Le jeûne du jour d’'Achoura
(10ème jour de Mouharram)
Louange à Allah, seigneur des univers, prière et salut sur notre Prophète Muhammed ainsi que ses proches, et ses compagnons.
Mouslim rapporte dans son Sahih que le Prophète (sur lui la paix) a dit : « le meilleur jeûne après le jeûne du Ramadan est celui du mois sacré d'Allah ''Al-Mouharram ».
Il fut questionné au sujet du jeûne du jour d’'Achoura et le Prophète (sur lui la paix) répondit : « Il expie les péchés de l'année écoulée » Rapporté par Mouslim. Lorsque le Prophète émigra à Médine, il trouva les Juifs qui jeûnaient le jour d’'Achoura. Il leur demanda : « Quel est ce jour que vous jeûnez ? » Ils répondirent : « C'est un grand jour durant lequel Allah sauva Moussa (Moïse) et son peuple, et noya pharaon et son peuple. Moussa le jeûna alors pour remercier Allah, donc, nous le jeûnons également. ». Le Prophète dit : « Nous sommes plus dignes de nous réclamer de Moussa que vous.». Ainsi, il jeûna ce jour et ordonna de le jeûner.
Il dit également : « Si je suis toujours vivant l'année suivante, je jeûnerais le neuvième jour de Muharram.» Rapporté par Mouslim. Cela signifie qu'il jeûnera le neuvième avec le dixième.
Dans une autre version : « jeûnez un jour avant ou un jour après, faites le contraire des juifs.»
Et dans une autre version : « jeûnez un jour avant et un jour après.» Rapporté par Ahmed.
Comme son nom l'indique, le jour d’‘Achoura ' (Achoura en arabe est une des formes du chiffre 10) correspond au 10ème jour du mois de Mouharram, le 1er mois du calendrier islamique.
Pour l'année 2009, le 9 Muharram 1431 correspondra au Samedi 26 Décembre 2009 et donc, le 10 correspondra au Dimanche 27 Décembre In cha Allah. Ne l'oubliez pas, jeûnez-les !!
Comment ce jeûne a-t-il été institué ?
Selon un hadith de ‘Aïcha (qu’Allah l’agrée), les gens de la tribu de Quraysh jeûnaient le jour d'Achoûrâ' à la Mecque avant l'avènement de l'islam (Al-Boukhârî et
Mouslim).
Puis, à son arrivée à Médine, le Prophète remarqua que les juifs jeûnaient ce jour ; il les interrogea à ce sujet et ils lui répondirent que c'était pour eux un jour de fête, car il correspond au
jour où Allah a sauvé le prophète Moûssâ (Moïse) et son peuple, en lui ouvrant la mer et en noyant à sa suite, Pharaon et ses soldats. Moûssâ le jeûna alors pour
remercier Allah. Le Prophète (paix et salut d'Allah sur lui) ordonna
alors de jeûner ce jour en rétorquant aux juifs : « Nous sommes plus dignes de nous réclamer de Moussa que
vous.». Ainsi, il jeûna ce jour et ordonna de le jeûner.
Ce jeûne resta obligatoire jusqu'à ce que fût prescrit le jeûne du
ramadan. Alors, le jeûne du ramadan devint obligatoire à la place du jeûne d'Achoûrâ' qui devint par la suite facultatif.
Ibn ‘Oumar rapporte du Prophète (paix et salut d'Allah sur lui) : « ... Celui qui veut, jeûne et celui qui veut, mange [en ce jour]. » (Al-Boukhârî et Mouslim)
L'histoire de Moussa avec pharaon :
Ce sermon de notre frère Abou Ayyoub Soufiane (qu'Allah le préserve) relate la relation entre le jeûne de
Achoura et l'évènement qui se déroula entre Moussa et Pharaon.
Sermon : Achoura et l'injustice de Pharaon
En résumé, lorsque Moussa quitta l'Égypte avec ses troupes, pharaon le suivit avec son peuple. Quand les deux groupes furent à portée de regard les uns des autres, Moussa se dirigea vers la mer avec son peuple, alors que pharaon et son peuple s'approchaient d'eux. Les compagnons de Moussa s'écrièrent : ils nous ont rejoints! Allah inspira alors à Mussa de frapper la mer de son bâton. Il la frappa et s'ouvrirent douze chemins, comme le nombre de tribus. Lorsque Moussa et son peuple empruntèrent le chemin et en sortirent, pharaon et son peuple le suivirent. Puis, quand ils furent tous au complet, Allah donna l'ordre et la mer se rabattit sur eux, leurs corps périrent noyés et leurs âmes dans le feu de l'enfer pour y brûler.
Allah dit : «
Le feu de l'enfer, auquel ils seront exposés matin et soir. Et le jour où l'heure arrivera, on dira: faites entrer pharaon et ses proches au plus dur des châtiments.» (Celui qui pardonne v. 46)
Ils servirent d'exemple pour ceux qui réfléchissent, tel est la conséquence des péchés.
Allah dit : «
Nous fîmes traverser la mer aux Enfants d'Israël. Pharaon et ses armées les poursuivirent avec acharnement et inimitié. Puis, quand la noyade l'eut atteint, il dit : « Je crois qu'il n'y a pas
d'autre divinité que Celui en qui ont cru les Enfants d'Israël, et je suis parmi les soumis! » (Yûnus v .90)
On lui répondit : « Maintenant ?! Alors qu'auparavant tu as désobéi et tu étais parmi les corrupteurs! Aujourd'hui, nous allons épargner ton corps, afin que tu sois un signe pour tes successeurs. Mais
beaucoup de gens ne prêtent aucune attention à nos signes d'avertissement.» (Yûnus v .91-92)
Puis le mer le rejeta, afin qu'ils s'assurent qu'il fut bien mort, alors qu'il disait: « Je suis votre seigneur le très haut! » (Les anges qui arrachent les âmes v. 24)
Et aussi : « Je ne connais pas pour vous d'autre divinité que moi! » (Les récits v.38)
Ainsi est la finalité de l'injustice et de la tyrannie, et le châtiment de l'au-delà est encore plus pénible et permanent.
Dans les deux recueils authentiques de Boukhari et Mouslim, Ibn 'Abbas fut questionné au sujet du jour d''Achoura, il répondit : "je n'ai pas vu le prophète jeûner un jour en y recherchant plus son mérite si ce n'est ce jour-ci, c'est-à-dire 'Achoura.
Le jour de 'Achoura a un mérite. En effet, il est sacré de longue date, son jeûne était connu chez les prophètes de part son mérite. Nouh (Noé) et Moussa l'ont jeûné, les Gens du Livre le jeûnaient, de même les Qouraychites le jeûnaient à l'époque préislamique. Le Prophète r l'a jeûné en quatre étapes :
1/ Il le jeûnait à La Mecque, sans ordonner aux gens de le jeûner. Dans les deux recueils authentiques d'après Aïcha t : «'Achoura était un jour de jeûne pour les Qouraychites à l'époque préislamique et le Prophète r le jeûnait. Puis, quand il émigra à Médine, il le jeûna et ordonna de le jeûner. Ensuite, quand fut révélée l'obligation du mois de Ramadan, il ne jeûnait que le Ramadan et délaissa le jeûne de 'Achoura. Donc, celui qui veut, le jeûne et celui qui ne veut pas, mange.»
2/ Lorsqu'il arriva à Médine, il vit que les Gens du Livre jeûnaient ce jour et le vénéraient. Et il aimait faire comme les Gens du Livre dans les choses pour lesquelles il n'avait pas reçu d'ordre. Il le jeûna donc et ordonna aux gens de le jeûner, et les incita, à tel point qu'ils faisaient jeûner leurs enfants, comme cela est rapporté dans les deux recueils authentiques d'après Ibn 'Abbas et d'autres.
3/ Lorsque fut prescrit le jeûne du mois de Ramadan, le prophète r n'ordonna plus les compagnons de jeûner 'Achoura et n'insista plus à son sujet.
Le hadith de Aïcha à ce sujet a été précité, et la plupart des savants jugent qu'il est conseillé de jeûner sans caractère renforcé.
4/ A la fin de sa vie, le Prophète r décida de ne plus le jeûner seul, mais d'y ajouter un jour, afin de faire le contraire des Gens du Livre dans leur jeûne.
Ibn El Qayyim a dit : « Le jeûne d'Achoura se fait de trois façons :
- La plus complète consiste à jeûner un jour avant et un jour après.
- Ensuite, jeûner les neuvième et dixième, la plupart des hadiths concernent cela.
- Ensuite, jeûner le dixième seul.
Certains prédécesseurs jeûnaient 'Achoura en voyage, parmi eux Ibn 'Abbas, et ils disaient : « le mois de Ramadan peut être compensé par un nombre égal de jours, alors que 'Achoura, si son jour passe, on ne peut plus le compenser.»
Parmi les choses les plus extraordinaires rapportées au sujet de 'Achoura: le fait que les animaux sauvages, les fauves et les fourmis le jeûnaient !
Parmi ses mérites : Allah pardonna à un peuple en ce jour et il pardonna à d'autres comme dans le hadith rapporté par El-Tirmidhi d'après 'Ali. Ceci incite à renouveler le repentir sincère à Allah le très haut, en ce jour de 'Achoura, en espérant qu'il accepte le repentir, car celui qui se repent à Allah de ses péchés, Allah accepte son repentir.
[Extraits de Latâif El Ma'ârif de Ibn Rajab et Zâd El ma'âd de Ibn El Qayyim]
Ô Allah pardonne-nous, Tu es celui qui pardonne et le miséricordieux.
Pardonne-nous ainsi qu'à nos parents et tous les musulmans.
Accorde-nous d'accomplir ce que tu aimes et agrées, tu es en toute chose omnipotent.
Et que la prière et le salut d'Allah soient sur son adorateur et messager Muhammed, ainsi que ses proches, et ses compagnons.
Quelle est la meilleure manière de jeûner 'Achoura ?
Jeûner le 9 et le 10 du mois Mouharram est la manière la plus conseillée - si Allah le veut - selon le hadith du Prophète (paix et salut d'Allah sur lui), rapporté
par Ibn ‘Abbâs : « Si je suis encore vivant l'année prochaine, je jeûnerai le 9
(c’est-à-dire avec le 10). » Rapporté par Mouslim. Mais le Prophète (paix et salut d'Allah sur lui) mourut avant cela.
Le Prophète a donc recommandé de jeûner le 9 (avec le 10), pour se différencier des juifs qui ne jeûnaient que le 10.
Cependant, la partie du hadith mentionnant ceci : « Différenciez-vous des juifs, jeûnez un jour avant ou (dans une autre version, "et") un jour après [en plus du jour de ‘Achoûrâ']. »
est faible.
Le mérite de celui qui le jeûne
Selon le hadith d'Abû Qatâda, le Prophète r a dit : « Ce jeûne efface les péchés de l'année précédente. » (Mouslim)
Cher frère, chère sœur en islam, le(a) croyant (e) sincère et éclairé (e) est celui (celle) qui ne manque aucune occasion de se purifier et de faire le bien, car de la vie ici-bas, seules les
bonnes actions resteront et compteront dans la balance du jour du Jugement dernier.
Il est donc souhaitable pour le musulman de jeûner les trois jours : le neuvième, le dixième, et le onzième de Mouharram, afin d'obtenir les mérites suivants:
- Premièrement : Il lui sera inscrit la récompense d'un mois complet de jeûne, car chaque bonne action a dix fois sa récompense.
De plus, le Prophète r jeûnait trois jours chaque mois et ordonnait de le faire.
- Deuxièmement : Le jeûne de ce mois est le meilleur après celui de Ramadan, comme l'indique le hadith précité.
- Troisièmement : Faire le contraire des Juifs, en jeûnant le neuvième jour et le onzième avec le dix.
- Quatrièmement : Suivre
l'exemple du Prophète r, car il l'a jeûné et a
ordonné de le jeûner, comme l'a rapporté Al-Boukhari et Mouslim d'après Ibn 'Abbas.
- Cinquièmement : Il expie les péchés d'une année complète. C'est-à-dire les petits péchés à condition de s'écarter des grands péchés.
Quant au jeûne en lui même, sa récompense n'est pas fixée, ni limitée, le Prophète r a dit : pour toute oeuvre du fils d'Adam, chaque bonne action a dix fois sa récompense, jusqu'à sept cents fois.
Allah dit : « Sauf le jeûne, car il est pour moi, et c'est moi qui le récompense. »
En effet, le jeûne fait partie de la patience or Allah a dit : « Les endurants auront leurs récompenses sans compter. » (Les groupes, v.10)
Le jeûne en hiver constitue un gain facile, la journée étant courte et froide, et une récompense sans effort. De même qu'en été le jeûne constitue une des meilleures oeuvres.
Avec cela, nous espérons, en plus d'obtenir auprès d'Allah cette récompense, obtenir également la récompense de ce qui suit :
- faire revivre la Sunna, en se conformant aux recommandations et à l'exemple du Prophète r ;
- Inviter les musulmans à pratiquer cette Sunna délaissée... et ceci fait partie des meilleures actions.
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya fut interrogé sur certaines pratiques, qui ont lieu à l’occasion de ‘Achoura, comme (à titre d’exemples) :
-
Se préparer le jour de ‘Achoura pour mettre du khôl autour des yeux et mettre du henné.
-
- Préparer un mets spécial pour ce jour précis.
-
- Prier d’une manière spécifique ce jour précis.
- Se flageller jusqu’au sang, déchirer ses vêtements comme le font certains chiites ce jour et toute l’année !
- Visiter le cimetière spécialement en ce jour.
- L’achat d’instruments de musique et porter un accoutrement distinct.
- Les dépenses pour les enfants.
- Sacrifier une bête ce jour précis.
- Allumer des cierges ou des feux d’artifice ce jour précis, etc.
Il a alors répondu (extraits de : Majmû’ el Fatâwa (25/299-317) :
Louange à Allah, Seigneur de l’Univers ! Il n’existe aucun Hadith authentique sur le sujet qui proviendrait du Prophète (r) ou de ses Compagnons. Aucune référence musulmane n’a recommandé de faire ce genre de pratiques ni parmi les Imams des quatre écoles ni personnes d’autres d’ailleurs. Aucun recueil de référence ne rapporte quoi que ce soit de ce genre ni de la part du Prophète (r) ni de la part de ses Compagnons ou de leurs Successeurs ; ces recueils ne renferment sur la question aucunes annales qu’elle soit faible ou authentique ni dans les Sahîh ni dans les Sunan ou encore dans les Musnad. Aucun Hadith de ce genre ne fut recensé à l’époque de l’âge d’or musulman.
Néanmoins, certaines personnes des générations plus récentes rapportent certains
Hadiths de ce genre disant par exemple que « quiconque se passe du Kohol le jour de ‘Achoura sera préservé de la
conjonctivite pendant toute l’année » ou « quiconque fait la grande ablution le jour de ‘Achoura ne tombera pas malade pendant toute l’année », etc. D’autres annales
(toutes aussi fausses NDT) concernent les mérites de la « prière de ‘Achoura » ; ce serait également le jour où Adam fit son repentir, le jour où l’arche de Noé échoua sur
la montagne d’el Jûdî, où Youssef retrouva son père, où Ibrahim fut sauvé du feu, où son fils fut remplacé par un bélier, etc.
Certains rapportent un propos prophétique purement inventé disant : « Allah fait
des largesses durant le reste de l’année à quiconque fait des largesses à sa famille le jour de ‘Achoura. » cette version remontant au Prophète (r) est complètement fausse bien qu’elle soit plus connue sous les paroles de Sufiân ibn ‘Uaïyna
qu’il rapporte d’Ibrahim ibn Mohammed ibn el Muntashir, qu’il rapporte lui-même de son père. Ce fameux Ibrahim compte parmi les habitants de
Kûfa connus pour s’être divisés en deux groupes ; les Rafidhîtes qui se revendiquent être les partisans de ‘Ali alors qu’en
réalité ils sont soit des hypocrites (Zindîq) athées soit des ignorants qui se sont laissés envahir par les passions. L’autre groupe ; les Nâsibites se mirent à détester le
troisième Calife et ses adeptes suite aux événements qui eurent lieu à son époque.
Or, il est certifié dans Sahîh Muslim que le Prophète (r) a déclaré : « Il y aura dans la tribu de Thaqîf un grand menteur et un tyran (mot-à-mot il
convient de dire un exterminateur NDT) » Le grand menteur c’est el Mukhtâr ibn ‘Ubaïd e-Thaqafî qui s’est fait passer pour un partisan de ‘Ali avant de revendiquer qu’il recevait
la Révélation de la part de Jibrîl. Le tyran s’incarne en la personne d’el Hajjâj ibn Yûssef e-Thaqafî qui en raison de son opposition à ‘Ali et à
ses partisans comptait parmi les Nâsibites. Pour avoir revendiqué la prophétie, le premier de ces deux hommes, un Rafidhîte
était plus éloigné des préceptes de la religion que l’autre qui incarnait la punition céleste à l’encontre de tout rebelle s’étant révolté contre les autorités en place. Il y avait à
Kûfa des troubles entre ces deux groupes dont la mort d’el Husaïn (t), le jour de ‘Achoura est l’un des épisodes. Allah lui a ainsi fait l’honneur du martyr comme il l’a fait à d’autres membres de sa famille à l’exemple de
son père, de Ja’far, et de Hamza.
À travers cela, il a gagné en degré et en mérite en sachant que lui et son frère sont les
maîtres de la jeunesse au Paradis. Les hauts échelons du Paradis ne s’acquièrent qu’à travers de dures épreuves. Les prétendus partisans d’el Husaïn l’ont vilement abandonné après lui avoir promis leur soutien alors que les vrais alliés d’el Husaïn à
l’exemple d’ibn ‘Abbâs et d’ibn ‘Omar lui avaient conseillé de ne pas se rendre chez ces gens-là. Il y a eu ensuite ce qui devait arriver. Par la suite, ces mêmes prétendus partisans ont fait de
‘Achoura un jour de deuil au cours desquels ils exhibent des pratiques de l’ère païenne comme le fait de se griffer le visage, de se déchirer les vêtements, et de se faire les
condoléances à la manière du paganisme. L’Islam nous ordonne pourtant de dire en cas de malheur : « Nous sommes à Allah et s’est vers Lui que nous
retournons ! »
Dans ce registre, le Prophète (r) a affirmé : « Quiconque se griffe le visage, se déchire les vêtements et profèrent des invocations païennes ne fait pas partie des nôtres. » Il (r) a préconisé par ailleurs : « Il n’y a pas un homme qui après avoir subi un malheur et qui, s’en étant rappelé après une certaine période, prononce : Nous sommes à Allah et c’est vers Lui que nous retournons, sans qu’Allah lui offre la même récompense que le jour où il l’a subi. »
C’est une faveur que le Seigneur fait grâce au croyant. C’est pourquoi il incombe de prononcer cette formule toutes les fois où la mort d’el Husaïn nous vient en mémoire afin de recevoir la même récompense que lui le jour où il a connu le martyr. Allah nous impose d’endurer et de patienter immédiatement après avoir subi un malheur ; il incombe d’autant plus de patienter après une longue période.
En faisant revivre cet événement à travers les pleurs, les poésies mélancoliques, et les annales
historiques qu’ils enrobent de mensonges, ils ne font que rouvrir les plaies et cultiver la haine et le fanatisme entre les musulmans ; surtout s’ils en profitent pour injurier les
prédécesseurs… à l’inverse et en réaction à ce mal, leurs adversaires Nâsibites ont rendu le mal par le mal, l’hérésie par l’hérésie, le
mensonge par le mensonge, la corruption par la corruption. Ils ont ainsi inventé des textes disant que ‘Achoura est l’occasion d’exprimer la gaité et la joie à travers le Kohol,
le « henné », les dépenses pour les enfants, les plats faits spécialement pour les grandes occasions et les fêtes, etc.
Ainsi, les uns prennent ‘Achoura pour un jour de deuil et les autres le prennent pour
un jour de fête alors que les deux parties sont littéralement opposées à la Sunna ; bien que la première d’entre elles soit plus perfide et plus injuste, l’Islam nous commande
malgré tout de rester justes.
Ni le Messager d’Allah (r) ni les Califes après lui n’ont légiféré quoi que ce soit de ce genre le jour de ‘Achoura ; ce n’est ni un jour de deuil ni un jour de
fête.
Arrivé à Médine, le Messager d’Allah (r) trouva les juifs en train de jeûner le jour de ‘Achoura. Dès lors, il (r) les interrogea en ces termes : « Quel est ce jour que vous consacrez au jeûne ?
- C’est un jour illustre, ont-ils répondu, il correspond au jour où Allah sauva Mûsâ et son peuple des mains de Pharaon et de son armée qu’Il fit périr sous les eaux. Mûsâ lui consacra alors un jour de jeûne par reconnaissance envers Allah, c’est pourquoi nous jeûnons ce fameux jour.
- Nous sommes plus dignes de Mûsâ que vous ! leur a-t-il répondu. »
Les Quraïshites encensaient également ce jour au temps du paganisme. Au début, il ordonna aux gens de jeûner un seul jour. Sa venue à Médine correspondait au mois de Rabî’ el Awwal. Il dut attendre l’année suivante pour jeûner ‘Achoura ; cette même année le jeûne du mois de Ramadhan fut prescrit. C’est ainsi que le jeûne de ‘Achoura fut abrogé.
Les savants ont toutefois divergé sur la question de savoir si dans un premier temps, le jeûne de ‘Achoura était obligatoire ou simplement recommandé. Il existe deux tendances connues sur la question dont la plus vraisemblable est celle qui lui donnait un aspect obligatoire. Par la suite, il fut simplement recommandé de jeûner pour celui qui voulait le faire.
Le Prophète (r) n’a pas ordonné à tout le monde de jeûner ce fameux jour, mais il s’est contenté de dire : « Aujourd’hui c’est ‘Achoura et moi je jeûne aujourd’hui, quiconque veut jeûner n’a qu’à le faire. » Il a également dit : « Jeûner le jour de ‘Achoura permet d’effacer une année de péchés tandis que jeûner le jour de ‘Arafa permet d’effacer deux années de péchés. »
À la fin de sa vie cependant, il a appris que les juifs consacraient un jour de fête à l’occasion de ‘Achoura, c’est pourquoi il affirma en vue de se distinguer des juifs : « Si je suis encore en vie l’an prochain, je jeûnerais également le neuf.» Il ne voulait pas donner l’impression qu’il lui consacrait également un jour de fête. Certains Compagnons et certains savants préféraient ne pas jeûner à cette occasion ; ils considéraient qu’il n’était pas spécialement recommandé d’y jeûner. Ils pensaient qu’il était plutôt déconseillé d’y consacrer un seul jour de jeûne. D’autres savants estiment à l’inverse qu’il est recommandé d’y jeûner.
En vérité, il est recommandé d’y jeûner à condition de jeûner auparavant le neuvième jour de Muharram étant donné que cela correspond au dernier ordre du Prophète (r) sur la question. Voici donc ce que veut la Tradition. Quant à consacrer certaines pratiques à l’occasion de ‘Achoura comme le fait de sacrifier une bête, de mettre du Kohol, du henné, des vêtements neufs, de donner de l’argent aux enfants, de faire les réserves de l’année, de se serrer exprès la main, de se visiter, de visiter les mosquées ou les mausolées, etc. cela relève de l’innovation condamnable que le Prophète (r) n’a jamais légiférée ni lui ni les Califes après lui. Aucune grande référence à l’instar de Mâlik, e-Thawrî, e-Laïth ibn Sa’d, Abû Hanîfa, el Awzâ’î, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, Ishaq ibn Râhaway, etc. ne l’a jamais recommandé. Certains savants parmi les dernières générations assument certes que certaines annales sur la question ont une origine. Mais en cela, ils ont tort comme le confirment les spécialistes en la matière…
Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,
et tous ses Compagnons !
Article pour islamhouse
Traduit et adapté par : karim zentici
Revu par abu hamza al-germâny
Publié par
Le bureau de prêche de Rabwah (Riyadh)