Louange à Allah le Seigneur de l’univers. Il nous a agréé l’Islam comme religion et Il a fait de nous des musulmans. Il nous a parfait de Ses bienfaits et nous a
parachevé notre religion. J’atteste qu’il n’y de dieu (digne d’être adoré) en dehors d’Allah, Seul et sans associé. Le Dieu des premiers et des derniers hommes. Ce Dieu qui maintient les cieux et
la terre. Et j’atteste que Mohammed est Son serviteur et Son Messager. Il l’a envoyé par miséricorde envers l’humanité. Ô Allah ! Que Ta Prière, Ton Salut et Ta Bénédiction soient sur
lui ! Ainsi que sur sa noble famille, ses Compagnons bienheureux et resplendissants, et tous leurs fidèles successeurs jusqu’au Jour des Comptes !
Les bienfaits d’Allah envers Ses créatures sont innombrables. Il les a sorti du néant et leur a fait don de toute
sorte de jouissances. Il leur a offert un corps sain et la sécurité au milieu des leurs. Il pourvoit à leurs besoins, Il leur répand la richesse, etc. Au demeurant, le plus grand bienfait qu’Il
leur a offert, c’est de leur avoir envoyé des nobles messagers. Ces derniers ont la mission de les guider vers la vérité et de les sortir des ténèbres pour les mener à la lumière. Allah
révèle : [Nous avons envoyé à chaque communauté un messager (leur disant) : adorez Allah et détournez-vous du
Taghût].[Les abeilles ;
36] [Nous n’avons pas envoyé de messager avant toi sans lui
révéler qu’il n’y a d’autre dieu que Moi, alors adorez-Moi].[Les
prophètes ; 25] [Il fait descendre l’Esprit par les anges
sous Son ordre sur qui Il veut parmi Ses serviteurs auxquels Il dit : avertissez qu’il n’y d’autre dieu que Moi, alors craignez-Moi].[Les abeilles ; 2]
Allah a parachevé la prophétie avec l’avènement de notre Prophète Mohammed. Son message à la fois complet et
éternel s’adresse à tous. Sa mission est donc en vigueur jusqu’à la fin des temps. Celle-ci concerne à la fois les hommes et les génies et elle est complète dans le sens où elle n’accuse aucun
manque. Allah révèle en effet : (Aujourd’hui, Je vous ai parachevé votre religion, Je vous ai parfait de Mes Bienfaits, et je vous ai agréé l’Islam comme
religion).[Le Repas Céleste ;
3] Le Messager d’Allah (e) nous apprend quant à lui : « Par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! Quiconque dans cette communauté qu’il soit juif ou chrétien entend parler de moi et ne croit pas avant de
mourir au message que j’ai reçu, comptera parmi les gens de l’Enfer. »[Rapporté par Muslim (153).] La communauté dont
fait mention ce Hadith correspond à celle à qui s’adresse son prêche (Umma e-Da’wa).[Celle-ci vient en parallèle à la communauté qui a répondu à son prêche (Umma el Istijâba). (N. du T.).] Elle englobe ainsi tous les hommes et les Djinns depuis son avènement jusqu’à la fin du monde. Quiconque croit en lui entrera au
Paradis et l’Enfer est désigné à quiconque mécroit en lui. Le Prophète affirme à propos de Moussa que les juifs prétendent suivre : « Si Moussa était vivant, il ne lui appartiendrait que de me suivre. »[7] Il affirme également à propos de Jésus que les chrétiens prétendre
suivre : « Par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains ! Ibn Mariam va bientôt descendre parmi vous ; il sera un homme sage et équitable. Il va
briser la croix, tuer le porc, lever le tribut, et distribuer tellement d’argent qu’il ne trouvera personne pour l’accepter. »[Rapporté par el Bukhârî (2222) à qui revient l’énoncé et Muslim (155), selon Abû
Huraïra.]
Il incombe d’appliquer la loi musulmane
Allah a imposé aux musulmans d’appliquer la Législation que le noble Messager nous a apportée. Allah déclare à ce
sujet : [Puis, Nous t’avons mis sur le chemin de la Loi ; suis-le donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas • Ils ne peuvent nullement te
protéger contre Allah. Les injustes sont les alliés les uns des autres tandis qu’Allah est l’Allié des gens pieux].[L’agenouillée ; 18-19] [Suivez les enseignements qui vous sont descendus de votre Seigneur et ne suivez pas des élus en dehors de Lui, mais vous ne vous rappelez que très
peu].[El A’râf ; 3] [Ô croyants ! Obéissez à Allah, obéissez au Messager, et aux gouverneurs parmi vous. Si vous avez
le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager si vous croyez vraiment en Allah et au Jour Dernier ; cela vaut mieux pour vous et aura de meilleures
conséquences].[Les femmes ; 59] [Si vous avez la moindre divergence, son jugement revient à Allah].[La concertation ; 10] [Celui qui suit ma direction ne sera ni égaré ni malheureux• Mais celui qui se détourne de Mon rappel,
il aura une vie malheureuse et Nous le ressusciterons aveugle le Jour de la Résurrection • Il dira : Seigneur ! Pourquoi m’as-Tu ressuscité aveugle, moi qui voyait auparavant • Ainsi te
sont venues Nos Signes mais tu t’en es détourné. De la même façon aujourd’hui tu es oublié • C’est Ainsi que Nous rétribuons tout transgresseur et celui qui ne croyait pas aux Signes (ou Versets)
de Son Seigneur, alors que le châtiment de l’au-delà est plus dur et bien plus long].[Ta-Ha ; 123-127] [Est-ce les jugements de l’ère païenne qu’ils veulent ? Allah ne détient-Il pas le meilleur jugement pour les gens qui en sont
convaincus].[Le Repas Céleste ;
50] [Par Allah ! Ils ne peuvent prétendre à la foi tant
qu’ils ne te soulèveront pas leurs litiges et qu’ils n’éprouvent aucune gène face à ton jugement en s’y soumettant totalement].[Les femmes ; 65]
Les musulmans doivent donc appliquer la Sharî’a et revenir à celle-ci pour régler leurs litiges. Ils doivent
délaisser les législations humaines car la Sharî’a est une Révélation venant d’Allah le Sage (ou le Juge) et le Savant. Sa Loi veille à l’intérêt des créatures dans ce monde et la vie future.
Elle fut descendue par Allah qui se caractérise par les Attributs parfaits et qui est épargné de tout défaut. Celle-ci est permanente et elle va durer jusqu’au jour où Allah fera hériter la terre
et ses occupants. Quant aux législations humaines, elles sont aussi défectueuses que leurs auteurs. Elles sont soumises aux fluctuations et aux changements. La différence qui existe entre la
Législation divine et les différentes législations humaines est la même que celle entre le Créateur et Ses créatures.
La Législation musulmane est juste et elle prône la
justice
La Législation musulmane est juste en elle-même et elle prône la justice. Allah déclare au sujet du premier
élément : [La Parole de Ton Seigneur s’est avérée en toute vérité et en toute justice ; rien ne peut changer Ses Paroles, Il est certes l’Entendant et le
Savant].[ Le bétail ; 115] Autrement dit, Ses informations sont véridiques et Ses lois sont justes. Ibn Kathîr affirme en commentaire à ce Verset :
« Qatâda a dit : « Il est véridique dans Ses Paroles et Juste dans Ses Lois. » Il dit la vérité dans ce qu’Il informe et Il est juste dans
ce qu’Il ordonne. Ses informations sont toutes vraies et elles ne sont sujettes à aucun doute ni à aucune suspicion. Ses obligations incarnent le summum de la justice et Ses interdictions portent
uniquement sur des choses qui sont mauvaises et qui engendrent le mal, comme le révèle le Verset : [Il leur ordonne le bien et leur interdit le
mal].[El A’râf ; 157] »
Quant au deuxième élément, la religion prône la justice et interdit l’injustice dans de nombreux Verset dont
notamment : [Allah ordonne la justice et la bienfaisance et de donner à ses proches. Il interdit la perversité, le mal et l’animosité. Il vous fait un sermon
ainsi allez-vous vous rappelez].[Les abeilles ;
90] Ibn Kathîr a fait le commentaire suivant : « Allah informe qu’Il ordonne à Ses serviteurs la justice, l’équité, et l’égalité. Il leur recommande en outre d’être bienfaisants comme dans le Verset : (Si vous devez punir, faites subir la même chose que l’on vous a fait subir mais si vous voulez patienter, cela vaut mieux d’être patients).[Les abeilles ; 126] [Il faut rendre un mal par un mal identique, mais celui qui pardonne et qui s’arrange, trouvera sa
récompense auprès d’Allah].[La concertation ;
40] [Les blessures tombent sous la loi du Talion, mais à celui
qui veut en faire une aumône, cela lui vaudra une expiation].[Le Repas
Céleste ; 45] Biens d’autres Versets ordonnent la justice et recommande la
vertu. » Dans Ahkâm el Qur-ân, ibn el ‘Arabî souligne quant à lui au niveau de ce Verset : « La justice que le serviteur doit rendre à Son Seigneur,
c’est de sacrifier ses propres intérêts à ses devoirs envers Lui. Il doit faire passer la Satisfaction d’Allah avant ses passions. Cela consiste à s’éloigner des interdictions et de se soumettre
aux obligations. Quant à la justice qu’il doit faire preuve envers lui-même, cela consiste à défendre son âme de sombrer dans la perdition comme le souligne le Verset [et qui défend son âme
contre les passions].[E-Nâzi’ât ;
40] Il faut en plus renoncer à convoiter les biens de ses partisans et être toujours
contenté (dans toutes les situations et dans tous les sens du terme ndt.). Quant à la justice qu’il doit faire preuve envers les hommes, cela consiste à leur prodiguer le bon conseil, à ne
chercher en aucun cas à les trahir, et à être objectif envers soi à tous les niveaux. Il ne faut porter préjudice à personne ni par les paroles ni par les actes, ni ouvertement ni en secret. Cela
ne doit même pas traverser l’esprit. Il incombe également de patienter face aux préjudices que l’on peut subir de leur part. Le moindre que l’on puisse faire, c’est de rester objectif envers soi
et de ne porter préjudice à personne. » Après avoir rapporté ces paroles, el Qurtubî commenta : « Voici en détail en quoi consiste la justice ;
il faut être juste et bienfaisant. »
Le Hadith suivant réunit les trois niveaux de justice dont fait mention l’extrait précédent. Le
Prophète
déclare en effet : « Crains Allah où que tu sois, et fais suivre une mauvaise
action par une bonne action qui l’effacera, et aie un bon comportement avec les gens. »[Rapporté selon Abû Dharr par e-Tirmidhî (1987) qui a fait le commentaire suivant : « Hadith bon et
authentique. »] Dans ce sens, nous avons le Verset dans la sourate les femmes :
[Ô croyants ! Faites régner la justice, et soyez les témoins d’Allah même envers vous-mêmes, vos parents et vos proches. Que l’un d’eux soit riche ou pauvre,
Allah passe avant eux. Ne suivez pas les passions au détriment de la justice. Que vous fassiez un faux témoignage ou que vous vous en détourniez, Allah sait parfaitement ce que vous
faites].[Les femmes ; 135] Dans la sourate le Repas céleste, Allah déclare : [Ô croyants ! Soyez les témoins d’Allah et
faites régner la justice. Que vous portiez de l’aversion envers certains gens ne doit pas vous pousser à l’injustice. Soyez juste, vous tendrez ainsi à la piété ! Craignez Allah car Allah
sait parfaitement ce que vous faites].[Le Repas Céleste ;
8] Dans la même sourate, il est dit également : [Que vous
portiez de l’aversion envers certains gens qui vous ont défendu d’entrer dans la mosquée sacrée ne doit point vous pousser à l’injustice].[Le Repas Céleste ; 2] Dans tous ces Versets, Allah ordonne à Ses serviteurs l’équité qui correspond à la justice envers les proches et les moins proches,
les amis et les ennemis. Il ne s’agit pas d’être conciliant avec quelqu’un sous prétexte d’avoir des sentiments envers lui ni d’être injuste envers lui sous prétexte d’avoir de l’aversion envers
lui. Ibn Kathîr fait remarquer en explication au dernier Verset cité : « C’est-à-dire que l’aversion que vous portez contre des gens ne doit pas vous poussez à délaisser la justice, car
faire régner la justice incombe à chacun quelle que soit la situation. Un ancien affirme à cet effet : « Celui qui dans ses relations avec toi désobéit Allah ne
doit pas t’empêcher d’obéir à Allah dans tes relations avec lui ; car c’est avec justice que furent établis les cieux et la terre. » »
Dans cet ordre, nous avons également le Verset disant : [Rendez le poids et la
mesure en toute justice. Nous n’imposons rien à une âme au-dessus de ses forces. Si vous devez témoigner, alors soyez juste même à l’encontre d’un proche].[Le bétail ; 152] Ibn Kathîr a dit : « Le Très-Haut ordonne d’être juste dans les
paroles et les actes aussi bien envers un proche qu’envers une personne éloignée. Allah impose la justice à chacun à tout moment et dans toutes les situations. » Allah révèle
également : [Allah vous ordonne de rendre le dépôt à leur ayant droits et de juger en toute justice lorsque vous jugez entre les gens. Allah vous exhorte à la
meilleure des choses, Allah est certes Entendant et Voyant].[Les femmes ;
58] Autrement dit, Allah vous ordonne de restituer les dépôts, de juger équitablement entre
les gens et de se soumettre en général à Sa législation illustre qui offre des lois parfaites et complètes.
Les gens justes sont louables et méritent la
récompense ;
Les gens injustes sont blâmables et méritent le châtiment
Ainsi, la législation musulmane ordonne la justice et interdit l’injustice. En parallèle, elle fait les éloges des
gens justes qui méritent la récompense et elle blâme les injustes qui encourent le châtiment. Allah a dit : [Parmi le peuple de Moussa, il y en a qui sont
guidés sur (ou qui appellent à) la vérité grâce à laquelle ils observent la justice].[El A’râf ; 159] [Parmi Nos créatures, il y en a qui sont guidés sur (ou qui appellent à) la vérité grâce à laquelle ils observent la justice].[El A’râf ; 181] [Allah donne l’exemple de deux hommes ; l’un est muet incapable de rien faire et qui repose sur
son maître. Quoi qu’il puisse lui ordonner, il ne rapporte aucun bien. Est-il semblable à celui qui ordonne la justice au moment où il se trouve sur un chemin
droit ?][Les abeilles ;
76] Dans le Verset suivant, le Très-Haut vante les mérites des justes : [Soyez justes car Allah aime les justes].[Les
appartements ; 9] Un autre Verset condamne les injustes en ces termes :
[Quant aux injustes, ils seront les aliments de la Géhenne].[Les génies ; 15]
D’après el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra , le Prophète a déclaré : « Il y aura sept catégories d’individus qu’Allah abritera sous l’ombre de Son Trône le jour où il n’y aura d’autre ombre que la sienne : un gouverneur juste,
etc. »[Rapporté par el Bukhârî (660) et Muslim
(1031).] Dans le recueil e-Sahîh de Muslim, selon ‘Iyâdh ibn Himâr , le
Prophète
a dit : « Il y a trois catégories d’individus au Paradis : un sultan
juste qui donne l’aumône et qui fait les choses avec succès ; un homme compatissant et sensible envers ses proches et tout musulman ; et un homme chaste, père de plusieurs enfants, et
qui recherche la chasteté. »[Rapporté par Muslim
(2865).] D’après Muslim également, selon ‘Abd Allah ibn ‘Amr , le Messager
d’Allah
affirme : « Les gens justes auprès d’Allah seront sur des chaires de
lumière à la droite du Miséricordieux , en sachant qu’Il a deux Mains droites. Ce sont ceux qui sont justes dans leur jugement, avec leur famille et toute personne sous leur
autorité. »[Rappporté par Muslim
(1827).] D’après e-Sunan d’e-Tirmidhî avec une chaîne narrative authentique, selon Abû
Huraïra, le Messager d’Allah déclare : « Allah déteste quatre catégories d’hommes dont notamment un gouverneur
injuste. »[Rapporté par e-Tirmidhî
(2576).]
La justice prônée par l’Islam intègre tous les droits de
l’homme
La législation musulmane qu’Allah le Sage et le Compétent a révélée à Son noble Messager Mohammed
englobe tous les droits possibles. Elle prend en compte les droits que la personne doit au Seigneur, à elle-même et
à tous les hommes. Nous avons vu il y a peu à travers les paroles de l’Imam ibn el ‘Arabî que la Sharî’a comprenait ses trois formes de droits qu’il incombe à chaque musulman de respecter. Cette
religion est ainsi intégrale et suffisante car elle respecte les droits de chacun : de Dieu, de l’individu et d’autrui. Elle provient du Créateur des hommes et répond à tous leurs besoins
petits ou grands. Avant de quitter ce monde, le Prophète
a orienté sa communauté vers tout le bien possible et il l’a mise en garde contre tout le mal possible. L’Imam ibn
el Qaïyam explique à ce sujet dans I’lâm el Mawqi’în : « Ce principe est l’un des plus utiles et des importants qui soit. Il est fondé sur une
« lettre ». Autrement dit, la mission de Mohammed
englobe tout ce que les hommes ont besoin dans le domaine de la connaissance, du savoir et des œuvres. Il a fait en
sorte que sa communauté ne dépende pas d’un autre après lui. Elle a simplement besoin qu’on lui rapporte ses enseignements. Ainsi, sa mission est globale et gardée à deux niveaux. En cela, elle
n’est sujette à aucune particularisation. Elle est globale du point de vue de son origine (le Messager) et elle est globale si on considère les besoins de ceux à qui elle est destinée dans les
domaines essentiels et subsidiaires de la religion. Sa mission est donc à la fois intégrale, suffisante, et générale (dans le sens où elle s’adresse à tous les hommes et les Djinns ndt.). Elle
n’a besoin d’aucun complément extérieur. Nul ne peut véritablement croire en Mohammed
sans reconnaître que son message est global à ces deux niveaux.
D’une part, tout musulman responsable ne peut se passer de ses enseignements. D’autre part, la vérité dont sa
communauté a besoin au niveau du savoir et des œuvres ne sort pas de ses enseignements. Avant de mourir, il n’a pas laissé un oiseau battre des ailes dans le ciel sans qu’il en informe les
membres de sa communauté. Il leur a tout appris, même la façon de faire ses besoins. Il leur a appris comment se conduire au moment des rapports sexuels, de dormir, de se lever, de s’asseoir, de
manger, de boire, de monter sa monture, et d’en descendre. Il leur a expliqué comment faire lors d’un voyage ou en ville. Il faut adopter une conduite pour chaque situation : quand il s’agit
de se taire ou de parler, de s’isoler ou de se mélanger aux autres, quand on est riche ou pauvre, malade ou en bonne santé. Il leur a montré toutes les lois qui concernent la vie et la mort. Il
leur a décrit le Trône, le Marchepied, les anges, les Djinns, l’Enfer, le Paradis, le Jour de la Résurrection et tous les événements qui s’y rattachent comme s’ils y assistaient. Il leur a fait
découvrir de la meilleure façon leur divinité et leur Dieu comme s’ils Le voyaient devant leurs yeux, de Ses nobles Attributs et de Sa Majesté. Il leur a fait connaître les prophètes et leurs
différents peuples, les aventures qu’ils ont vécues avec eux et ce qu’ils ont subi de leur part, comme s’ils étaient au milieu d’eux. Il leur a montré toutes les voies du bien et du mal qu’elles
soient évidentes ou subtiles, comme aucun prophète ne l’avait fait avant lui. Il leur a parlé des événements autour de la mort
et du Barzakh (le monde intermédiaire entre la vie terrestre et la vie éternelle ndt.) dans lequel à la fois l’âme et le corps connaissent soit les jouissances soit le châtiment, comme aucun
autre prophète n’en a parlé.
Il leur a exposé en détail les questions liées à l’unicité divine, la prophétie, et la résurrection (l’eschatologie
ndt.), en réfutant ainsi toutes les sectes mécréantes et égarées. Nous n’avons plus besoin de personne après lui pour nous présenter ces sujets. Le seul travail à faire, c’est soit de les
rapporter littéralement de leur auteur soit de donner certaines précisions qui pourraient échapper à l’entendement de certains. Il leur a enseigné les ruses et les techniques de guerre capables
d’offrir la victoire. Il suffit de les apprendre, de bien les assimiler, et de les appliquer convenablement pour ne plus craindre aucun ennemi. Il les a éclairés également sur les ruses d’Iblîs
et sur les procédés qu’il utilise contre eux. Il leur a montré comment éviter ses pièges et se protéger contre lui, de sorte qu’il n’y a plus rien à ajouter à ses paroles. Il les a familiarisé
avec les états de l’âme en faisant leur description et en mettant en garde contre leurs pièges et embûches, de sorte qu’il n’ont besoin de plus personne après lui pour le leur expliquer. Il leur
a enseigné également certains choses liées à leur vie mondaine ; s’ils les apprenaient et les mettaient en pratique ils s’épanouiraient matériellement.
En gros, il leur apporta tout le bonheur tant dans ce monde que dans l’au-delà. Allah leur a dispensé de s’en
remettre à personne d’autre. Comment penser dès lors que sa législation –que le monde n’a jamais connue de plus parfaite – soit incomplète ? Qu’elle ait besoin d’une politique, d’une
réalité, ou d’une pensée extérieure à la sienne pour la compléter ? Se mettre ce genre d’idée à l’esprit revient à croire qu’il est possible de s’en remettre à un autre prophète que Mohammed
après lui ! La raison ayant poussé certaines personnes à avoir ce genre d’idée, c’est qu’elles connaissent très mal la religion qu’il a proposée aux hommes. Il leur manque la compréhension
qu’Allah a permis d’avoir à ses compagnons. Ces derniers se sont contentés de ses enseignements et se sont passés de tout autre chose. C’est pourquoi, ils conquirent les cœurs et les terres et
ils dirent : tel est le pacte que notre Prophète nous a promis et voici le notre que nous vous promettons. »
La législation musulmane qui remonte à plus de quatorze siècles prend en considération les droits de l’Homme. Ces
fameux droits entrent dans le domaine de la justice qui la caractérise. Les nobles Versets précédemment cités et dans lesquels Allah ordonne la justice à Ses serviteurs croyants envers le proche
et le moins proche, l’ami et l’ennemi, font globalement allusion à ces droits. Dans les détails, la Sharî’a expose les droits de chacun au cours de la vie et après la mort. Elle enjoint de les
remplir pleinement et de la meilleure façon. Elle énonce en détail les droits réciproques des conjoints, des parents, des enfants, des proches, des voisins, des amis, des fréquentations, des
riches, des pauvres, et des musulmans en général. Le Verset dit des dix droits formule en partie les droits que l’on doit rendre à chacun. Allah révèle en effet : [Adorez Allah sans rien Lui associer et soyez bienfaisants envers les parents, les proches, les orphelins, les démunis, les voisins apparentés ou éloignés, le compagnon de
voyage, le voyageur, et les esclaves que vous avez sous la main. Allah n’aime pas tout orgueilleux et vaniteux].[Les femmes ; 36] Dans la sourate le Bétail,
Il déclare : [Dis : Venez que je vous récite ce que Votre Seigneur vous interdit : ne Lui associer rien et soyez bienfaisants envers les parents. Ne
tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté, Nous pourvoyons à vos besoins et aux leurs. Ne vous approchez pas de la perversité qu’elle soit connue ou caché, et ne tuez pas l’âme qu’Allah a
rendue sacrée si ce n’est de plein droit. Voici ce qu’Allah vous recommande ; ainsi allez-vous saisir • Ne vous approchez pas des biens de l’orphelin si ce n’est de la meilleure façon,
jusqu’à qu’il devienne mûr. Rendez le poids et la mesure en toute justice. Nous n’imposons rien à une âme au-dessus de ses forces. Si vous devez témoigner, soyez juste même à l’encontre d’un
proche et respectez vos engagements envers Allah. Voici ce qu’Allah vous recommande ; ainsi allez-vous vous rappeler • Voici Mon Chemin qui est droit alors empruntez-le et ne suivez pas les
sentiers qui vous feront dévier de sa voie. Voici ce qu’Allah vous recommande ; ainsi allez-vous Le craindre].[Le bétail ; 151-153]
Dans la sourate l’ascension nocturne, il est dit : (Ne voue pas un autre dieu
avec Allah sinon tu seras blâmé et abandonné • Ton Seigneur a décrété de n’adorer que Lui et d’être bienfaisants envers les parents. Si ces derniers ou l’un d’entre eux atteint un âge avancé,
alors ne lui dis pas : « ouf ! » et n’élève pas la voix sur eux • Baisse-leur plutôt l’aile de la miséricorde et dis : « Seigneur ! Fais-leur Miséricorde comme
ils m’ont élevé petit ! » • Votre Seigneur connaît mieux ce qu’il y a en vous. Si vous êtes vertueux, Il est certes Absoluteur envers ceux qui reviennent à Lui • Et donne ses droits à
ton proche, ainsi qu’aux pauvres et aux voyageurs, mais ne soit pas gaspilleur • Car les gaspilleurs sont les frères des démons et Satan était ingrat envers Son Seigneur • Si tu te détournes
d’eux dans l’espoir de recevoir plus tard une Miséricorde de la part de Ton Seigneur, dis-leur au moins des paroles douces • Ne garde pas la main serrée à ton cou et ne l’ouvre pas entièrement
non plus sinon tu en seras blâmé et éreinté • Allah étend ou réduit Ses bienfaits à qui Il veut ; Il est au sujet de Ses serviteurs Connaisseur et Clairvoyant • Ne tuez pas vos enfants par
crainte de l’indigence, Nous pourvoyons à leurs besoins et aux vôtres. Les tuer, c’est commettre une faute immense • N’approchez pas l’adultère qui est un acte pervers et c’est emprunté un
mauvais chemin • Ne tuez pas l’âme qu’Allah a rendu sacrée si ce n’est de plein droit. À quiconque est tué injustement, Nous avons donné autorité à son proche. Qu’il n’exagère pas dans sa
vengeance car en vérité il est assisté • Ne vous approchez pas des biens de l’orphelin si ce n’est de la meilleure façon, jusqu’à qu’il devienne mûr. Et tenez vos engagements car vous serez
interrogés sur vos engagements • Donnez une juste mesure quand vous mesurez et pesez avec une juste balance ; cela vaut mieux pour vous et aura de meilleures conséquences • Ne parle pas sur
ce dont tu n’as point connaissance, car l’ouïe, la vue et le cœur seront interrogés • Ne marche pas sur terre avec arrogance car tu ne serais fendre le sol ni atteindre les montagnes • Toutes ses
mauvaises choses étaient auprès d’Allah détestables • Voici une partie de la sagesse que Ton Seigneur T’as révélée. Ne voue pas un autre dieu avec Allah sinon tu seras dans la Géhenne méprisé et
banni).[Le voyage nocturne ;
22-39]
La Sharî’a reconnaît même des droits aux non musulmans. Ses adeptes ont le devoir en effet de les inviter à
embrasser l’Islam, de les guider sur le droit chemin, et de les sortir des ténèbres pour les mener à la lumière. Ils doivent en outre avoir un bon comportement envers eux. Allah révèle
notamment : [Allah ne vous interdit pas d’être bons et justes envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour votre religion et qui ne vous ont pas chassés de
vos maisons ; Allah aime les justes • Allah vous interdit seulement de vous faire les alliés de ceux qui vous ont combattus, qui vous ont chassés ou qui ont contribué à vous chasser de vos
maisons. Quiconque s’en font les alliés, ce sont eux les injustes].[L’éprouvée ; 8-9] Le
Prophète
a déclaré à ‘Alî lors de la conquête de Khaïbar : « Ensuite, invite-les à
l’Islam et informe-les des droits d’Allah qui s’y trouve. Par Allah ! Qu’Allah guide par toi un seul homme, vaut mieux pour toi que la meilleure des richesses (mot-à-mot : qu’un
chameau roux ndt.) »[Rapporté par el Bukhârî (3701) et Muslim (2407), selon Sahl
ibn Sa’d (t).]
La législation musulmane ne se contente pas d’exhorter à respecter les droits des vivants. Cependant, elle prend
également en considération les droits du mort à travers les lois de l’héritage comme le formule le Coran au début et à la fin de la sourate les femmes. En outre, le Prophète
déclare :
« Allah rend chaque droit à ses ayant droits. Il ne peut donc y avoir de testament en l’honneur d’un héritier. »[Hadith authentique. Il est rapporté par un certain nombre de Compagnons ; voir : Irwâ el Ghalîl
(1655).] L’Islam a préconisé les droits de l’Homme mais aussi ceux des animaux bien avant la
civilisation actuelle. Pourtant, certains de nos contemporains s’érigent en défenseurs invétérés des droits de l’Homme, comme si nous avions à faire à une innovation du vingtième siècle. Ils en
font leur cheval de bataille certes, mais ils les choisissent à leur guise. C’est pourquoi, ils ferment impunément les yeux sur ceux qui ne vont pas dans leurs intérêts. Ils font paradoxalement
preuves d’intransigeance quant il s’agit de défendre certaines causes. Ce comportement est caractéristique à l’attitude du plus fort envers le plus faible, du puissant envers le dominé. Or, les
droits de l’Homme qu’ils instaurent sont aussi déficients qu’eux. Par contre, ceux que la Sharî’a légifère sont parfaits et amplement suffisants. Ils remplissent tout ce que les hommes ont
vraiment besoin étant donné qu’ils émanent d’un Dieu Sage et Savant.
La concertation dans l’Islam
La concertation (Shûra) est établie par les textes scripturaires de l’Islam qui s’incarnent dans le Coran, la Sunna
(Tradition prophétique) et l’usage des compagnons et des anciens en général. Allah révèle à ce sujet : (et consulte-les sur la
chose).[La famille de ‘Imrân ;
159] Il informe dans le Verset suivant que les croyants se concertent les uns les
autres : (Ils soumettent leur décision à la concertation).[La concertation ; 38] La sourate qui
contient ce Verset se nomme la concertation. Ibn Kathîr –qu’Allah lui fasse miséricorde - souligne dans son Tafsîr (exégèse) que les Fuqaha (les légistes) ont des avis différents au sujet
de savoir si le Messager d’Allah
concertait ses Compagnons car cela lui fut imposé ou bien simplement recommandé dans le sens où il cherchait à leur
faire plaisir. Ibn Kathîr ne se prononce pas sur la question. Ibn Hajar estime pour sa part, qu’il lui fut recommandé de consulter ses Compagnons sur des points où il n’a reçu aucune révélation,
mais qu’il n’était pas obligé de se soumettre à leur avis. Cela concernait le plus souvent le domaine de la guerre.[Voir : Fath el Bârî (13/339).]
Dans son recueil e-Sahîh,el Bukhârî fait remarquer : « Chapitre : Allah révèle :
(Ils soumettent leur décision à la concertation) (et consulte-les sur la chose). La concertation se situe avant la prise
de décision comme l’indique la suite de ce Verset : (Mais lorsque tu te décides, alors remets-toi-en à Allah). Ainsi, lorsque le Messager
prenait une décision, il
n’appartenait à personne d’intervenir dans le dessein d’Allah et de Son Messager. Le Prophète consulta ses Compagnons avant la
bataille d’Uhûd pour savoir s’ils devaient sortir à la rencontre de l’ennemi ou bien les attendre dans l’enceinte de la ville. Ces derniers lui suggérèrent de faire sortir son armée. Dès lors,
déterminé à sortir, il revêtit son armure.
Or, les Compagnons changèrent d’avis, mais une fois qu’il avait pris sa résolution, il n’allait plus revenir en
arrière. Il leur expliqua en effet : « Il n’appartient pas à un Prophète après avoir habiller son armure de la reposer jusqu’à ce qu’Allah prononce Sa
sentence. » Il a également consulté ‘Alî et Usâma au sujet des propos calomniateurs dont ‘Âisha fut victime… »
Il poursuit plus loin : « Les successeurs du Prophète consultaient après sa mort, les
savants dignes de confiance sur des choses licites dans le but de choisir la solution la plus souple. Cependant, si le Coran et la Sunna offraient la moindre indication sur le sujet, ils ne se
tournaient vers aucune autre référence. En cela, ils ne faisaient que se conformer au Prophète . Quand Abû Bakr voulut lancer
une expédition punitive à l’encontre des tribus dissidentes qui refusaient de verser la Zakât (l’aumône), ‘Omar s’écria : « Comment peux-tu les combattre alors que le Messager d’Allah a
dit : J’ai reçu l’ordre de combattre les hommes jusqu’à ce qu’ils attestent qu’il n’y d’autre dieu qu’Allah. S’ils l’attestent, ils auront ainsi épargnés contre moi leur sang et leurs biens
sauf ce que le droit en réclame.
- Par Allah ! S’exclama le
deuxième Khalife, Je combattrais tous ceux qui veulent séparer ce que le Messager d’Allah
a uni. »
‘Omar s’inclina alors devant son choix. Abû Bakr n’a absolument pas eu recourt à la concertation. Il avait entre
les mains une loi venant du Messager
au sujet de ceux qui veulent séparer entre la prière et la Zakât. Ils voulaient ainsi transformer les lois de la
religion. Le Prophète
proclama à ce sujet : « Tuer quiconque change de religion. »
Les lecteurs choisis parmi les jeûnes et les vieux constituaient les membres de la concertation à l’époque de ‘Omar qui avait la particularité de strictement se conformer au Livre
d’Allah. »
Ce chapitre est le dernier que l’Imam el Bukhârî a mentionné dans le livre el I’tisâm bi el Kitâb wa el Sunna de
son recueil e-Sahîh. Pour soutenir que ‘Omar consultait ces fameux lecteurs, l’auteur s’inspire d’une parole qu’il impute à ibn ‘Abbâs à travers sa propre chaîne
narrative.[Hadith № 7286. ] Dans Fath el Bârî, le Hâfizh ibn Hajar souligne à ce sujet : « De nombreuses annales démontrent que les successeurs du
Prophète
concertaient leur entourage. Abû Bakr notamment a eu recourt à la concertation quant il a s’agit de combattre les
tribus apostates (Ahl e-Ridda). L’auteur y fait allusion. Par ailleurs, d’après el Baïhaqî, avec une chaîne narrative authentique, selon Maïmûn ibn Mihrân, lorsqu’Abû Bakr rencontrait un
problème, il examinait le Livre d’Allah. S’il y trouvait la réponse, il s’en servait pour fonder son jugement. Sinon, il se tournait vers la Sunna (Tradition) du Messager
d’Allah
. S’il n’y trouvait rien, il sortait dehors pour demander aux musulmans si l’un d’eux détenait une annale
prophétique sur le sujet. Quant il épuisait tous ses moyens, il convoquait les chefs musulmans, leurs savants et leurs conseillers. ‘Omar faisait la même chose à son
époque… »[ Fath el Bârî (13/342).]
Ainsi, la concertation a lieu en cas d’absence de Texte sur une question déterminée. S’il existe cependant un texte
du Coran ou de la Sunna sur la question, il est inadmissible de ne pas les utiliser. L’Imam Shâfî’î dénote en effet : « Dans le cas où quelqu’un trouve une Sunna du Messager
d’Allah
, il lui incombe à l’unanimité des musulmans de ne se tourner vers la parole de personne
d’autre. »[Ibn el Qaïyam lui impute cette parole dans e-Rûh (395-396).] Il est également l’auteur des paroles suivantes : « Le gouverneur enjoint la concertation dans le but que ses conseillers
lui rappellent une chose qui lui aurait échappée et qu’ils lui désigne la preuve qui ne lui vint pas à l’esprit. Ce n’est pas en vue de suivre aveuglément les paroles du conseiller. Allah n’a
conféré cette prérogative à personne après Son Messager
. »[Ibn Hajar les lui impute dans Fath el Bârî (13/342).] Ibn el Mundhir affirme à ce sujet : « Quand il existe un texte certifié venant du Messager d’Allah
, il est inutile de se tourner
vers personne d’autre. »[El Qurtubî lui attribue cette annale dans son exégèse
(3/96).]
La Sunna nous offre également d’autres exemples qu’el Bukhârî n’a pas proposé dans le passage précédemment cité. Le
Prophète
a notamment consulté ses Compagnons le jour où ils projetèrent d’intercepter la caravane d’Abû
Sufiân.[Rapporté par Muslim (1779).] Il les a ensuite concerté au sujet des prisonniers de la
bataille de Badr.[13]
Les textes précédemment cités nous offrent les enseignements suivants :
1- La concertation est établie
par le Coran, la Sunna, l’usage des Compagnons et de leurs fidèles successeurs. La concertation est même le titre d’une sourate du Coran.
2- La concertation concerne
exclusivement des points où il n’existe aucun texte du Coran et de la Sunna. S’il existe un texte quelconque sur une question donné, il ne faut se tourner vers rien d’autre. Allah révèle à cet
effet : [Quand Allah et Son Messager décide d’une chose, il n’appartient pas à tout croyant ou toute croyante de faire un choix les concernant. Quiconque
désobéit à Allah et à Son Messager, sombre ainsi dans un égarement manifeste].[Les coalisés ; 36]
3- L’Imam choisit les membres qu’il
consulte parmi les chefs et les savants.
4- Le chef de État n’est pas obligé
de suivre l’avis de ses conseillers.
Voici donc les fondements sur lesquels repose la concertation dans l’Islam. Il n’y a donc aucune
comparaison à faire avec le système démocratique[15] que malheureusement bon nombre de musulmans importent d’ailleurs. Celui-ci fonctionne sur l’élection par le peuple d’une chambre des députés
qui détient la prérogative de légiférer des lois non inspirées de la religion. Par ailleurs, les lois établies par cette fameuse chambre ont une valeur impérative non indicative.
Les différentes façons d’obtenir le Khalifat
Il y a deux façons d’élire le souverain dans l’Islam : soit les responsables de
l’autorité s’accordent de façon unanime sur le choix du khalife soit le Khalife en place désigne son successeur. Abû Bakr et ‘Umar furent chacun élus
par l’un de ses deux modes d’élection. Concernant la première façon, il faut savoir que l’élite des Muhâjirîns et des Ansârs se sont accordés à faire allégeance à Abû Bakr. Ils représentent les
responsables de l’autorité (Ahl el Hill wa el ‘Aqd). Ils se réunirent à Saqîfa Banû Sâ’ida. La « cérémonie » d’allégeance se poursuivit ensuite dans la mosquée du
Prophète
. Le choix s’arrêta sur Abû Bakr conformément aux prédictions du Prophète disant : « Allah et les croyants ne daignent choisir qu’Abû Bakr. »[Rapporté par el Bukhârî (5666) et Muslim (2378), selon ‘Âisha.] Le meilleur homme
projetait de désigner la succession au premier Khalife de l’Islam par écrit. Cependant, il laissa tomber l’idée
étant donné qu’Allah lui dévoila que les cœurs des croyants allaient tous penchés vers Abû Bakr . Allah daignait ne choisir que ce dernier et les croyants firent le même choix. Quant à la
deuxième forme d’élection dans l’Islam, celle-ci concerne la nomination de ‘Omar par son prédécesseur.
Par le biais des deux moyens d’élection précédemment cités, les deux meilleurs Khalifes que l’Islam n’a jamais
connus furent désignés. ‘Alî fut nommé au Khalifat de la même façon qu’Abû Bakr . Quant à ‘Uthmân, il fut élu sur la décision de six têtes pensantes de l’état qu‘Omar avait désignées
juste avant sa mort. Au cours de sa vie, le Messager
a fait état des mérites de ses quatre futurs successeurs. Il affirme en effet selon el ‘Irbâdh ibn Sâriya :
« Tenez-vous à ma tradition et à la tradition des nobles Khalifes bien guidés. Attachez-vous-y et prenez-les par les molaires. Prenez garde aux inventions car
toute invention est innovation et toute innovation est égarement. » [Rapporté par Abû Dâwûd (4607) et e-Tirmidhî (2676) qui fit le commentaire suivant : « Ce Hadith est bon et
authentique. »]
Un Hadith rapporté par Safîna nous apprend quant à lui : « La succession
(Khalifat) prophétique durera trente ans. Puis, Allah donnera la royauté (ou Sa royauté) à qui il veut. »[Rapporté par Abû Dâwûd (4646) et d’autres. Ce Hadith est authentique ; Sheïkh el Albânî le recense d’après neuf références
différentes.] Le premier et le meilleur roi musulman fut
Mu’âwiya .[L’auteur a consacré une Risâla sur les mérites du noble Compagnons
Mu’âwiya (t) et qui s’intitule Min Aqwâl el Munsifîn fî e-Sahâbî el Khalîfa Mu’âwiya (N du T.).] Après les quatre Khalifes, l’usage voulait que le souverain en place élise son successeur. Le Prophète
a prédit également au sujet de
ses quatre successeurs et des huit souverains de la dynastie omeyyade : « L’Islam restera fort et puissant jusqu’à la fin du douzième
Khalife. »[Rapporté par Muslim
(1821).] C’est au cours de cette période qu’eurent lieu les conquêtes. Les frontières
musulmanes s’étendirent vers l’Inde et la région du Sind,[L’Indus ou anciennement le
Sindhu est un fleuve de l’Asie méridionale. Il prend sa source dans l’Himalaya et se jette dans la mer d’Oman (ou mer d’Arabie) près de Karachi. Long de 3180 km, il coule pour la moitié à travers
le Pakistan en passant en amont par le Cachemire. (N du T.).] et d’Est en Ouest de la Chine
jusqu’à l’Océan Atlantique.
Si quelqu’un s’empare du pouvoir par la force, il devient le chef des musulmans incontesté. Une fois le pouvoir en
place et que l’ordre est rétabli, il est illégitime de se rebeller contre lui. Les musulmans lui doivent donc obéissance. Ce fut le cas pour le premier Khalife abbasside qui s’insurgea contre le
dernier souverain omeyyade. L’Imam Ahmed souligne dans sa profession de foi, comme le relève e-Lâlakâî dans son recueil e-Sunna : « Quiconque se rebelle contre le chef des musulmans
divise les rangs des musulmans et s’oppose aux annales venant du Messager d’Allah
sur la question. Cela dans la mesure où les sujets se sont réunis autour de leur chef et où ils lui reconnaissent
l’autorité de n’importe quelle façon qu’il ait pu la prendre ; soit par consentement soit par la force. Si un tel dissident meurt, il le sera à l’état de l’ère païenne. Il est interdit à
quiconque de prendre les armes contre le sultan et de s’insurger contre lui. L’auteur d’une telle action est un vulgaire innovateur qui n’est ni conforme à la Sunna ni sur la bonne
voie. »[E-Sunna d’e-Lâlakâî (1/161).]
Au sujet du Hadith : « Celui qui parmi vous voit une chose chez son émir
qui lui déplait doit patienter, car quiconque vient à mourir alors qu’il s’est séparé de la communauté d’un empan meurt d’une mort païenne. » El Hâfizh ibn Hajar donne l’explication
suivante : « Ibn Battâl a dit : « Ce Hadith est un preuve qu’il ne faut pas se rebeller contre le gouverneur en place même s’il est injuste. Les
légistes s’accordent à dire qu’il incombe d’obéir au sultan qui a pris le pouvoir par la force et de faire le Djihad derrière lui. Il vaut mieux lui obéir que de se rebeller contre lui car la
soumission permet de préserver le sang des musulmans et de garder les rangs paisibles. Pour conforter leur tendance, ils prennent le Hadith précédemment cité et autre en argument. La seule
exception à leurs yeux, c’est que le souverain commette une apostasie incontestable. Le cas échéant, il est interdit de lui obéir. Il incombe plutôt de prendre les armes contre lui pour celui qui
en aurait les moyens comme le dénote le Hadith suivant. »[Fath el Bârî
(13/7).] Il fait allusion à l’annale de ‘Ubâda ibn e-Sâmit disant : « Nous faisons l’allégeance d’obéir à notre Imam que ce soit de notre plein gré ou non, dans la facilité et la difficulté, ou qu’il s’arroge des privilèges à nos dépends.
Nous ne contestons pas l’autorité en place sauf si nous constatons un acte de mécréance incontestable qu’une preuve venant d’Allah vient vérifier. »
La façon de parvenir au pouvoir dans le système
démocratique
Dans le système de la prétendue démocratie, le pouvoir s’obtient par la constitution d’un parti politique en faveur
duquel les citoyens votent. Ces derniers choisissent un candidat de leur choix. Après le partage du scrutin, le candidat ayant le plus de voix est désigné président. Or, ce procédé que certains
musulmans ont importé d’ailleurs est contraire à l’Islam pour plusieurs raisons :
Premièrement : Le système du vote aboutit à la division de la
société en partis, alors que l’Islam prône l’unité et bannit la divergence. Allah révèle : [Accrochez-vous tous ensembles à la corde d’Allah et ne vous
divisez point],[La famille de ‘Imrân ;
103] et : [Ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et
qui ont divergé après que leur soient venues les preuves évidentes].[La
famille de ‘Imrân ; 105] [Ceux qui se sont divisés pour
se scinder en schismes. Tu n’as aucun lien avec eux. Leur sort revient plutôt à Allah. Il les informera ensuite de ce qu’ils faisaient sur terre].[Les troupeaux ; 159] [Ne soyez pas comme les païens • Ceux qui ont divisés leur religion pour se scinder en schismes ;
chaque parti se contente de ses acquis].[Les romains ;
32] [Tu ne peux trouver des gens croyants en Allah et au Jour
Dernier avoir de l’affection pour ceux qui s’opposent à Allah et à Son Messager, quand bien même ils seraient leurs pères, leurs fils, leurs frères ou leurs familles. Ceux-là, Allah leur inscrit
la foi dans leur cœur et Il les assiste d’un Esprit venant de Lui. Il les fait entrer dans des jardins sous lesquels coulent des rivières et où ils demeurent à jamais. Allah les agrée et eux
l’agréent • Ceux-là constituent le parti d’Allah • le parti d’Allah n’est-il pas le bienheureux !][La polémique ; 22] [Voici Mon chemin qui est droit alors empruntez-le et ne suivez pas les sentiers qui vous feront dévier de sa voie. Voici ce qu’Allah vous recommande ; ainsi allez-vous Le
craindre].[Le bétail ; 151-153]
Le Messager d’Allah déclare :
« Allah vous agrée trois choses et Il ne vous agrée pas trois choses : Il agrée que vous L’adoriez sans rien Lui associer, que
vous vous accrochiez tous ensemble à Sa Corde sans vous diviser. Il n’agrée pas les on-dit, que vous multipliiez les questions et que vous gaspilliez vos
biens. »[Rapporté par Muslim (1715), selon Abû Huraïra
().] Ainsi, la soi-disant démocratie s’oppose aux principes de l’Islam étant donné qu’elle
est basée sur le schisme et la division.
Deuxièmement : Dans un système soi-disant démocratique, le
pouvoir législatif est aux mains d’une partie du peuple alors que dans l’Islam il appartient exclusivement au Tout-Puissant. Quant au Messager , son rôle est de transmettre la
Révélation.[Il prend le nom de législateur dans le sens où il transmet les lois aux
hommes, mais il n’en est pas l’auteur (N. du T.)] Allah révèle : [Il ne parle pas de ses propres pulsions • mais il est inspiré par la Révélation].[Les astres ; 3] [Quand Allah et Son Messager décide d’une chose, il n’appartient pas à tout croyant et à toute croyante de faire un choix les concernant. Quiconque désobéit à Allah et à Son
Messager, sombre ainsi dans un égarement manifeste].[Les coalisés ;
36 (Quiconque se rebelle à Sa Loi doit se méfier de ne pas
subir une tentation ou un châtiment terrible).[La lumière ;
63] [Les enseignements que le Messager vous offre, prenez-les
et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous-en et craignez Allah car Allah a le châtiment terrible].[Le rassemblement ; 7] [Puis, Nous t’avons mis sur le chemin de la Loi ; suis-le donc et ne suis pas les passions de ceux qui ne savent pas • Ils ne peuvent nullement te protéger contre Allah. Les
injustes sont les alliés les uns des autres tandis qu’Allah est l’Allié des gens pieux].[L’agenouillée ; 18-19 ][Ou bien ont-ils des associés qui leur légifèrent des lois de la religion sans n’avoir reçu aucun consentement d’Allah !][La concertation ; 21]
Il est néanmoins possible d’établir certains codes en vue d’organiser la vie en société dans la mesure où ils ne
s’opposent ni au Coran ni à la Sunna. Dans un système soi-disant démocratique, le pouvoir législatif est aux mains d’un certain groupe élu par le peuple et que les membres vont représenter au
Parlement. Les lois qu’ils promulguent à leur guise ne se fondent sur aucune religion. Pourtant, depuis l’avènement de notre Prophète Mohammed , l’Islam est la seule religion convenable comme le
souligne le Verset : [Toute religion désirée par quiconque autre que l’Islam, ne lui sera pas accepté et il comptera dans l’au-delà parmi les
perdants].[La famille de ‘Imrân ;
85] Le Prophète dit à ce sujet : « Par Celui qui détient
mon âme entre Ses Mains ! Quiconque dans cette communauté qu’il soit juif ou chrétien entend parler de moi et ne croit pas au message que j’ai reçu avant de mourir, comptera parmi les gens
de l’Enfer. »[Rapporté par Muslim (153) comme nous l’avons déjà
vu.]
Troisièmement : L’accès au pouvoir s’obtient grâce à la
majorité des votes mais nous avons vu que l’Islam tolère deux façons de désigner le chef d’état ; soit les responsables de l’autorité s’accordent de façon unanime sur le choix du khalife
soit le Khalife en place désigne lui-même son successeur. Il ne revient pas à n’importe qui dans la religion musulmane de désigner le gouverneur suprême. Cette tâche revient uniquement aux sages
et aux savants qui sont les responsables de l’autorité. Un simple citoyen ne fait que suivre leurs décisions. Quant au mode d’élection dans un système démocratique, il est fonction du nombre de
voix que les candidats obtiennent. Il ne fait aucune différence entre les personnes compétentes et le simple citoyen. Si les gens bas (dans le sens moral du terme ndt.) constituent la majorité
des votants, ils vont forcément choisir quelqu’un comme eux, car comme il est dit les oiseaux de même race se cherchent entre eux. Autrement dit, les faucons avec les faucons, les vautours avec
les vautours, les hiboux avec les hiboux, etc.
Quatrièmement : Dans le système démocratique, chaque candidat met
tout-en-œuvre pour accéder au pouvoir. Dans l’Islam, la moindre fonction de responsabilité réclame d’avoir pour seule ambition de défendre et d’établir la religion d’Allah. C’est pourquoi, il
interdit formellement à ses adeptes susceptibles de manquer à leurs devoirs, de solliciter toute responsabilité. Quiconque aspire à la moindre fonction doit se la voir refusée. ‘Abd
e-Rahmân ibn Samura raconte à ce sujet : « Le Messager d’Allah
m’a dit : « Hé ‘Abd e-Rahmân ! Ne sollicite pas l’autorité. Si tu la
reçois après l’avoir demandée, tu seras livré à ton sort mais si tu la reçois sans l’avoir demandée tu seras assisté dans ta fonction. » »[ Rapporté par el Bukhârî (6622) et Muslim (1652).] D’après les recueils e-Sahîh d’el Bukhârî et de Muslim également, selon Abû Mûsâ el Ash’arî (t), je suis entré avec deux de mes
cousins chez le Prophète
. L’un deux demanda : « Ô Messager d’Allah ! Investis-nous à la tête
d’une des provinces qu’Allah a mis sous ton autorité ! » Le deuxième formula la même demande. Le Prophète répondit dès lors :
« Par Allah ! Nous n’offrons aucune fonction à celui qui la réclame ou qui la désire. »[Rapporté par el Bukhârî (7149) et Muslim (1733).] Ce Hadith nous enseigne que le Prophète a refusé d’investir ses deux
hommes de l’autorité étant donné qu’ils l’avaient réclamée. Certaines voies de ce Hadith recensé dans les recueils d’el Bukhârî et Muslim précisent que le Messager investit Abû Mûsâ el Ash’arî à
la tête du Yémen, lui qui s’était abstenu de faire la moindre demande.
Quant au système démocratique, celui-ci est basé sur le multipartisme et la concurrence acharnée des uns et des
autres en vue d’accéder aux fonctions de l’autorité. Les candidats au pouvoir vont jusqu’à investir des sommes énormes en vue de se faire élire. Comme pour les jeux de hasard, à la fin du vote,
il y a des gagnants et des perdants. En outre, les candidats influencent le choix des citoyens à travers des promesses alléchantes.
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[7] Ibn Hajar el ‘Asqâlânî a mentionné les différentes voies de ce Hadîth dans Fath el Bârî (13/525). Celles-ci accusent certaines anomalies mais selon l’auteur, en les regroupant toutes elles démontrent que ce Hadîth a une origine. Sheïkh el Albânî l’a considéré bon dans Irwâ el Ghalîl (1589). [Il l’a authentifié également dans Zhilâl el Janna (50) ndt.].
[15] Le terme démocratie provient du grec dêmos signifiant peuple et kratos signifiant pouvoir ; c’est le pouvoir du peuple et par le peuple. En cela, ce système de gouvernement s’oppose catégoriquement à l’Islam à deux niveaux. Dans le mode d’élection des dirigeants qui en Islam ne revient pas à tout le peuple et dans la législation des lois qui dans l’islam est un droit exclusif au Seigneur de l’univers (sauf concernant les détails du fonctionnement d’une société sur lesquels il n’existe aucun texte scripturaire précis). Ce deuxième principe s’oppose à l’Islam de façon plus cruciale car il remet en cause le fondement même sur lequel cette religion repose et qui s’incarne dans la Révélation. Voir : Haqîqa e-Dîmuqrâtiya de Sheïkh Mohammed Amân el Jâmî. (N. du T.).