’appartenance…
15) Allez-y progressivement !
La prière est une lourde obligation. Un enfant de 7 ans ne peut pas assumer du jour au lendemain 5 prières quotidiennes avec tout ce que cela implique comme organisation, purification et autres. C'est d'ailleurs pour cela que les 3 premières années sont destinées à l'apprentissage progressif sans forcer et sans imposer. À vous donc d'inviter votre enfant progressivement à prier en commençant par une prière par jour. Quelques mois plus tard, lorsque la première est parfaitement intégrée introduisez la 2ème, puis la 3ème, jusqu'à ce qu'il parvienne à accomplir les 5 prières quotidiennes. Adaptez-les au rythme de votre enfant en ayant pour objectif qu'à 10 ans, les 5 prières soient acquises.
Tout ce qui a été cité dans cet article n’est qu’un ensemble de causes qui ne peuvent être efficaces que par la permission d'Allah. Vous pouvez après tous ces efforts ne pas obtenir les résultats escomptés, comme ce fut le cas du Prophète Noh (3alaihi assalam), qui fut éprouvé par un enfant mécréant qui refusa de se soumettre à Allah. On comprend donc que la réussite ne provient que d'Allah.
À nous cependant de fournir les efforts nécessaires pour ne pas laisser nos enfants orphelins.
لَيْسَ اليَتِيمُ مَنِ انْتَهَى أَبَوَاهُ مِنْ هَمِّ الحَيَاةِ وَخَلَّفَاهُ ذَلِيلًا
إِنَّ اليَتِيمَ هُوَ الَّذِي تَلْقَى لَهُ أُمًّا تَخَلَّتْ أَوْ أَبًا مَشْغُولًا
L’orphelin est plutôt celui qui est entouré
Ont quitté ce monde et l’ont laissé humilié
L’orphelin est plutôt celui qui est entouré
D’une mère négligente ou d’un père occupé
Il nous incombe uniquement d'œuvrer et les résultats ne dépendent que d'Allah. Si vous faites tout cela, et que les résultats ne sont pas au rendez-vous, sachez que votre responsabilité auprès d'Allah sera hors de cause et qu'il s'agit d'une épreuve par laquelle Allah souhaite vous purifier ou vous élever en degré.
Comme dans chaque épreuve, il faudra s’armer de patience, sans forcer l’enfant par tous les moyens, mais plutôt beaucoup invoquer et continuer les exhortations avec sagesse et diplomatie.
Qu'Allah nous accorde ainsi qu'à notre progéniture l'amour de la prière et son accomplissement de la meilleure des manières. Amin !!
Abou Ibrahim
source : https://www.madrassanimee.com/