[1] Hadith rapporté par Muslim.
Ce que le jeûne m’apprend
بسم الله الرحمن الرحيم
Le jeûne m'apprend que je dois faire jeûner ma langue aussi en l'empêchant de proférer des paroles grossières, des insultes et à fortiori des anathèmes (maudire les gens -la`n-, les excommunier -takfîr-, les taxer d'innovation -tabdî`-, les qualifier de pervers -tafsîq-).
Le jeûne m'apprend à adapter mes activités mondaines à mes activités spirituelles et non l'inverse.
Le jeûne m'apprend ceci : au lieu de chercher dans ma religion les prétextes qui justifient ma faiblesse face aux tentations et aux interdits, je dois en puiser les forces spirituelles qui me permettent d'y résister et qui résident dans le jeûne, la prière et d'autres rites.
Le jeûne m'apprend le sens de l'organisation et que la vie tant spirituelle que matérielle nécessite pour son bon déroulement un programme.
Le jeûne est un excellent programme pratique de sensibilisation à la souffrance des pauvres. Il m'apprend à être compatissant envers les pauvres, les sinistrés, les orphelins, etc.
Le jeûne m’apprend le vrai sens de la liberté. Il m’initie à me libérer des attaches terrestres. Il me rappelle que je suis un serviteur d’Allah, le Créateur des cieux et de la terre, et un serviteur d’Allah est trop libre et trop éminent pour accepter d’entrer dans le moule du consumérisme, ou dans le moule du sectarisme, ou dans le moule de l’extrémisme, ou dans tout autre moule fabriqué dans les laboratoires des élites mondialistes ou ailleurs.
Le jeûne m'apprend à être optimiste quant à l'unité de ma communauté. En effet, quand je vois que, partout dans le monde, les membres de ma communauté jeûnent un même mois, s'abstiennent de manger et de boire à l'aube et rompent leur jeûne au coucher du soleil, perpétuent la sunna de la prière dite tarâwîh, ainsi que d'autres rites qu'ils célèbrent en commun, cela ravive en moi l'espoir qu'ils se mettent d'accord sur d'autres points.
Le jeûne me rappelle la supériorité d'Allah sur toutes les idoles terrestres, que cette idole s'appelle le nouvel ordre mondial, la laïcité ou autre. Aucune divinité n'est capable de donner un ordre d'abstinence aussi rigoureux que le jeûne et de voir ensuite son ordre observé intérieurement et extérieurement par des milliards d'adeptes depuis quatorze siècles (depuis l'envoi du Prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم) jusqu'aujourd'hui, les jeûneurs se comptaient par milliards et non seulement par millions).
Le jeûne me fournit une preuve évidente de la prophétie de Muhammad (صلى الله عليه وسلم). Par un simple ordre sortant de sa bouche aux fins fonds du désert d'Arabie, la communauté musulmane qui est en perpétuelle augmentation et expansion, ne cesse de s'y soumettre génération après génération.
Le jeûne m'apprend que ma religion est consistante, large et profonde. Elle n'est pas une religion lacunaire et creuse qui se réduit à un exercice spirituel de quelques minutes, ou à un recueillement d'une heure par semaine ou par mois, ou à un rassemblement annuel d'une foule en extase, mais c'est une religion qui embrasse la vie entière du musulman et qui est riche en rites, en préceptes et en prescriptions. Rien que pour le jeûne, nous détenons un corpus immense de hadiths prophétiques, de lois, de règles de bienséances, de fatwas, de recherches et d'études.
Le jeûne m'apprend que ma religion est une religion de pureté et de propreté. En effet, le jeûne a la propriété de débarrasser le corps de toxines et la propriété de dépouiller l'âme des mauvaises vertus.
Le jeûne m'apprend que la foi ne se réduit pas à un assentiment du cœur ou à une conviction intérieure comme prétendent les laïques et malheureusement la secte des murjiites de notre communauté. La foi consiste à croire, à dire, à agir et à influer sur le cours des évènements. Le jeûne est un article de la foi qui en fournit un bel exemple.
Le jeûne m'apprend que ma religion est belle. Le jeûne a certes un côté esthétique qui se voit à travers la belle ambiance spirituelle qui règne au mois de ramadan, mais il recèle un côté esthétique plus sublime et plus profond encore, c'est qu'il s'agit d'un secret entre l'homme et son Seigneur car on ne peut pas distinguer la personne qui observe le jeûne de celle qui ne l’observe pas.
A propos du côté esthétique du jeûne, le jeûne est une adoration inhérente au for intérieur du jeûneur dans laquelle il se dépouille de tout profit personnel. Se passer de la nourriture et de la boisson est une qualité de perfection d'Allah. Or, en jeûnant, et donc en s'abstenant de manger, de boire et d'avoir des rapports sexuels, le musulman se rapproche d'Allah par une œuvre qui émane de cet attribut de perfection divine. Et puisque cette œuvre est secrète et rappelle l'exemption d'Allah de tout attribut d'imperfection, Allah -exalté soit-Il- lui a réservé une récompense qu'on ne cesse de contempler et dont on ne peut sonder la profondeur ; Le Prophète e a dit en effet : « Toutes les œuvres du fils d’Adam voient se multiplier la valeur de leur récompense. La bonne action est en effet payée par dix à sept cent fois sa valeur. Allah -Puissant et Majestueux- a dit : « Sauf le jeûne qui est à Moi et c’est Moi qui en fixe la rétribution. Le jeûneur renonce à ses désirs charnels et à sa nourriture pour Moi ». Le jeûneur, [ajouta le Prophète e], connaît deux moments de joie : lors de la rupture du jeûne et lors de la rencontre avec son Seigneur. L’haleine du jeûneur est plus agréable à Allah que l’odeur du musc ».[1]
Le jeûne m’apprend à m’élever au degré de la perfection/bienfaisance -ihsân- que notre prophète bien-aimé a définie de la manière suivante : « Que tu adores Allah comme si tu Le voyais. Et si tu ne Le vois pas, Lui te voit »[2]. En effet, le jeûneur sent qu'Allah observe son aspect extérieur et sa réalité intérieure.
Le jeûne m'apprend à aimer mon Seigneur. En jeûnant, je me livre à une adoration secrète entre moi et Allah, je renonce à mes désirs dans le but de plaire à Allah.
Le jeûne m'apprend à ne pas me montrer supérieur aux pécheurs de notre communauté et à ne pas vouer une admiration excessive de mes œuvres. En effet, quand je vois qu'au mois de Ramadan, les pécheurs et les égarés de notre communauté jeûnent eux aussi, accomplissent des veillées en prière et rivalisent de générosité, je me dis : « Si Allah aide ces gens à réussir de telles œuvres, c'est qu'ils possèdent sûrement des qualités intérieures que je ne possède pas » et cela m'inspire d'être humble.[3]
Le jeûne m'apprend à témoigner de la reconnaissance à l'égard de mon Seigneur pour les bienfaits qu'Il me prodigue. Si Allah nous privait de nourriture ou de boisson ou rendait celles-ci indigestes ou difficilement accessibles, dans quel état serions-nous ?
Le jeûne me rappelle l'état dans lequel nous serons le Jour de la résurrection en attente du jugement. Ce Jour-là, le soleil sera très proche de nous et nous serons dans un état d'affliction insupportable. Qu'Allah nous aide à supporter ce Jour-là !
Le jeûne m'apprend que ma religion n'est pas monolithique, mais elle est diversifiée. Ses textes, ses lois, ses préceptes et ses rites varient dans leur longueur, leur profondeur, leur rigueur. Ainsi on distingue le jeûne obligatoire, le jeûne surérogatoire, le jeûne expiatoire, le jeûne votif. Le fait que le mois de Ramadan suive le cycle lunaire permet au musulman d'expérimenter le jeûne de la saison d'hiver, du printemps, d'été et d'automne.
Le jeûne m'apprend à patienter dans l’obéissance à Allah, contre les interdits d’Allah et face aux implications douloureuses du Décret d’Allah.
Le jeûne m'apprend un mode d'éducation de mes enfants. En initiant notre enfant au jeûne, nous lui apprenons le dévouement véritable à Allah, à se sentir sous le contrôle de Son Œil en secret et à acquérir la force de réfréner ses envies[4]. Ainsi nous ferons de lui l'homme de demain sur lequel la communauté puisse compter.
Le jeûne m'apprend que ma religion est facile et tolérante. Le Prophète e a dit en effet : « Allah a dispensé le voyageur de la moitié de la prière et Il a dispensé la femme enceinte et la femme qui allaite du jeûne »[5]. Jeûner continuellement est contraire à sa voie, il a même dit : « Celui qui jeûne continuellement n’a ni jeûné, ni mangé »[6].
Le jeûne m'apprend l'esprit du groupe et l'entraide mutuelle, car c'est un devoir qui s'impose à tous les membres assujettis de la communauté.
Le jeûne m'apprend à éduquer mes sens de sorte qu'ils se prémunissent contre les péchés et évitent scrupuleusement les passions et les désirs concupiscents. C'est la taqwâ dont Allah parle en tant que finalité du jeûne dans le verset suivant : « Ô vous qui croyez, il vous a été prescrit de jeûner, comme cela fut prescrit à ceux qui étaient avant vous, afin que vous manifestiez de la piété -taqwâ- »[7]
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[1] Hadith rapporté par Muslim.
[1] Hadith rapporté par Muslim.
[2] Hadith rapporté par Al-Bukhârî.
[3] Selon Abû Hurayra, l’Envoyé d’Allah (صلى الله عليه وسلم) a dit : « Il y avait deux hommes d’entre les fils d’Israël qui fraternisaient, le premier commettait beaucoup de péchés, l’autre était très pieux. A chaque fois que le dévot voyait le prévaricateur dans le péché, il l’exhortait à arrêter. Il le trouva un jour en train de commettre un péché et lui dit : « Arrête de pécher », il lui répondit : « Laisse-moi avec mon Seigneur. Es-tu envoyé pour veiller sur moi ? », « Allah ne t’absoudra jamais ! -ou : Allah ne te fera jamais entrer au Paradis ! - répliqua le dévot ». Lorsqu’ils décédèrent et comparurent ensemble devant le Seigneur des mondes. Allah dit au dévot : « Es-tu au courant de ma décision ? Contrôles-tu ma Puissance ? » Il s’adressa au prévaricateur et lui dit : « Va et entre au paradis par Ma miséricorde ». Puis Il s’adressa au dévot en disant : « Conduisez-le en l’enfer ».
[4] Al Bukhârî et Muslim rapportent qu’ar-Rubayyi` bint Mu`awwid a dit : Le matin du jour de `Âshurâ’, l’Envoyé d’Allah (صلى الله عليه وسلم) a envoyé aux villages qui environnent Médine des Ansârs leur annoncer : « Celui qui est en état de jeûne, qu’il continue son jeûne ! Celui qui ne l’est pas, qu’il jeûne le reste du jour ! » Elle ajouta : « Depuis ce jour-là, nous jeûnions le jour de `Âshûrâ’ et nous faisions jeûner nos enfants. Nous leur fabriquions des jouets en laine, et si l’un d’eux pleurait à cause de la faim, réclamant de la nourriture, nous le distrayions avec ces jouets jusqu’à l’heure de la rupture du jeûne ».
[5] Hadith rapporté par Abû Dâwûd. Voir « sahîh Abû Dâwûd » (n° 2083), et « sahîh an-Nasâ’î » (n° 2145). Le shaykh al Albânî a qualifié son autorité canonique d’assez bonne -hasan-.
[6] Hadith rapporté par Muslim (3/167), Ahmad dans son musnad (4/24), Ibn Khuzayma dans son sahîh (n° 2150), an-Nasâ’ (4/207), Ibn Mâja (n° 1705), al-Hâkim (1/435).
[7] Coran al-baqara, 183.
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