L’ENFER EST PAVÉ DE BONNES INTENTIONS
L’enthousiasme avec lequel le développement personnel a été accueilli dans la communauté n’a échappé à personne. Les coachs et coachettes au vernis islamique se sont multiplié et la purification de soi, la lutte contre la paresse et l’exploitation raisonnée de son temps ont revêtu un habit de lumière pour le moins inquiétant.
En réalité, si les musulmans se sont ainsi engouffrés dans cette tendance à la mode, c’est, espérons-le, parce qu’ils ignorent les soubassements de ce qui est davantage une doctrine, une idéologie et une croyance que de simples conseils de vie.
D’aucuns savent que le développement personnel tire sa source dans la croyance New Age, il est même un élément central de cette doctrine - mélange de croyances hindouistes et bouddhistes mais également de pratiques mystiques - qui vise l’éveil spirituel des individus, le changement d'ère par l'avènement d'un homme nouveau. C’est la voie spirituelle la plus en phase avec l’idéologie majoritaire ambiante où l’homme en tant qu’individu est perçu comme une partie d'un tout, où son corps est son propre temple, ses désirs sacrés et ses choix et sa volonté, des droits inaliénables et même, des voies vers le salut.
Le développement personnel, ce cheminement véritablement initiatique qui passe par l’accomplissement de soi, la recherche de sa « légende personnelle », ou la volonté d’impacter le monde implique l’idée que l’homme détient en lui les clés de son bonheur, le pouvoir de changer sa réalité et de faire tout ce qu’il veut. Cette doctrine part ainsi du postulat que l’être humain ne connait aucune limite, qu’il est maître de son devenir et donc de son destin, tout puissant, en somme, son propre Dieu. Le fait de penser que notre capacité à formuler des choses, à se convaincre par l’auto-suggestion, à lutter contre des "pensées limitantes" est également une capacité à agir sur nous même et sur le monde est bien plus pernicieux qu’il n’y parait. Cela sous entend qu’on pense être capable de forger le monde, qu’on croit avoir en soi une force, une impulsion littéralement créatrice.
C’est ici qu’on s’aperçoit de la sournoiserie du développement personnel. Sous couvert de dynamique bienveillante, c’est en réalité le relais démocratisé, la branche mainstream de la religion new age qu’on inocule à dose homéopathique aux profanes, une religion qui ne s’est jamais cachée de vouloir l’avènement d’un homme nouveau, libéré des carcans religieux et maître de lui-même.
Ces tentatives de télescoper cette doctrine à la foi islamique est donc sans aucun doute une supercherie démoniaque. On veut nous faire croire que de passer par le développement personnel serait un moyen de cheminer dans sa foi, en réalité, on comprend que ça ne peut être qu’un cheminement de façade, qu'une pâle imitation de la spiritualité islamique qui cache des principes qui entrent en confrontation avec la croyance que toute puissance, toute volonté créatrice vient d’Allah et que l’homme et son cœur sont entre Ses doigts.