Abstract
Il existe une myriade de critiques contre l’Islam propagées par les non-musulmans à notre époque. L’une de ces critiques accuse le Prophète ﷺ d’épouser une enfant à cause du ḥadīth mentionné dans Bukhari et Muslim où Aisha mentionne qu’elle a épousé le Prophète ﷺ à l’âge de six ans et consomma le mariage à l’âge de neuf ans. Cet article se concentre sur deux questions. Premièrement, les affirmations selon lesquelles elle était réellement adolescente au moment de son mariage sont-elles exactes et sont-elles assez fortes pour nous faire rejeter le hadith de Aisha? Deuxièmement, pourquoi cela est-il devenu un problème à l’époque moderne, alors que ce n’était pas le cas au moment du mariage? En conclusion, l’affirmation selon laquelle elle était adolescente lorsqu’elle s’est mariée est davantage une réaction à nos propres doutes qu’une approche impartiale de la recherche de la vérité.
Introduction:
Al-Bukhārī rapporte que Hishām [ibn Urwa] a raconté à son père que Aisha, que Dieu soit satisfait d’elle, [a dit]:«Le prophète ﷺ l’a épousée à l’âge de six ans et il a consommé le mariage quand elle était âgée de neuf ans, puis elle est restée avec lui pendant neuf ans.»[1]
Selon Muslim, al-‘Amash raconte d’après Ibrahim qui raconte d’après Al-Aswad que Aisha avait raconté: «Le Messager de Dieu ﷺ l’a épousée à l’âge de six ans et a consommé son mariage quand elle était âgée de neuf ans, et il est décédé quand elle avait dix-huit ans.[2]
Les deux ḥadīths ci-dessus disent qu’Aisha [3] avait six ans quand elle s’est mariée et neuf ans quand le mariage a été consommé. Ces récits sont tirés des deux livres les plus authentiques de la tradition islamique après le Qur’an, Sahih al Bukhārī et Saḥīḥ Muslim (les Ṣaḥīḥayn ), sans oublier qu’ils placent chacun Aisha comme narrateur. En outre, de nombreux autres hadiths authentiques en dehors des Sahihayn soutiennent ces deux âges.[4] Ainsi, il serait raisonnable, même pour quelqu’un ayant une connaissance primitive de l’Islam et des sciences du Hadīth, d’accepter ce ḥadīth comme authentique et faisant partie de l’histoire islamique. Pour corroborer davantage, il n’y avait pas un seul savant islamique médiéval important qui ait contesté son âge; au contraire, certains d’entre eux sont allés jusqu’à dire qu’il y avait un consensus. Ibn Hazm [5] dit: »L’âge de Aisha est consigné dans les textes sans divergence d’opinions ».[6] Ibn Kathir [7] déclare: « C’est un sujet dans lequel il n’y a pas de différence d’opinion entre les gens. »[8] Ibn Abd al-Barr [9] déclare: « Je ne connais personne qui diffère sur ce point. »[10] Ainsi, on peut conclure que les âges de six et neuf ans constituent la compréhension par défaut et toute preuve contredisant cela devra être tout aussi authentique ou plus authentique.
La demande en mariage du Prophète ﷺ à Aisha est survenue après le décès de Khadīja, la première épouse du Prophète ﷺ. Khawla bint Ḥakīm vint demander si le prophète était intéressé pour se remarier. Après avoir dit oui, elle lui a proposé deux options: Sawda bint Zamʿa et ʿAisha bint Abī Bakr, tous deux musulmans à l’époque. Elle est ensuite aller à la maison de Abū Bakr demander la main de Aisha pour le mariage au nom du Prophète ﷺ. Cependant, Abū Bakr était préoccupé par deux raisons. Premièrement, le Prophète ﷺ l’avait précédemment qualifié de frère et il craignait donc que le mariage ne soit toléré. Elle est revenue au Prophète ﷺ et il lui a dit d’informer Abū Bakr qu’ils n’étaient que des frères dans l’Islam, ce qui rendait le mariage admissible. Deuxièmement, Aisha était déjà fiancée avec Mutʿim ibn ʿAdiyy, qui n’était pas musulman. Ainsi, Abū Bakr se rendit chez ʿAdiyy et découvrit que la famille craignait qu’Aisha convertissent leur fils à l’Islam et ont donc mis fin à l’engagement. En conséquence, le Prophète ﷺ s’est marié avec Aisha.[11]
Certains ont prétendu qu’elle était adolescente quand elle s’est mariée et quand le mariage a été consommé. Mon but est d’analyser chaque revendication pour voir si elle résiste aux preuves précédemment mentionnées. Afin de bien comprendre ces revendications, une liste des dates pertinentes est fournie ci-dessous. [12]
609v- Naissance de Fāṭima
610 – Début de la révélation
614/615 – Naissance de Āʾisha
617 – Sūra al-Qamar est dévoilée
620/621 – A'isha est mariée
622 – Hijra (Migration to Medina)
1 AH / 2 AH; 623/624 – Le mariage est consommé
2 AH; 624 – Bataille de Badr
3 AH; 625 – Bataille de ḥUud
73 AH; 692 – ‘Asmāʾ décède
L’affirmation: Aisha était mariée à l’adolescence
Il y a cinq affirmations principales concernant l’affirmation selon laquelle Āʾisha a épousé le prophète à son adolescence et consommé le mariage à la fin de son adolescence:
- Hishām ibn’Urwa était le seul à raconter le ḥadīth,[13]et il narré quand il était en Irak, un moment où il était accusé d’avoir une mauvaise mémoire.
- Asmaʾ, la sœur aînée de Aisha, avait dix ans de plus que Aisha. Asma est décédé en 73AH/692, à l’âge de 100 ans donc Aisha avait dix-huit ans lorsque le mariage a été consommé.
- Fatima est née au moment où la Kaaba a été reconstruit, lorsque le Prophète ﷺ était âgé de trente-cinq ans, et elle avait cinq ans de plus que Aisha, faisant qu’Aicha avait environ douze ans quand elle a épousé le Prophète ﷺ.
- Aisha a participé à la bataille de Uḥud. Ibn Umar raconte que le Prophète ﷺ ne lui avait pas permis de participer à Uhud parce qu’il avait quatorze ans, mais à l’âge de quinze ans, il lui a donné la permission de se battre dans la bataille de la tranchée ( Khandaq ). Ainsi, Aisha devait avoir au moins quinze ans au moment de Uḥud, ce qui signifie qu’elle a consommé le mariage à l’âge de treize ou quatorze ans.
- Aisha a rapporté dans Bukhārī: «Cette révélation [dans Sūra al-Qamar]:« Non, mais l’heure est leur heure convenue (pour leur récompense complète), et l’heure sera plus cruelle et la plus amère » [14] a été révélée à Muhammad à La Mecque alors que j’étais une jāriya enjouée. » [15]
Hishām ibn Urwa
Hishām ibn ‘Urwa est le narrateur le plus souvent mentionné dans le hadith la plaçant entre six et neuf ans. Certains soutiennent que Hishām était le seul à raconter cela, affaiblissant la force du ḥadīth puisque si cela était de notoriété publique, beaucoup plus de narrateurs auraient mentionné l’âge de Aisha. Cependant, c’est une erreur, car il y a d’autres narrateurs comme al-Aswad ibn Yazīd,[16] Abī Salama ibn ʿAbd al-Raḥmān,[17] et d’autres.[18]
La deuxième affirmation contre Hishām, qui a passé la plus grande partie de sa vie à Médine avant de s’installer en Irak, est que sa mémoire s’est affaiblie et qu’il a commencé à mélanger les récits alors qu’il se trouvait en Irak, comme le mentionne Abū al-Hasan ibn al-Qaṭṭân. Certains s’en servent comme preuve pour écarter le ḥadīth trouvé dans Bukhārī et Muslim , donnant plus de légitimité à d’autres preuves. Cependant, Imām al-Dhahabī nie avec véhémence cette affirmation: « [Hishām] est considéré comme une autorité absolue. L’affirmation d’Al-Qaṭṭân est vide. Il était un préservateur [de ḥadīth]. Il est possible que sa [mémoire] ait changé en vieillissant et que son acuité mentale ait diminué. Bien sûr, il n’est pas plus comme dans sa jeunesse, et personne n’est infaillible par manque de mémoire. Cependant, ce changement n’est pas considéré comme préjudiciable ni comme ayant conduit à un mélange de narrations. [Hishām] n’a jamais mélangé les narrations. Ce hadith est pris comme preuve dans le Muwaṭṭa , les Saḥīḥayn et ainsi qu’al Sunan. Donc, cette déclaration d’al-Qaṭṭan doit être rejetée. [Hishām] était un imam parmi les grands imams, innocent de toute erreur. »[19] Ainsi, il devient clair que Hishām ibn ʿUrwa est un narrateur fiable, à qui Bukhārī a fait suffisamment confiance pour le mettre son Saḥīḥ et peut encore être considéré comme une preuve solide.
Asmaʾ, la sœur aînée de Aisha, avait dix ans de plus que Aisha
ʿAbd al-Raḥmān ibn Abī al-Zinād déclare qu’Asmaʾ avait dix ans de plus que Aisha. De plus, il a été confirmé qu’elle est décédée en l’an 73 AH/692 de notre ère, à l’âge de cent ans.[20] Si tel était le cas, cela lui donnerait vingt-sept ans au moment de l’ hijra , ce qui signifie qu’Aisha aurait eu dix-sept ans au moment de la hijra. Nous savons qu’Aisha s’était mariée deux ou trois ans avant la hijra, ce qui lui donne donc l’âge de quatorze ou quinze ans au moment du mariage et de dix-sept ou dix-huit ans au moment de la consommation.
Les calculs dans ce scénario fournissent un argument de poids selon lequel Aisha était à la fin de son adolescence lorsque le mariage a été consommé. Cependant, un certain nombre de savants considèrent qu’Abd al-Raḥmān ibn Abī al-Zinād est un narrateur faible. Yaḥyā ibn Maʿīn a déclaré: «Aucun des savants du ḥadīth ne l’a pris pour une autorité.» Abd al-Malik ibn Abd al-Ḥamīd al-Maymūnī a déclaré: « J’ai interrogé Aḥmad ibn Ḥanbal à propos d’Ibn Al-Zinād. Il a dit: « Il est considéré comme faible dans le hadîth. » » Al-Nasāʾī l’a également considéré faible et qu’il ne doit pas être pris pour une autorité. Abū Aḥmad al-Ḥākim a déclaré: «Il ne fait pas partie de ceux qui préservent le ḥadīth.» Abū Ḥātim a déclaré: « Nous écrivons ses ḥadīth, mais ne les prenons pas comme une autorité. »[21] De nombreux autres savants le considéraient également comme faible.
Certains utilisent Ibn Kathir comme preuve à l’appui de cette affirmation, car il mentionne lui aussi qu’Asmaʾ avait dix ans de plus que Aisha.[22] Cependant, il semble y avoir une certaine confusion dans la mesure où il déclare également qu’il n’y avait pas de divergence d’opinion concernant le fait qu’Aisha s’est marié à l’âge de six ans.[23] Il semble qu’Ibn Kathir n’était pas au courant des conséquences qu’aurait le fait qu’Asmaʾ ait dix ans de plus, du fait qu’il ne fournit aucune chaîne (sanad) pour corroborer l’affirmation selon laquelle elle aurait dix ans de plus. Il est donc clair que cette narration ne peut être acceptée car son narrateur est considéré comme faible et l’âge explicite de six ans dans Boukhārī est plus fort que l’âge implicite de quatorze ou quinze ans sur la base de la différence d’âge entre Asma’ et Aisha.
L’âge de Fāṭima par rapport à Aisha
L’affirmation est que Fatima, la fille du Prophète ﷺ, est née quand il ﷺ avait 35 ans. Si Fatima avait cinq ans de plus que Aisha, cela signifierait qu’Aisha est née quand le prophète ﷺ avait 40 ans. En d’autres termes, elle est née l’année de la prophétie, 610 de notre ère. Puisque nous savons qu’elle a épousé en 620/621, cela lui donnerait l’âge de dix ou onze ans quand elle a épousé le Prophète ﷺ.
La question découle de deux narrations distinctes tirées de al-Iṣāba fī Tamyī al-Ṣaḥāba d’Ibn Ḥajar.[24] Selon Abū Jafar al-Bāqir, al-Abbās a déclaré: «Fatima est né l’année de la reconstruction de la Kaʿba, alors que le prophèteﷺ avait 35 ans.» [24] La seconde narration est sous l’autorité de ʿUbayd Allah ibn Muḥammad ibn Sulaymān ibn Jaʿfar al-Hāshimī qui a déclaré: «Fatima est née quand le prophète avait 41 ans et elle est née environ un an avant la prophétie. Elle est également plus âgée que Aisha de cinq ans.»[25]
Il semble qu’il y ait eu confusion (iḍṭirāb) entre les deux récits. La deuxième narration où Fatima a cinq ans de plus est à la condition que Fatima soit née lorsque le Prophète ﷺ en avait 41. La confusion survient lorsque l’âge « en plus » par rapport à Aicha, de Fatima est détachée de la deuxième narration et est inséré dans la première, en changeant l’âge de le Prophète ﷺ entre 41 et 35, causant ainsi des problèmes avec l’âge et la date de naissance. Pour cette raison, l’argument ne tient pas.
Participation de Aisha à la bataille de Uḥud
Anas a déclaré: «Le jour de la bataille d’Uhud lorsque certains se sont retirés et ont quitté le Prophète ﷺ, j’ai vu Aisha bint Abī Bakr et Umm Sulaym, la robe repliée, de sorte que les bracelets autour de leurs chevilles étaient visibles, avec leurs gourdes d’eau. Ensuite, elles versaient de l’eau dans la bouche des gens et revenaient pour remplir à nouveau les gourdes d’eau et revenaient pour verser de l’eau dans la bouche des gens.»[26]
Ibn ‘Umar a dit: «Le Messager de Dieu ﷺ m’a examiné sur le champ de bataille le jour d’Uhud et j’avais alors quatorze ans. Il ne m’a pas permis [de prendre part au combat.] Il m’a examiné le jour de Khandaq. J’avais quinze ans et il m’a autorisé à me battre.[27]
Ibn ‘Umar n’a pas reçu l’autorisation de participer à la bataille d’Uhud, car il avait quatorze ans. Lorsque la bataille de la tranchée eut lieu, le Prophète ﷺ le réévalua et lui permit de se battre car il avait atteint l’âge minimum de quinze ans. La déclaration est que si Ibn ‘Umar n’était pas autorisé à participer à la bataille d’Uhud à l’âge de quatorze ans et qu’Aisha a été vu participant à la bataille, cela devait signifier qu’elle avait au moins quinze ans à la bataille d’Uhud. La bataille d’Uhud se déroulant un à deux ans après la consommation, elle doit avoir consommé le mariage à l’âge de treize ou quatorze ans.
Ce type d’analogie (qiyās) est déficient (qiyās maʿa al-fāriq). Le but d’une analogie dans la jurisprudence islamique est de transférer une décision d’un événement à un autre qui n’a pas de décision claire et nette dans un texte (naṣṣ). Pour que cela se produise, ils doivent partager le même raisonnement (ʿilla). Lorsque le Prophète ﷺ a interdit à Ibn ‘Umar de se battre pour la première fois, le raisonnement était qu’il n’était pas en âge de participer en tant que combattant. L’année suivante, le Prophète ﷺ lui a donné la permission parce qu’il avait atteint l’âge minimum d’un combattant. Dans le cas de Aisha, le hadith démontre clairement qu’elle agissait en tant qu’infirmière et non en tant que combattante; ainsi, la limite d’âge qui a été imposée à Ibn ʿUmar ne s’applique pas à Aisha, car ils n’ont pas le même raisonnement (ʿilla), et la conclusion qu’elle était âgée d’au moins quinze ans ne peut donc pas être tirée.
Aisha et Sūra al-Qamar
Aisha a dit (rapporté dans al Bukhārī): «Cette révélation [dans Sūra al-Qamar]: » L’Heure est fixée pour leur rendez-vous et elle sera plus cruelle et plus amère. »[28] a été révélé à Muhammad à la Mecque alors que j’étais une jāriya enjouée.» [29]
Il y a quelques points à prendre en compte: que Sura al-Qamar est dans son intégralité une sourate mecquoise, la date à laquelle Sura al-Qamar a été révélée, et quelles sont les implications du fait que Aisha se disait être une jāriya.
Certains prétendent que le verset mentionné dans le ḥadīth de Sūra al-Qamar est Medinois, révélé en 4 AH, 5 AH, 6 AH, 7 AH, 9 AH, ou 10 AH, poussant ainsi l’âge de Aisha à augmenter. Toutefois, Ibn Ḥajar et Ibn Āshūr nient ces allégations. Plus précisément, Ibn Ḥajar déclare que Aisha est née huit ans avant et avait trois ans lorsque ce verset a été révélé, ce qui placerait sa date de révélation à 617 de notre ère.[30]
La méthode la plus indirecte pour arriver à la conclusion qu’elle était plus âgée consiste à comprendre ce que Aisha voulait dire par jāriya. Il n’y a pas d’âge spécifique pour une jāriya, ce terme étant généralement compris comme désignant une jeune fille (fatiyya).[31] Ainsi, la meilleure façon de comprendre le mot est de voir comment Āʾisha l’a utilisé dans d’autres phrases. Aisha a déclaré: «Si une petite fille (jāriya) devait atteindre la puberté à l’âge de neuf ans, alors elle serait une femme.»[32] Nous apprenons deux choses de cette déclaration. Tout d’abord, il n’était pas rare que les filles atteignent la puberté à l’âge de neuf ans.
Deuxièmement, l’âge maximum d’un jāriya serait huit ans si la puberté était atteinte à neuf ans selon Aisha. La question est: quel est l’âge minimum d’une jāriya ? Al-Mālikī clarifie la déclaration d’Ibn Ḥajar en ces termes: «Ibn Ḥajar mentionne que Aisha, que Dieu soit satisfait d’elle, est née huit ans avant la hijra. Elle aurait trois ans au moment de la scission de la lune et il est permis d’appeler une « jāriya » une fille âgée de trois ans. »[33] D’après ces déclarations, nous pouvons estimer que l’âge d’une jāriya peut varier de trois à huit ans.
Selon le ḥadīth mentionné ci-dessus, la date la plus tardive que nous pouvons attribuer à la révélation de Sūra al-Qamar est en 10 AH et l’âge minimum d’une jāriya est de trois ans. Cela placerait Âisha à trois ans lorsqu’elle se mariera vers 10 ans. La date la plus tôt que nous puissions attribuer à Sūra al-Qamar est en 4 AH et l’âge maximum d’une jāriya est de 8 ans. Cela placerait’A’isha à quatorze ans quand elle a épousé le Prophète ﷺ. Sur la base de toutes les preuves de Sūra al-Qamar et du ḥadīth mentionnées ci-dessus, l’âge au cours duquel ʿĀʾisha s’est marié avec le Prophète ﷺ varie de trois à quatorze ans. La question demeure: quel âge choisissons-nous dans cette gamme?
En raison de la nature ambiguë de ces dates et de ces âges, Muhammad al-Ghufayli conclut: «Il n’est pas correct d’affaiblir une narration établie qui a fait l’objet d’un consensus en raison de ce que les historiens ont mentionné, en particulier en cas de divergence d’opinion concernant le moment où Sūra al-Qamar a été révélé. » [34] En conclusion, les âges de 6 et 9 ans se situent dans cette fourchette et la narration établie dans boukhārī et Muslim est confirmée. Les spéculations selon lesquelles elle serait plus âgée et basée sur l’ambiguïté ne peuvent prévaloir sur une narration établie qui mentionne explicitement les âges spécifiques de six et neuf ans.
La société d’aujourd’hui
La question demeure: pourquoi son âge est-il un sujet de débat parmi les savants modernes alors que, pendant des siècles, les érudits n’ont pas accordé d’importance à l’historiographie de ces hadîth en dehors de leur authenticité?
À un certain moment de l’histoire, un sentiment de révulsion et d’appréhension s’est développé pour les mariages d’enfants. Au cours de ce changement, les savants modernes et laïcs ont commencé à considérer les hadīths et d’autres événements historiques de l’Islam à travers ce prisme de répulsion, en particulier l’âge de Aisha.[35] Ce prisme colonisant le passé aboutit à l’une des deux conclusions suivantes: soit l’historiographie du Prophète ﷺ était, comme l’ont décrit certains, ex: Simon Ockley, celle d’un personnage perfide, soit les enregistrements historiques trouvés dans les livres de hadīth étaient erronés car ils ne correspondaient pas à notre vision du monde actuelle. Ceux épousant la prétension nouvelle disent toujours que le Prophète ﷺ est respecté et incapable de commettre des péchés, mais ils ont recours à la nature historique des ḥadīth pour soutenir leur thèse. Tandis que certains membres de la tradition sunnite ont préconisé une culture de la sacralisation des Bukhārī et des musulmans, d’autres ont créé une culture de rejet des hadiths seulement comme faits historiques. Les deux ont des conséquences. Le premier assimile les récits au Coran et le second tente d’utiliser d’autres données historiques pour contester même des récits authentiques. Cependant, selon l’approche d’Ignaz Goldziher, l’approche dominante et équilibrée: « n’était pas une revendication d’infaillibilité, mais plutôt la demande de la communauté que ces deux œuvres soient reconnues comme des indicateurs juridiquement convaincants de la «praxis religieuse»sur la base du consensus de la communauté sur leur authenticité. »[36] En d’autres termes, lorsque certains hadīth ne correspond pas à notre vision du monde moderne, commençons-nous par nous interroger sur l’authenticité du hadith ou sur notre vision du monde? Le danger de questionner continuellement les hadtih selon nos propres désirs et limites, malgré leur authenticité historique, est de conduire finalement à l’approche systématique du rejet intégral des hadiths. Si les questions subjectives permettent de nier un ḥadīth, alors les hadith perdent leur place dans la société et deviennent un outil pour légitimer nos désirs, pas un outil pour guider les communautés.
C’est pourquoi les savants traitent de la différence entre les narrations explicites (qat’ī) et implicites (ẓanni). Un ḥadīth implicite, tels que les hadiths qui aident à calculer l’âge de Aisha par d’autres moyens, n’ont pas la supériorité sur un ḥadīth explicite qui spécifie clairement son âge, aussi clairement qu’expliqué dans les affirmations ci-dessus.[37]
Une fois que cela est réalisé, nous pouvons alors commencer à remettre en question notre vision du monde. Les mariages d’enfants à l’époque du Prophète ﷺ étaient-ils courants? Étaient-ils méprisés par la société?
Mariage d’enfants: une telle chose existe-t-elle?
Ceux qui contestent l’âge d’Aisha au moment de son mariage ont du mal à comprendre que les femmes de l’époque du Prophète ﷺ aient pu atteindre une puberté aussi jeune. Se marier avec une fille de cet âge serait maintenant considéré comme un crime. Comment peut-on alors les imaginer atteindre la puberté? En ce qui concerne le mariage des enfants, quelques questions doivent être traités.
La première question est de savoir si les femmes de la péninsule arabique ont pu atteindre la puberté à l’âge de neuf ans. Comme mentionné précédemment, Aisha a déclaré: «Si une fille (jāriya) atteint la puberté à l’âge de neuf ans, alors elle est une femme.»[38] En outre, al Imām Shāfiʿī [39] a déclaré: « J’ai vu beaucoup de femmes dans le Yémen à l’âge de neuf ans, atteignant l’âge de la puberté. »[40] Il a également déclaré: « J’ai vu à Ṣan’ā une grand-mère qui était une fille de vingt et un ans. Sa fille a atteint la puberté à l’âge de neuf ans et a accouché à l’âge de dix ans. La fille de cette fille a également atteint la puberté à l’âge de neuf ans et a accouché à l’âge de dix ans. »[41] Al-Ḥasan ibn Ṣaliḥ a déclaré: «J’ai rencontré une esclave qui nous appartenait et qui est devenue grand-mère à l’âge de vingt et un ans.»[42] Il apparaît clairement qu’il existe de nombreux cas de filles atteignant la puberté à l’âge de neuf, certains ayant même accouché à l’âge de dix ans dans la péninsule arabique.
La deuxième question est: comment définissons-nous ce qu’est un enfant? Neil Postman, ancien professeur à l’Université de New York, a écrit le livre: The Disappearance of Childhood. Il y fait valoir que l’enfance était l’une des grandes inventions de la Renaissance, au même titre que toute autre structure sociale. Son développement était étroitement lié à la tradition écrite et au développement des écoles primaires par opposition à la tradition orale au Moyen Âge. Il déclare:
Dans un monde oral, il n’y a pas beaucoup de concept d’adulte et, par conséquent, encore moins d’enfant. Et c’est pourquoi, dans toutes les sources, on constate qu’au Moyen Âge, l’enfance s’est terminée à sept ans. Pourquoi sept? Parce que c’est l’âge auquel les enfants maîtrisent la parole. Ils peuvent dire et comprendre ce que les adultes peuvent dire et comprendre. Ils sont capables de connaître tous les secrets de la langue, qui sont les seuls secrets qu’ils doivent connaître. Et cela nous aide à expliquer pourquoi l’Église catholique a désigné l’âge de sept ans comme l’âge auquel on était supposé connaître la différence entre le bien et le mal, l’âge de la raison. Cela nous aide également à expliquer pourquoi, jusqu’au dix-septième siècle, les mots utilisés pour désigner les jeunes hommes pouvaient désigner des hommes de trente, quarante ou cinquante ans, car il n’y avait pas de mot – en français, allemand, ou anglais – pour un jeune homme âgé de sept à seize ans. Le mot enfant exprimait la parenté, pas un âge. Mais surtout, l’oralisme du Moyen Âge nous aide à expliquer pourquoi il n’y avait pas d’école primaire. Car là où la biologie détermine la compétence de communication, de telles écoles ne sont pas nécessaires… La méthode d’apprentissage médiévale est celle de l’oraliste; cela se passe essentiellement par l’apprentissage et le service — ce que nous appellerions une «formation sur le tas». Ces écoles existantes étaient caractérisées par un «manque de gradation dans les programmes en fonction de la difficulté de la matière, de la simultanéité des matières qui ont été enseignés, le mélange des âges et la liberté des élèves.» Si un enfant du Moyen Age arrivait à l’école, il aurait commencé aussi tard que dix ans, probablement plus tard. Il aurait vécu seul dans un logement en ville, loin de sa famille. Il aurait été courant pour lui de trouver dans sa classe des adultes de tous âges et il ne se serait pas perçu comme différent d’eux. Il n’aurait certainement pas trouvé de correspondance entre l’âge des étudiants et ce qu’ils ont étudié.[43]
La tradition islamique est connue pour son sens du détail dans les transmissions orales, sa capacité à mémoriser des milliers de lignes de poésie et de Coran et le mentorat que chaque étudiant en sciences a reçu d’une longue chaîne de savants. Cette tradition orale mettant l’accent sur la mémorisation aurait pu faire avancer l’âge où un enfant aurait la maîtrise de la parole et de la raison. En outre, les emplois ménagers des femmes à cette époque les exposaient davantage à la vie des adultes que de les autres de leur âge. Ainsi, l’âge n’était pas une mesure de la capacité ou du statut de chacun dans la société, mais bien une filiation. En d’autres termes, il est impossible pour une personne plus jeune que toi d’être ton parent. Au-delà de cela, l’âge ne fournissait aucune différence concrète entre les capacités physiques et mentales. Ainsi, en scrutant le hadīth où Khawla offre à la fois Sawda et Aisha en mariage, la réponse du Prophète ﷺ était identique pour les deux. C’est parce que la société ne les voyait pas différemment, et c’est pourquoi les savants musulmans médiévaux classiques ne faisaient aucune mention de l’âge de Aisha lors du mariage. Ce n’est qu’après le développement de l’enfance que nous avons tenté d’imposer cette structure sociale à une société qui ne la reconnaissait pas.
De plus, si on prétend que le Moyen-Âge a été une période de corruption morale et que leur perception déformée les a poussés à se marier avec des enfants, il est inutile de regarder plus loin que le siècle dernier aux États-Unis. En 1930, des milliers de garçons et de filles se sont mariés avant l’âge de 14 ans. Il a été rapporté que 1 311 filles de la région Sud-Est Central du pays se sont mariées avant l’âge de 14 ans.[44]
Ces preuves ne suggèrent pas que notre société devrait promouvoir les mariages d’enfants et ignorer les normes sociales actuelles. Cependant, ils suggèrent que nous ne sommes pas libres de mettre en doute l’authenticité de chaque texte religieux qui ne correspond pas à notre vision du monde actuelle.
Conclusion
En conclusion, l’hypothèse selon laquelle l’âge d’Aisha peut être peut être contesté sur la base de l’indécence du mariage d’enfant est invalide car le concept d’enfance n’existait pas à l’époque, l’âge de la puberté de certaines filles était de neuf ans et leur époque la culture était simplement différente. Les affirmations selon lesquelles elle était adolescente au moment de son mariage ne fournissent pas suffisamment de preuves pour écarter deux ḥadīth explicites de Bukhārī et de Muslim, mais représentent plutôt des tentatives de légitimer nos propres doutes.
Sources:
[1] Bukhārī, Ṣaḥīḥ, Nikāḥ, viii. 52 no. 5133.
[2] Muslim, Ṣaḥīḥ, Nikāḥ, ii. 1038 no. 1422.
[3] ʿĀʾisha Bint Abī Bakr, the third and favorite wife of the Prophet, was born in Mecca about 614 CE. Her mother, Umm Rūmān, came from the tribe of Qināna. Muḥammad gave ʿĀʾis̲h̲a the kunya Umm ʿAbd Allāh, after the name of her nephew ʿAbd Allāh b. al-Zubayr. See W. Montgomery Watt, Encyclopedia of Islam Edition 2nd edition: 12 vols. ed. by P.J. Bearman, Th. Bianquis, C.E. Bosworth, E. van Donzel, W.P. Heinrichs et al. (Leiden: Brill, 1960-2005), art. ‘ʿĀʾisha Bint Abī Bakr.’ [EI2]
[4] Abū Dawūd, Sunan, Adab, iv. 284 no. 4933; Ibn Mājah, Sunan, Nikāḥ, iii. 75 no. 1876; Nasāʾī, Sunan, Nikāḥ, vi. 82 no. 3255.
[5] Abū Muḥammad ʿAlī b. Aḥmad b. Saʿīd , born at Cordova in 384/994, died at Manta Līs̲h̲am in 456/1064, was an Andalusian poet, historian, jurist, philosopher and theologian, one of the greatest thinkers of Arabo-Muslim civilization, who codified the Ẓāhirī doctrine and applied its method to all the Qurʾānic sciences. See R. Arnaldez, EI2 art. ‘Ibn Ḥazm.’
[6] Ibn Ḥazm, Ḥujjat-l-Widāʿ, 435.
[7] ʿImād al-Dīn Ismāʿīl b. ʿUmar b. Kat̲h̲īr, born in Boṣrā circa 700/1300 and died in Damascus in S̲h̲aʿbān 774/February 1373, was one of the best-known historians and traditionalists of Syria under the Baḥrī Mamlūk dynasty. Educated at Damascus, where he went to live with his elder brother in 706/1306, after the death of their father, he had as his main teacher, in fiqh, the S̲h̲āfiʿī Burhān al-Dīn al-Fazārī (in 729), but next fell strongly, and very early, under the influence of Ibn Taymiyya (d. 728/1328) and his school. See H. Laoust, EI2, art. ‘Ibn Kat̲h̲īr.
[8] Ibn Kathīr, al-Sīrat al-Nabawiyya, ii. 141.
[9] al-Namarī (al-Numayrī), appellative of a family of Cordovan scholars, the principal representative of which is Abū ʿUmar Yūsuf b. ʿAbd Allāh, born in 368/978. He studied in his native city under masters of repute, engaged in correspondence with scholars of the East and traveled all over Spain “in search of knowledge,” but never went to the East. Considered the best traditionalist of his time, he was equally distinguished in fiqh and in the science of genealogy. After displaying Ẓāhirī tendencies at first, in which he resembled his friend Ibn Ḥazm, he later followed the Malikī doctrine. See Ch. Pellat, EI2, art. ‘Ibn ʿAbd al-Barr.’
[10] Ibn ʿAbd al-Barr,al-Istīʿāb, iv. 1881.
[11] See Ibn Ḥanbal, Musnad.
[12] Ibn Ḥajar, al-Iṣāba.; Bacharach, Middle East Handbook, 54; Mohiuddin, Revelation; Ghufaylī,al-Sanā al-Wahhāj; Ibn Kathīr,al-Bidāya; Ibn Ḥajar, Fatḥ al-Bārī, viii., 304; Al-Dhahabī, Siyar; Ibn ʿĀshūr,al-Taḥrīr wa-l-Tanwīr, xvii., 168; Nawawī, Tahdhīb al-Asmaʾ wa-l-Lughāt; Encyclopedia of Islam, 2nd edition.
[13] Al-Bukhārī reports that Hishām [ibn ʿUrwa] narrates from his father that ʿĀʾisha, may God be pleased with her, [said]: “The Prophet ﷺ married her when she was six years old and he consummated his marriage when she was nine years old, and then she remained with him for nine years.” Bukhārī, Ṣaḥīḥ, Nikāḥ, viii. 52 no. 5133.
[14] al-Qamar, 54:46.
[15] Bukhārī, Ṣaḥīḥ, Tafsīr al-Qur‘ān, vii. 367 no. 4876.
[16] Muslim, Ṣaḥīḥ, Nikāḥ, ii. 1039 no. 1422.
[17] Nasāʾī, Sunan, Nikāḥ, vi. 131 no. 3379.
[18] Ghufaylī, al-Sanā al-Wahhāj, 130.
[19] Al-Dhahabī, Siyar, Hisham ibn ʿUrwa.
[20] Al-Dhahabī, Siyar, Asmaʾ bint Abī Bakr.
[21] Ghufaylī, al-Sanā al-Wahhāj, 188-189.
[22] Ibn Kathīr, al-Bidāya, viii., 91.
[23] Ibn Kathīr, al-Bidāya, iii., 131.
[24] Ibn Ḥajar (d. 852/1448). al-Iṣāba fī Tamyīz al-Ṣaḥāba, ed. ʿĀdil ʾAḥmad ʿabd al-Mawjūd and ʿAlā Muḥammad Muʿawwaḍ, 8 vols. (Beirut: Dār al-Kutub al-ʿIlmiyya, 1415/[1994]).
[25] Ibn Ḥajar. al-Iṣāba, viii. 263.
[26] Bukhārī, Ṣaḥīḥ, Jihād wa Siyar, v. 83 no. 2880.
[27] Muslim, Ṣaḥīḥ, Bayan Sinn al-Bulūgh, iii. 1490 no. 1868.
[28] al-Qamar, 54:46.
[29] Bukhārī, Ṣaḥīḥ, Tafsīr al-Qur‘ān, vii. 367 no. 4876.
[30] Ghufaylī, al-Sanā al-Wahhāj, 227-229.
[31] Tāj al-’Arūs, xxxvii., 347; Lisān al-’Arab , xiv., 143.
[32] Tirmidhī, Sunan, ii., 409.
[33] Ghufaylī, al-Sanā al-Wahhāj, 228.
[34] Ibid.
[35] Brown, The Canonization of Al-Bukhārī and Muslim, 11. Jonathan Brown hints that it began with Simon Ockley (d. 1720), a Cambridge scholar, who says:
Ayesha was but seven years old, and therefore this marriage was not consummated till two years after, when she was nine years old, at which age, we are told, women in that country are ripe for marriage. An Arabian author cited by Maracci, says that Abubeker was very averse to the [sic] giving him his daughter so young, but that Mohammed pretended a divine command for it; whereupon he sent her to him with a basket of dates, and when the girl was alone with him, he stretched out his blessed hand (these are the author’s words) [sic], and rudely took hold of her clothes, upon which she looked fiercely at him, and said: “People call you the faithful man, but your behaviour to me shows you are a perfidious one.”
Jonathan Brown responds after providing evidences:
Marracci is chiefly interested in depicting Muhammad as a lecher and a hypocrite, who gropes women who are not his wives and uses his claims of prophecy for carnal ends. His exaggeration of Abu Bakr’s hesitance merely provides dramatic effect, suggesting that he also wanted to keep his daughter out of lecherous hands. Ockley adopts this and adds his own layer of interpretation. Perhaps because he is skeptical about the claims that women mature so early in warmer climes, Abu Bakr’s original response turns into him being ‘very averse’ to marrying his daughter off at such a young age.
Brown posits that Ockley superimposes his worldview and prejudices upon early Arabian culture. According to Ockley, Abū Bakr’s hesitance in response to the Prophet’s request via Khawla was not because of a previous request by Mutʿim ibn ʿAdiyy or because of brotherhood, but rather because of the shame attributed to child marriages in the 18th century.
[36] Brown, The Canonization of Al-Bukhārī and Muslim, 11.
[37] Zuhaylī, al-Wajīz, 21.
[38] Tirmidhī, Sunan, ii., 409.
[39] al-Imām Abū ʿAbd Allāh Muḥammad b. Idrīs b. al-ʿAbbās b. ʿUt̲h̲mān b. S̲h̲āfiʿ b. al-Sāʾib b. ʿUbayd b. ʿAbd Yazīd b. Hās̲h̲im b. al-Muṭṭalib b. ʿAbd Manāf b. Ḳuṣayy al-Ḳuras̲h̲ī, the eponym, rather than the founder, of the Shāfiʿī school (madhhab). See E. Chaumont, EI2, art. ‘al- Shāfiʿī’.
[40] Dhahabī, Siyar, x., 91.
[41] Bayhaqī, al-Sunan al-Kubrā, ii., 1513.
[42] Ibid.
[43] Postman, The Disappearance of Childhood, 18-21.
[44] Syrett, American Child Bride, 219.