Beaucoup de nos frères et soeurs pensent qu’il existe de bonnes innovations en Islam, est-ce que ceci est fondé ? D’où leur est venue cette croyance ?
Question :
94 _ ما حكم تقسيم البدعة إلى بدعة حسنة وبدعة سيئة ؟ وهل يصِحُّ لمن رأى هذا التقسيم أن يحتجَّ بقول الرسول : (مَن سنَّ سُنَّةً حسنةً في الإسلام...) الحديث، وبقول عمرَ : (نعمتِ البدعةُ هذه...)؟ نرجو في ذلك الإفادة، جزاكم الله خيرًا.
Quel est le statut de celui qui considère qu’il existe des bonnes et des mauvaises innovations ? Et celui qui prétend que cette distinction est valable, peut-il s’argumenter de la parole du messager, sala Allah ’alayhi wa salam : "celui qui instaure une bonne tradition en Islam..." et de la parole de ’Omar, qu’Allah l’agrée : "que cet acte est une bonne innovation !... ? Nous souhaiterions un éclaircissement, qu’Allah vous récompense par le bien.
Réponse :
ليس مع من قسَّم البدعة إلى بدعةٍ حسنة وبدعةٍ سيئةٍ دليلٌ؛ لأن البدع كلَّها سيئةٌ؛ لقوله صلى الله عليه وسلم : (كل بدعة ضلالة، وكل ضلالة في النار) [رواه النسائي في "سننه" (3/188-189) من حديث جابر بن عبد الله بنحوه، ورواه الإمام مسلم في "صحيحه" (2/592) بدون ذكر : "وكل ضلالة في النار" من حديث جابر بن عبد الله. (1)]
Celui qui se permet de distinguer entre bonne et mauvaise innovation ne se base sur aucune preuve en ce sens que toutes les innovations sont mauvaises comme il a été rapporté par le messager, sala Allah ’alayhi wa salam : "Toute innovation est un égarement et tout égarement est voué au feu" (rapporté par An-nassaï dans son "sunan" (189-3/188) et par l’imam Muslim dans son "sahih" (2/592) mais sans la partie : "et tout égarement est voué au feu").
وأما قوله صلى الله عليه وسلم : (مَن سنَّ في الإسلام سُنَّةً حسنةً) [رواه الإمام مسلم في "صحيحه" (2/704-705) من حديث جرير بن عبد الله.]؛ فالمرادُ به : من أحيا سنَّةً؛ لأنه صلى الله عليه وسلم قال ذلك بمناسبة ما فعلَهُ أحد الصَّحابة من مجيئه بالصَّدقة في أزمةٍ من الأزمات، حتى اقتدى به الناس وتتابعوا في تقديم الصَّدقات.
Quant à la parole du messager, sala Allah ’alayhi wa salam, "celui qui instaure en Islam une bonne tradition" (rapporté par l’imam Muslim dans son "sahih" (705-2/704) signife en fait :"celui qui a revivifié une sunna" car le messager, sala Allah ’alayhi wa salam, à dit cette parole lorsqu’un compagnon apporta une aumône pendant une période de crise, de telle sorte qu’il fut pris en exemple par les autres compagnons qui, à leur tour, apportèrent des aumônes.
وأما قول عمر رضي الله عنه : "نعمتِ البدعةُ هذه" (2)؛ فالمراد بذلك البدعة اللغويَّة لا البدعة الشرعيَّةُ؛ لأنَّ عمر قال ذلك بمناسبة جمعه الناس على إمام واحد في صلاة التَّراويح، وصلاة التَّراويح جماعة قد شرعها الرسول صلى الله عليه وسلم؛ حيث صلاها بأصحابه ليالي، ثم تخلَّفَ عنهم خشية أن تُفرضَ عليهم (3)، وبقي الناس يصلُّونها فرادى وجماعات متفرِّقة، فجمعهم عمر على إمام واحد كما كان على عهد النبي صلى الله عليه وسلم في تلك الليالي التي صلاها بهم، فأحيى عمر تلك السُّنَّة، فيكون قد أعاد شيئًا قد انقطع، فيُعتبَرُ فعله هذا بدعة لغويَّة لا شرعيَّةً؛ لأنَّ البدعة الشرعية محرَّمة، لا يمكن لعمر ولا لغيره أن يفعلها، وهم يعلمون تحذير النبي صلى الله عليه وسلم من البدع (4).
Quant à la parole de ’Omar, qu’Allah l’agrée : "que cet acte est une bonne innovation", il s’agit en fait de l’innovation dans son sens linguistique et non dans son sens religieux. ’Omar, qu’Allah soit satisfait de lui, dit cette parole après avoir réuni les compagnons derrière un seul imam pendant la prière de "tarawih", prière en groupe qui avait été légiférée par le messager, sala Allah ’alayhi wa salam. Il, sala Allah ’alayhi wa salam, l’avait effectuée avec ses compagnons quelques nuits puis s’arrêta de crainte qu’elle ne soit considérée comme une obligation. Les gens continuèrent à la prier ("tarawih"), pour certaines, seules, pour d’autres, en plusieurs groupes réparties dans la mosquée,
c’est alors que ’Omar, qu’Allah l’agrée décida de les réunir derrière un seul imam comme c’était le cas à l’époque du prophète, sala Allah ’alayhi wa salam, lors de ces nuits pendant lesquelles il, sala Allah ’alayhi wa salam, fut imam pour les compagnons lors de la prière de "tarawih". ’Omar, qu’Allah l’agrée, a en fait revivifié cette sunna, il a redémarré une action qui s’était arrêtée.
Cette innovation est à considérer, donc, dans son sens linguistique et non dans son sens religieux, en ce sens que l’innovation en religion est strictement interdite et il ne sied, ni à ’Omar, qu’Allah l’agrée, ni à d’autres de la faire d’autant plus qu’ils étaient au courant de la mise en garde du prophète, sala Allah ’alayhi wa salam, contre les innovations.
Post-Scriptum :
Source : Al-muntaqa min fatâwa, Tome 1, question 94.
Auteur : As-sheikh Al-Fawzan.