Les chansons islamiques (Anâchîd Islâmiyya)
Question : Nous sommes conscients de l’interdiction des chansons aujourd’hui, en raison de leurs paroles vulgaires, obscènes et futiles, et l’utilisation des instruments de musique. Nous sommes
des jeunes musulmans dont Allah a éclairé les cœurs, et nous avons besoin d’un substitut. Nous avons alors choisi les chansons islamiques (Anâchîd Islâmiyya) qui contiennent de l’exaltation, de
l’émotion, ainsi de suite. Ces Anâchîd sont sous forme de vers poétiques [...]. Quel est le regard de la religion sur ces Anâchîd islamiques qui ne contiennent que des paroles ferventes et de
l’émotion, écrite par des prêcheurs contemporains et passés, et des paroles sincères qui décrivent l’islam et y invitent ? Comme ces Anâchîd sont accompagnés du Duff (sorte de tambourin), est-il
permis de les écouter ? Je sais, et ma science est limitée, que le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a permis de frapper du tambour la nuit du mariage. Faites-nous profiter de votre
science, qu’Allah vous guide vers ce qu’Il aime et agrée.
Réponse : La réponse du Comité est la suivante : vous avez dit vrai quant à l’interdiction des chansons tels qu’on les connaît aujourd’hui, à cause de leurs paroles vulgaires et malsaines, sans
aucun bien, mais qui sont plutôt source de distraction futile, et d’excitation des passions, des instincts charnels et de la perversion, qui pousse celui qui les écoute vers le mal. Qu’Allah nous
guide vers ce qu’Il agrée.
Il est donc permis de remplacer cela par des chants islamiques contenant des sagesses et des rappels qui incitent à la ferveur, à la défense de la religion, qui excitent les émotions islamiques, éloignent du mal et de ses causes, afin de pousser celui qui les écoute à obéir à Allah, à s’éloigner de Sa désobéissance, de la transgression de Ses limites, et incitent au Jihâd dans la voie d’Allah.
Cependant, on ne doit pas prendre cela comme une habitude qu’on garde, mais on peut les écouter de temps en temps, dans des occasions comme le mariage, en
voyage pour le Jihâd dans la voie d’Allah et autre, ou quand il y a un découragement pour le bien, afin d’inciter les gens à faire le bien, et quand les âmes penchent vers le mal, afin de
réprimer ce penchant et de les en écarter.
Mais il est préférable de lire une partie du Coran et un ensemble de rappels prophétiques authentiques, car c’est le meilleur moyen pour purifier les âmes, le plus sûr pour apaiser les cœurs.
Allah, le Très-Haut a dit : « Allah a fait descendre le plus beau des récits, un livre dont [certains versets] se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui
craignent leur Seigneur frissonnent [à l’entendre] ; puis leur peau et leur cœur s’apaisent au rappel d’Allah. Voilà [le Livre] guide d’Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Allah
égare n’a point de guide. » (Az-Zumar, v.23)
et « Ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l’évocation d’Allah. N’est-ce point par l’évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs ? * Ceux qui croient et font de bonnes œuvres, auront le plus de bien et aussi le meilleur retour. » (Le Tonnerre, v. 28-29.)
Le quotidien des Compagnons et leur préoccupation étaient d’accorder la plus grande importance au Livre d’Allah et à la Sunna du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, en les étudiant, en les
apprenant par cœur et en les mettant en pratique. Mais ils avaient des refrains ou des phrases courtes qu’ils déclamaient par exemple, lors du creusement de la tranchée autour de Médina, la
construction de la mosquée, dans le Jihâd et d’autres circonstances, sans que cela soit leur devise et sans leur consacrer toutes leurs préoccupations et tous leurs soins, mais seulement pour
réconforter leurs âmes et raviver leurs sentiments.
Par contre, le tambour et tout autre instrument de musique ne doivent pas accompagner ces chants, car le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, et ses Compagnons ne l’ont pas fait. C’est
Allah Qui guide vers le droit chemin et prières et salut d’Allah sur notre Prophète Muhammad, sa famille et ses Compagnons.
Le Comité Permanent de l’Ifta, Fatâwâ Islamiya (4/532-534).
Remarque : Bien que cette fatwa est en apparence, moins radicalement défavorable aux Anashid, nous espérons que les lecteurs sauront relever toutes les nuances qu’apporte le Comité Permanent de
l’Ifta, et la différence entre ce que le Comité autorise et ce que les gens font aujourd’hui, qui est comme la différence entre la nuit et le jour !
Un mot sur les Anashîd islamiques
Cheikh Nasiruddin Al-Albâni – rahimahullah – a écrit dans son livre Tahrîm آlât it-Tarb (l’interdiction des instruments de musique), p. 181 :
« Un mot sur les Anashîd islamiques
Il ne me reste, pour conclure ce livre qui sera utile – si Allah le veut - qu’à dire un mot sur ce qu’on appelle les Anashîd islamiques ou les « chants religieux », en disant :
Au chapitre 7, nous avons montré les formes de poésie qui étaient autorisées de chanter et celles qui ne l’étaient pas, comme nous avons montré que tous les instruments de musique sont interdits
sauf le Duff, pour les femmes, à l’occasion des fêtes et des mariages.
Dans ce dernier chapitre, nous disons qu’il n’est autorisé de se rapprocher d’Allah (ou de L’adorer) que de la manière qu’Il a prescrite, donc, comment peut-on se
rapprocher de Lui de la manière qu’Il a interdite ? C’est suivant cette règle que les savants ont interdit le chant des soufis, et qu’ils ont réprouvé avec encore plus de vigueur celui qui
les considère comme licites. Si le lecteur garde à l’esprit ce principe solide, il lui apparaîtra clairement qu’il n’y a aucune différence entre les raisons de l’interdiction des chants soufis et
les raisons de l’interdiction des Anashîd.
Mais en réalité, ils se trouvent dans ses Anashîd un autre défaut, qui est qu’ils se chantent à la manière des chants interdits : ils se jouent selon les règles musicales arabes ou occidentales qui divertissent les auditeurs, les font danser, et leur font perdre la maîtrise d’eux-mêmes. Donc, le but ici est de chanter et se divertir et non pas le chant en lui-même. Ceci constitue une nouvelle infraction (à la Sharî’a), qui est le fait de vouloir ressembler aux mécréants et aux débauchés.
Et à la suite de cela, il se produit une autre infraction, qui est de leur ressembler dans leur rejet du Coran et le fait qu’ils s’en détournent ; ils entrent ainsi dans le sens général de la
plainte du Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, à prpos de son peuple (Quraysh), comme Allah le dit : « Et le Prophète a dit : « Seigneur, mon peuple s’est détourné de ce Coran… ».
Et je me rappelle parfaitement, lorsque j’étais à Damas, deux ans avant que je ne m’exile ici (à Amman), que certains jeunes musulmans se mirent à chanter des Anashid dont les paroles étaient
saines, dans l’intention de contrer les chants soufis tels que les poèmes de Bussayri (contenant des paroles de Kufr) et autres, et ils enregistrèrent cela sur cassettes, et il ne se passa que
peu de temps jusqu’à ce qu’ils se mirent à accompagner leurs chants du Duff ! Et au début, on ne les écoutait que dans les mariages, selon le principe que le Duff n’est autorisé que dans les
mariages. Puis, les cassettes se diffusèrent et elles furent copiées, et on se mit à les écouter dans de nombreux foyers, et les gens commencèrent à les écouter nuit et jour, dans les fêtes et en
dehors des fêtes. Et ceci devint leur distraction et leur habitude, et cela ne se produisit que par la force des passions, et l’ignorance des ruse de Satan.
Ces chants les détournèrent et ils n’accordèrent plus d’importance au Coran et ne l’écoutèrent plus, sans parler du fait de l’étudier, et ils s’en détournèrent comme c’est cité dans le verset au
sujet duquel Al-Hâfidh Ibn Kathîr a dit dans son Tafsîr (3/317) : « Allah dit, à propos de Son Prophète, prière et salut d'Allah sur lui : « Et le Prophète a dit : «
Seigneur, mon peuple s’est détourné de ce Coran… », car les polythéistes n’entendaient pas le Coran et ne l’écoutaient pas, comme Allah dit : « Et ceux qui
ont mécru ont dit : « N’écoutez pas ce Coran et distrayez-vous en… » ; et lorsqu’un verset était récité, ils faisaient davantage de vacarme et discutaient, pour que personne n’écoute, et
ceci est parmi leurs actes de rejet (du Coran), et de manque de foi en lui ; et le fait qu’ils n’y croyaient pas fait partie de leur rejet, et le fait de ne pas le méditer et de ne pas chercher à
le comprendre fait partie de leur rejet, le fait de ne pas l’appliquer fait partie de leur rejet, le fait de ne pas s’abstenir de ses interdits et de ne pas appliquer ses ordres fait partie de
leur rejet, et le fait d’y renoncer pour (se tourner vers) la poésie, les propos, les chansons, les divertissements ou les discussions ou d’autre formes, fait partie de leur
rejet.
Je demande à Allah le Généreux, Celui Qui accorde toute chose, Celui Qui est Capable de ce qu’Il veut, de nous éloigner de tout ce qui provoque Sa colère, et qu’il m’utilise dans ce qui Le
satisfait, comme le fait de préserver et retenir Son Livre et le comprendre, et de l’appliquer, jour et nuit, de la manière qu’Il aime et qui Le satisfait. Il est certes Généreux et Celui Qui
accorde. »
Cheikh Muhammad Nasiruddîn Al-Albânî, rahimahullah.
Amman, 28/6/1415 (1995 environ)
A lire sur le sujet :
Un livre intitulé Al-Qawl ul-Mufîd fi Hukm il-Anashîd, avec des fatwas des savants Ibn Uthaymîn, Fawzân, Albani… éditions Mektebat ul-Furqân (EAU).
Et les fatwas sont nombreuses et d'autres seront traduites prochainement - incha'Allah…
Allah est le Plus Savant, et la prière et salut d'Allah sont sur notre Prophète, sur sa famille et sur ses Compagnons.
Article tiré du site des éditions Anas
Tirés de l’article : L’avis juridique sur les anashids dits islamiques