Et quelles sont les conditions afin de résider dans un pays non musulman ?
SHeikh Ibn ’Uthaymîn & al-Lajnah ad-Dâ-ima
Question :
Est-ce que la « Hijrah » est obligatoire [Wâdjib] ou simplement une Sounnah ?
Réponse :
Certes la « Hijrah » [1] est une obligation sur tout croyant qui n’a pas la capacité de manifester sa religion dans un pays non musulman. Et son Islâm n’est pas complet tant qu’il est dans l’impossibilité de manifester [sa religion], et cela jusqu’à ce que [la personne] accomplisse la « Hijrah ». Et la chose qui rend [la Hijrah] obligatoire et elle-même obligatoire. Et cela est comme la « Hijrah » des musulmans de la Mecque vers l’Abyssinie, ou de la Mecque vers Médine [...] [2]
Question :
Qu’en est-il de résider dans un pays non musulman ?
Réponse :
S’installer [al-Iqâmah] dans un pays non musulman est un grand danger quant à la religion du Musulman, pour sa moralité [al-Akhlâq], sa conduite [as-Souloûk] et son éthique [Adâb]. Nous avons pu témoigner ainsi que d’autres de ceux qui sont partit [dans ces pays], ils sont revenus comme pervertis [Fâsiq], et d’autres parmi eux sont revenus en ayant apostasié leur religion et en ayant mécru en celle-ci comme en toute autre religion - Et nous cherchons refuge auprès d’Allâh - jusqu’à nier complètement et à se moquer de la religion et de leurs gens, passés et présents. Et c’est la raison pour laquelle nous devons prendre des mesures afin de protéger contre de telles choses, et poser des conditions afin d’empêcher les gens de suivre ce chemin de passions [Hawa] qui mène à la destruction.
Afin de résider dans un pays non musulman, il faut impérativement respecter deux conditions :
- La première condition :
Que le résident soit ferme dans sa religion, afin qu’il ait assez de science [al-’Ilm], de foi [al-Imân] et de pouvoir pour adhérer fermement à sa religion tout en se méfiant de dévier ou d’aller hors du droit chemin, et qu’il ait une attitude d’aversion et de ressentiment à l’égard du mécréant [et de la mécréance en générale] en n’éprouvant pas d’amitié à leur égard, ni d’amour, car les considérer comme alliés et les aimer sont des choses qui contredisent la foi [al-Imân].
Allâh - Ta’âla - dit :
« Tu n’en trouveras pas, parmi les gens qui croient en Allâh et au Jour dernier, qui prennent pour amis ceux qui s’opposent à Allâh et à Son Messager, fussent-ils leurs pères, leurs fils, leurs frères ou les gens de leur tribu. »
[3]
Et Il - Ta’âla - dit :
« O vous les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens ; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d’entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allâh ne guide certes pas les gens injustes. Tu verras, d’ailleurs, que ceux qui ont la maladie au cœur se précipitent vers eux et disent : « Nous craignons qu’un revers de fortune ne nous frappe. » Mais peut-être qu’Allâh fera venir la victoire ou un ordre émanant de Lui. Alors ceux-là regretteront leurs pensées secrètes. »
[4]
Et il est authentiquement rapporté dans le « Sahîh » que le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) a dit : « Quiconque aime un peuple, en fait partie, et l’homme sera avec celui qu’il aime. »
Aimer les ennemis d’Allâh est un des dangers les plus graves pour le musulman, parce que les aimer implique d’être en accord avec eux et les suivre, et à être moins engagé dans le fait de ne pas les dénoncer, d’où le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) a dit : « Quiconque aime un peuple, en fait partie »
- La deuxième condition :
Qu’il soit capable de pratiquer sa religion ouvertement [Idhhâr dinihi], afin qu’il puisse observer les rituels de l’Islâm sans interdiction. Qu’il n’ait pas de gêne à pratiquer la prière en groupe, de prier le « Djumu’ah » [prière du vendredi] et de faire les prières en groupes [al-Djamâ’ah] s’il y a là d’autres personnes avec qui il peut prier en groupe et célébrer le « Djumu’ah » ; Et qu’il n’est pas d’interdiction à donner la « Zakât » [L’impôt obligatoire], à pratiquer le jeûne, à faire le Hadj [Le pèlerinage] et autres rituels de l’Islâm. S’il n’est pas capable de pratiquer cela, alors il ne lui est pas permis de rester [dans ce pays], et il devient obligatoire pour lui d’émigrer [Hijrah] dans ce cas. Il est dit dans « al-Mughnî » [5] vol-8 p.457 une parole sur le sujet, que les gens sont de trois catégories pour la « Hijrah » : « Et que la première [de ces catégories] est qu’il est obligatoire [pour la personne] d’appliquer [l’émigration] lorsqu’elle n’a pas la capacité de pratiquer sa religion ouvertement, et qu’il ne lui est pas possible ainsi d’accomplir ses obligations religieuses quand celle-ci réside parmi les non musulmans. Cela est donc obligatoire [pour la personne] de faire la « Hijrah » selon la parole d’Allâh - Ta’âla :
« Ceux qui ont fait du tort à eux-mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en disant : « Où en étiez-vous ? » [À propos de votre religion] - « Nous étions impuissants sur terre », dirent-ils. Alors les Anges diront : « La terre d’Allâh n’était-elle pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer ? » Voilà bien ceux dont le refuge est l’Enfer. Et quelle mauvaise destination ! »
[6]
Et cela est un dur châtiment qui indique l’obligation [al-Wâdjib]. Et certes l’obligation dans l’accomplissement de sa religion et une obligation qui s’impose à qui en est capable. La « Hijrah » fait partit des nécessités obligatoires et de ce qui le complète. » [...] [7]
Question :
Quand une personne est dans l’incapacité d’assurer sa propre sécurité et celle de sa foi devant les dissensions [fitnah] qu’elle rencontre dans son propre pays, est-ce que cela est une raison qui oblige la « Hijrah » [l’émigration] pour le musulman ? Et où doit-elle émigrer ?
Réponse :
Si la réalité est telle que vous l’avez rappelé et que le musulman n’a plus la possibilité d’assurer la sécurité de sa propre personne et celle de sa religion face aux dissensions qui agitent son pays, la Loi [ach-Charî’ah] lui permet de faire « Hijrah », quant il en a la possibilité, pour un pays où [cette personne] se trouve en sécurité pour sa personne et sa religion. [8]
Notes
[1] La « Hijrah » [l’émigration] dans la Loi Islamique [ach-Charî’ah], c’est le fait de se déplacer d’un pays non musulman [Balad al-Kufr] pour un pays musulman [Balad al-Islâm].
[2] Kitâb « Charh al-Arba’în an-Nawawiyyah » de SHeikh Ibn ’Uthaymîn, p.16
[3] Coran, 58/22
[4] Coran, 5/51-52
[5] Ouvrage « al-Mughnî » de grande référence dans la jurisprudence de rite hanbalite, de l’Imâm Ahmad Ibn Muhammad Ibn ’Abder-Rahmân Ibn Qudâma al-Maqdissî.
[6] Coran, 4/97
[7] Madjmu’ Fatâwa de SHeikh Ibn ’Uthaymîn, 3/25
[8] Fatâwa Al-Lajnah Ad-Dâ-ima lil-Bouhouth Al-’Ilmiyyah wal-Iftâ, 12/51
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Que doit faire le musulman pratiquant qui vit dans un pays musulman où on lui impose le rasage de la barbe ? Et l’obligation d’être loyal à l’égard de la patrie ?
Question :
Que doit faire le musulman pratiquant qui vit dans un pays musulman où on lui impose le rasage de la barbe, l’abandon de la prière et la pratique publique des actes de désobéissance [à Allâh] ? Abandonner sa famille et ses biens est-il considéré comme une immigration ?
Réponse :
Il est obligatoire pour le musulman d’éviter de séjourner dans un pays qui l’invite à ce qu’Allâh a interdit ou le lui impose. S’il s’agit d’interdits tels l’abandon de la prière, le rasage de la barbe, la pratique d’actes de débauche, comme par exemple la fornication et la consommation du vin, il doit abandonner le pays, car c’est un mauvais pays où il n’est pas permis de séjourner.
Il doit le quitter, même contre l’avis de ses parents parce que l’obéissance à Allâh l’emporte sur l’obéissance aux parents. Encore que celle-ci ne soit recommandée que dans le bien en vertu de la parole du Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) : « Point d’obéissance si ce n’est dans le bien » et : « Point d’obéissance à une créature dans la désobéissance au Créateur ». On doit quitter tout pays où l’on n’est pas en mesure de manifester sa religion. [1]
Question :
Comment juger le fait que certains appellent à l’obligation d’être loyal à l’égard de la patrie ?
Réponse :
Il est obligatoire d’être loyal à l’égard d’Allâh et de Son messager. Cela signifie qu’on choisit ses alliés pour complaire à Allâh et définit ses ennemis pour Lui plaire. Puisque son pays peut ne pas être musulman, comment vouloir qu’il lui reste loyal ? Si son pays est musulman, il doit lui vouloir du bien et œuvrer dans ce sens tout en fondant sa loyauté sur [la volonté d’] Allâh. Les musulmans obéissants seraient alors ses alliés et ceux qui s’opposent à la religion d’Allâh ses ennemis, fussent-ils ses proches, voir, son père, son oncle, son frère ou d’autres [parmis ses proches]. En effet, l’alliance doit-être accomplit pour plaire à Allâh.
Si la patrie est musulmane, l’on doit œuvrer pour qu’elle le reste, pour y promouvoir le bien, pour consolider sa situation et réconforter ses habitants. Voilà le devoir de tout musulman. Nous demandons à Allâh pour vous, pour nous-mêmes et pour tous les musulmans l’assistance, la bonne direction et la bonne intention. [2]
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Emigrer là où l’on peut pratiquer
L’émigration est une chose qui perdurera. Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) a dit : « L’émigration ne cessera que quand cessera le repentir, et le repentir ne cessera que quand se lèvera le soleil du côté de son couchant. » [1] L’émigration ainsi perdurera.
Lorsqu’une personne ne peut pratiquer sa religion dans un endroit, elle se doit de partir dans un endroit autre qui lui permette de pratiquer sa religion avec les musulmans. Et lorsqu’elle n’a pas la capacité d’aller dans un pays musulman, qu’elle se rende dans un pays où elle pourra pratiquer sa religion, même si cela se fait dans un pays non musulman. Car certains endroits sont moins mauvais que d’autres. Les compagnons ont émigré chez le Négus et son peuple, alors qu’ils étaient Chrétiens. Ils ont pu pratiquer ainsi près d’eux leur religion, et cessé le mal que leur causaient les polythéistes. Allâh – Djalla wa ‘Ala – dit :
« Craignez Allâh, donc autant que vous le pouvez »
[2]
Lorsque l’Islâm est minoritaire et que les musulmans sont nombreux en un endroit, la personne doit se rendre et s’installer là où elle pourra pratiquer avec eux, quand même cela est dans un pays non musulman. Lorsqu’elle n’a pas la capacité d’appliquer cela dans un pays musulman, elle diminuera le mal dans la mesure de ses capacités (en se rendant ailleurs). [3]
Notes
[1] Rapporté par Ahmad
[2] Coran, 64/16
[3] Kitâb « Silsilatou Charh ir-Rassâ-îl » du SHeikh Sâlih al-Fawzân
Hijrah