Comment ne pas commencer par cela ?
(né Léopold Weiss (juif) en 1900 et mort en 1992 (musulman) – journaliste et diplomate :
II (le Prophète Muhammad, salAllahu aleyhi wa salam) commença a enseigner au peuple que l’action est partie de la Foi car Allah ne se préoccupe pas seulement des croyances d’une personne, mais aussi de ce qu’elle fait et surtout de ce qui, dans ce qu’elle fait, affecte d’autres gens en plus d’elle-même. II s’élevait, avec l’imagerie enflammée qu’Allah avait mise à sa disposition, contre l’oppression du faible par le fort. II soutenait la thèse inouïe que les hommes et les femmes sont égaux devant Allah et que tous les devoirs de la religion, aussi bien que ses espérances, s’appliquent aux uns comme aux autres.
II alla jusqu’à déclarer, a I’horreur de tous les païens mécquois bien pensants, qu’une femme était une personne ayant ses propres droits et n’en avait pas seulement en vertu de ses relations avec les hommes en tant que mère, soeur, épouse ou fille ; elle était, en conséquence, apte a posséder de la propriété, à exercer sa propre activité commerciale et à disposer de sa propre personne dans le mariage !
II condamna tous les jeux de hasard et toutes les formes d’intoxicants (alcool, drogue, tout ce qui fait perdre la raison ou une partie de la raison…), car, selon les paroles du Coran, il y a en eux beaucoup de mal et quelque bien, mais le mal est plus grand que le bien.
Dépassant tout cela, il prenait position contre l’exploitation traditionnelle de l’homme par l’homme, contre les bénéfices provenant de prêts a intérêts, quel que fut le taux, contre les monopoles privés et les accaparements, contre le pari sur les besoins potentiels des autres, chose que nous appelons aujourd’hui » spéculation « , contre le fait de juger le juste et le faux a travers I’optique du sentiment du groupe tribal, c’est-a-dire, en langage moderne, le « nationalisme ».
II niait assurément toute légitimité aux sentiments et aux considérations de tribu. A ses yeux, le seul motif légitime, c’est-a dire éthiquement admissible, d’un groupement communautaire n’était pas l’accident d’une origine commune, mais l’acceptation libre et consciente d’une même conception de la vie et d’une même échelle des valeurs morales.
En effet, le Prophète, (salAllahu aleyhi wa salam) insistait sur une révision complète de presque tous les concepts sociaux qui jusqu’alors avaient été regardés comme intangibles et ainsi, comme on le dirait aujourd’hui, il avait (« mêlé la religion a la politique « ), ce qui était une innovation fort révolutionnaire pour l’époque.
Les dirigeants de la Mecque païenne étaient convaincus, comme la plupart des gens le sont dans tous les temps, que les conventions sociales, les habitudes de pensée et les coutumes dans lesquels ils avaient été élevés étaient les meilleures concevables.
C’est pourquoi ils s’opposèrent naturellement à la tentative du Prophète de mêler la religion à la politique -c’est-a-dire de faire de la conscience d’Allah le point de départ d’un changement social -et la condamnèrent comme immorale, séditieuse et « contraire à tous les canons de la propriété », Et lorsqu’il devint évident qu’il n’était pas un simple rêveur, mais qu’il savait inspirer des hommes a l’action, les défenseurs de I’ordre établi déclenchèrent une vigoureuse réaction et commencèrent a le persécuter ainsi que ses partisans.
D’une manière ou d’une autre, tous les prophètes ont défié « L’ordre établi » de leur temps. Est-il donc surprenant que presque tous aient été persécutes et raillés par leurs proches? -et que le dernier d’entre eux, Muhammad, soit raillé en Occident jusqu’à aujourd’hui?
Extrait du livre : Le chemin de la Mecque page 266.