Les actes détestables (makrouh-مَكْروه) lors de la prière
Les actes dits détestables sont à éviter lors de la prière mais non pas d’incidence sur sa validité et ne requièrent pas de rattrapage, ni d’expiation.
-Il est détestable lors de la prière obligatoire de dire avant de réciter la fatiha : l’isti’adha-الاسْتِعاذَة : « Je demande refuge auprès d’Allah contre satan le lapidé-a’oudhou billaahi mina-sh-shaytani-rradjiim-أعوذُ بِاللهِ مِنَ الشَّيْطانِ الرَّجيم » ainsi que la basmala-بَسْمَلَة : « Au nom d’Allah, le Tout-Miséricordieux, le Très Miséricordieux-Bismillaahi-rrahmaani-rrahiim-بِسْمِ اللهِ الرَّحْمنِ الرَّحيمِ » (car celle-ci n’est pas considérée comme un verset du Coran sauf dans la sourate 27-les fourmis) ainsi que les invocations avant ou pendant la récitation et tout cela est permis dans la prière surérogatoire.
Certains juristes malikites comme Alqarafi -qu'Allah lui fasse miséricorde- (626-684H) sont d’avis qu’il est préférable de dire la basmala dans la prière obligatoire pour sortir de la divergence.
-Il est détestable de faire des invocations pendant l’inclinaison (roukou’-رُكوع), avant les deux tachahods et après le tachahod du milieu de prière mais cela est recommandé après le tachahod final (premier ou deuxième).
-Il est détestable de continuer à faire des invocations après le salam de l’imam quand on prie derrière lui.
-Il est détestable d’accomplir les invocations de la prière à haute voix, ainsi que le tachahod ou de les faire dans une autre langue que l’arabe pour celui qui en est capable.
-Il est détestable de se prosterner sur un vêtement que l’on porte comme sa manche, son manteau, un pan de turban ou bonnet ; sauf pour se protéger de la chaleur ou du froid.
Il faudra cependant qu’une partie du front touche le sol pour que la prosternation soit valide.
-Il est détestable de se prosterner sur un vêtement ou tissu (que l’on ne porte pas), un tapis (sauf celui de la mosquée) ou un mouchoir, ou un hasir-حَصير confortable car tout cela est contraire à l’humilité de la prière (khoushou-خُشوع).
-Il est détestable de réciter le Coran pendant l’inclinaison et la prosternation (sauf si l’on utilise des invocations qui sont dans le Coran) ou de répéter toujours la même invocation ; mais l’idéal est de varier entre les demandes de pardon, de subsistance, d’amélioration d’état de vie, ect…
-Il est détestable de se retourner dans la prière sans besoin. Cela n’annulera pas la prière tant que les pieds restent en direction de la qibla.
-Il est détestable de croiser les doigts ou de les faire craquer car cela est contraire à l’humilité de la prière et un manque dans le comportement.
-Il est détestable de s’asseoir « al-iq’a-الإقْعاء », ce qui consiste à tendre la plante des pieds vers la qibla et s’asseoir sur les talons.
De même, il est détestable de poser la partie supérieure des pieds au sol et de s’asseoir sur la partie inférieure ou de s’asseoir entre les pieds en posant le postérieur au sol (que les pieds soient tendus vers la qibla ou à plat).
Il n’est pas permis de s’asseoir en ihtiba-احْتِباء qui consiste à poser le postérieur et le plat des pieds au sol en remontant les genoux vers la poitrine.
-Il est détestable de poser les mains sur les hanches pendant la prière car cela est un signe d’orgueil et un manque dans le comportement.
-Il est détestable de fermer les yeux sauf si l’on craint d’être déconcentré par quelque chose.
-Il est détestable de s’appuyer sur un pied et de lever l’autre sauf par nécessité.
-Il est détestable de poser les pieds l’un sur l’autre ou de les joindre.
-Il est détestable de penser et réfléchir à des choses mondaines pendant la prière.
Si une personne en arrive au point de ne plus savoir ce qu’il a prié alors il recommencera la prière même après le temps imparti.
Si une personne en arrive à être déconcentré plus que la normale mais qui sait ce qu’il a prié alors il recommencera la prière dans le temps imparti.
Si une personne pense à l’au-delà au point qu’il en arrive à douter sur le nombre d’unités qu’il a accompli alors il se basera sur le nombre d’unités dont il est sûr.
S’il ne sait plus du tout combien d’unités il a prié alors sa prière s’annule comme la personne qui pense aux choses mondaines.
En revanche si la personne était en réflexion sur la prière et son humilité et ne sait plus du tout combien il a prié, il reprendra depuis le 1er takbir.
-Il est détestable de porter quelque chose dans sa manche ou d’avoir quelque chose en bouche.
Si cette chose empêche d’articuler les lettres alors cela annulera la prière.
-Il est détestable de jouer avec la barbe, bague ou autre…
-Il est détestable de dire « alhamdolillah-الحَمْدُ لِلَّه » pour la personne qui éternue ou qui entend une bonne nouvelle pendant la prière.
Il est détestable de répondre à la personne qui éternue en faisant signe de la tête ou de la main.
S’il répond de la parole alors la prière s’annule.
Cependant, il est possible de rendre le salam en faisant signe que ce soit pendant la prière obligatoire ou surérogatoire.
-Il est détestable de se gratter le corps sans nécessité et si cela est effectué en petite quantité alors on se prosternera en fin de prière en expiation et si cela est en grande quantité (même par oubli) alors cela annulera la prière.
-Il est détestable de sourire volontairement et si cela est en grande quantité alors la prière s’annulera.
-Il est détestable de délaisser des actes qui sont des Sunnas (légères) de la prière (comme les tekbirs après le 1er) et il n’est pas permis de laisser des Sunnas confirmées (Sunnas moakkada-سُنَّة مُؤَكَّدَة).
-Il est détestable de lire une sourate ou un verset en plus de la fatiha dans la 3ème et 4ème unités.
-Il est détestable de frapper dans ses mains pour prévenir d’un problème dans la prière (comme une erreur de l’imam ou avertir un passant) aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
Il est plutôt demandé dans ce type de cas de dire « subHanallaah-سُبْحانَ الله ».
-Il est détestable d’orner l’endroit où l’on se dirige lors de la prière avec de l’or, des écritures, ect…
Les actes qui annulent la prière (mobTilaat-مُبْطِلات)
Parmi les actes qui annulent la prière :
-Mettre l’intention pendant la prière de l’annuler (rafd-رَفْض).
-Délaisser un pilier (obligation) de la prière volontairement même un court instant.
Si cela est effectué par inadvertance alors la prière ne s’annulera pas si on le rattrape sans laisser un intervalle de temps trop long (comme quitter le lieu où l’on a prié).
-Ajouter volontairement un pilier qui est un acte des membres (fi’li-فِعْلي) tel que l’inclinaison et la prosternation (contrairement aux piliers qui sont des paroles « qawli-قَوْلي » comme de répéter la fatiha bien que cela soit interdit et on se prosternera en expiation en cas d’oubli).
Les piliers qui sont des paroles sont de 3 : Le 1er tekbir (takbiratou-liHram-تَكْبيرَةُ الإحْرام), la lecture de la sourate Alfatiha-الفاتِحَة et le salut final (salam-سَلام).
Les piliers qui sont des actes des membres sont le reste des piliers…
-La prière s’annule également si une personne mange ou boit volontairement même en petite quantité (pas s’il avale des résidus alimentaires restés coincés entre les dents).
-La prière s’annule pour une personne qui parle volontairement (même un petit mot) ou fait un son de la bouche (comme la voix de l’âne ou du corbeau) ou reproduit des mouvements de parole avec ses lèvres sauf pour corriger la prière conformément au hadith que rapporte Moslim (n°537) -qu'Allah lui fasse miséricorde-, selon Ibn lHakam -qu'Allah l'agrée- ; le Prophète -qu'Allah le bénisse et le salue- a dit :
« Il ne convient pas dans la prière d’employer quoique ce soit des paroles des gens, mais en vérité elle n’est composée que de glorifications, vénérations et lecture du Coran… »
« إنَّ هذِه الصَّلَاةَ لا يَصْلُحُ فِيهَا شيءٌ مِن كَلَامِ النَّاسِ، إنَّما هو التَّسْبِيحُ والتَّكْبِيرُ وقِرَاءَةُ القُرْآنِ. »
S’il est nécessaire de parler pour corriger la prière comme si l’imam ne sait plus où il en est alors il sera permis de l’orienter en parlant le moins possible et sans ajouter au besoin.
De même, si une personne souffle volontairement de la bouche (pas du nez) alors la prière s’annulera.
-La prière s’annule pour une personne qui vomit volontairement même si cela est pur (aliments non-modifiés) ou en petite quantité.
-La prière s’annule pour une personne qui fait le salut final volontairement alors qu’il doute (n’est pas sûr) d’avoir terminé (et même s’il se rend compte après qu’il avait réellement terminé).
-La prière s’annule si une personne commet un annulatif des ablutions. S’il doute en avoir commis un alors il devra continuer la prière et ensuite s’il revient à la certitude alors il ne la recommencera pas.
-La prière s’annule pour celui dont l’intimité accentuée (moghallaza-مُغَلَّظَة) se découvre pendant la prière.
S’il est imam, la prière des gens derrière lui ne s’annule pas si cela se produit involontairement ou par oubli.
-La prière s’annule si une souillure tombe sur le prieur ou le touche et s’accroche à lui, à condition qu’il en soit conscient et que le temps soit suffisant pour l’ôter et recommencer la prière.
Sinon la prière ne s’annulera pas car le nettoyage des souillures est obligatoire pour la personne qui est consciente et en a la capacité (non pour celui qui oublie ou en est incapable).
-La prière s’annule pour une personne qui corrige quelqu’un qui récite le Coran et qui ne dirige pas la prière car ce serait comme parler. En revanche, il est permis de corriger l’imam s’il se trompe dans la récitation.
-La prière s’annule pour celui qui rit (en produisant un son) qu’il prie seul ou en tant qu’imam.
Si une personne prie derrière l’imam et qu’il rit un petit peu, involontairement ou par oubli alors il ne quittera pas la prière (bien que caduque) si le temps imparti est suffisant pour la recommencer après le salut final de l’imam ou si c’est la prière du vendredi (jomo’a-جُمُعَة).
S’il rit volontairement ou beaucoup alors il devra couper la prière et la reprendre depuis le début derrière l’imam.
-La prière s’annule pour une personne qui accomplit beaucoup de mouvements même par oubli ; sauf pour celui qui se gratte légèrement ou joue légèrement avec sa barbe, ou pose un vêtement sur ses épaules, ou repousse un passant, ou fait signe de la main.
En revanche, si ces actes engendrent beaucoup de mouvements alors la prière s’annulera également.
-La prière s’annule par des choses qui empêchent d’accomplir l’obligation telles que le fait d’avoir une envie urgente d’aller aux toilettes, ou de fortes nausées, ou d’avoir des aliments qui encombrent la bouche.
-La prière s’annule pour une personne qui se rappelle qu’il n’a pas prié dhor pendant qu’il fait la asr ou qu’il n’a pas prié le maghreb pendant l’icha car il est obligatoire de les accomplir dans l’ordre.
S’il prie derrière un imam alors il restera en prière derrière l’imam bien que celle-ci ne sera pas valide si le temps imparti est suffisant pour refaire les deux prières ensuite, comme vu précédemment.
-La prière s’annule pour une personne qui rajoute deux unités par inadvertance, à une prière d’une ou de deux unités (comme le witr, le fajr ou en voyage) ou 4 unités à une prière de 3 ou 4 (comme le maghreb et l’icha).
En revanche, une prière d’une unité telle que le witr ne s’annule pas par une unité ajoutée par inadvertance.
-La prière s’annule pour une personne qui arrive en retard à la prière puis se prosterne (les deux prosternations d’expiation) avec l’imam après le salut final (que ce soit volontaire ou par ignorance, pas par oubli) car cela serait ajouter des mouvements dans la prière.
En revanche, il se prosternera après avoir fini de rattraper les unités manquées derrière l’imam et après avoir salué.
Si l’imam se prosterne avant le salut final alors il faudra le suivre si on a prié au moins une unité avec lui.
S’il n’a pas prié au moins une unité avec lui, il n’est pas considéré réellement en prière de groupe et il ne sera pas permis de le suivre car ce serait un annulatif de la prière.
-La prière s’annule si une personne se prosterne avant le salut final pour le simple délaissement d’une Sunna légère (comme les tekbirs).
-La prière s’annulera également pour certains cas que nous évoquerons dans le chapitre sur les prosternations d’expiation (soujoud sahw-سُجود السَّهْو) comme une personne qui délaisse trois Sunnas légères et ne se prosterne pas en expiation en fin de prière.
Des actes qui n’annulent pas la prière
-La prière ne s’annule pas si on écoute brièvement une information qu’on nous transmet alors qu’on est en prière.
-La prière ne s’annule pas si l’on tue un scorpion (ou nuisible) qui se dirige vers nous et même si l’on ramasse une pierre pour cela.
-La prière ne s’annule pas si l’on fait signe (de la tête ou de la main) pendant la prière par besoin ou pour rendre le salam.
-La prière ne s’annule pas pour une personne qui gémit légèrement à cause d’une douleur, ou pleure en sanglotant (avec du son) par humilité (khoushou’-خُشوع).
En revanche, si les gémissements sont en grande quantité ou les sanglots ne sont pas en rapport avec la prière alors elle s’annulera.
Par contre, si une personne pleure en silence alors cela n’annulera pas la prière même si c’est effectué volontairement sauf si c’est en grande quantité.
-La prière ne s’annule pas pour une personne qui tousse même sans besoin.
-La prière ne s’annule pas pour un prieur qui marche (d’une distance d’environ deux rangs) pour se placer derrière un obstacle (sotra-سُتْرَة) afin que l’on ne passe pas devant lui ou pour empêcher une personne de passer devant lui ou pour rattraper la corde d’un animal qui se sauve (s’il s’éloigne alors il devra couper la prière et même si le temps imparti est restreint).
Il est permis de marcher sur le côté dans les cas précédents ou même en arrière mais il n’est pas permis de tourner le dos à la qibla (sauf pour une excuse majeure telle que de rattraper un animal de valeur en fuite).
-La prière ne s’annulera pas si le vêtement d’une personne tombe de ses épaules et qu’il le rattrape puis le remet ou si une sotra-سُتْرَة tombe et qu’on la ramasse.
Remarque : Tous les actes précédents n’étant pas des annulatifs de la prière, ils ne nécessitent pas non plus de prosternation d’expiation.
Toutes ces choses doivent être mesurées dans la quantité de sorte à ce que les gens autour perçoivent que l’on est encore en prière et sinon ce serait considéré comme faire beaucoup de mouvements extérieurs à la prière.
-Il ne nuit pas à la prière de mettre la main devant la bouche lorsque l’on baille et c’est même recommandé, ni de récupérer la salive dans un vêtement (ou mouchoir) si besoin, ni de lever la voix pour faire les évocations (dhikr-ذِكْر) de la prière ou lors de la récitation d’un passage du Coran pour faire comprendre à quelqu’un qu’on est en prière par exemple, tout comme il est possible de dire « subHanallah-سُبْحانَ الله » à n’importe quel moment.