Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

« On ne connaît pas la vérité par les hommes, mais connais donc la vérité, et après tu connaîtras ceux qui la suivent. »


Comment le cinéma Français efface l'identité Arabo-musulmane et Africaine

Publié par convertistoislam - l'islam pour tous sur 24 Avril 2025, 12:54pm

Comment le cinéma Français efface l'identité Arabo-musulmane et Africaine

La Représentation des Arabo-Musulmans et Africains

dans le Cinéma Français : Intégration et Effacement Culturel

 

Depuis les années 1980, le cinéma français a progressivement inclus des personnages d’origine arabo-musulmane ou africaine, souvent dans des récits mettant en avant leur intégration dans la société française. Cependant, cette intégration est fréquemment représentée comme un processus impliquant un reniement, volontaire ou implicite, de leur culture d’origine. Cet article examine cette tendance à travers des exemples de films, des analyses académiques et des statistiques, tout en explorant les implications culturelles et sociales de telles représentations.

 

Une intégration cinématographique à double tranchant

Selon une étude publiée sur Cairn.info, les personnages arabes dans le cinéma français ont historiquement été cantonnés à des rôles stéréotypés, comme l’« Arabe de service » dans les années 1960 et 1970, incarné par des acteurs comme Mohamed Zinet ou Smaïn. Cependant, à partir des années 1990, une nouvelle vague de représentations émerge, portée par des acteurs d’origine maghrébine tels que Jamel Debbouze, Samy Naceri ou Roschdy Zem. Ces figures, souvent des « héros » ou des premiers rôles, sont dépeintes comme pleinement intégrées, mais cette intégration s’accompagne fréquemment d’une dilution de leur identité culturelle. L’étude note que cette « intégration cinématographique » peut ressembler à une « déculturation », où l’identité arabe ou africaine est reléguée au second plan au profit d’une assimilation à la norme française.

Dans son ouvrage La Circulation des Productions Culturelles (2017), Dominique Marchetti souligne que les films français grand public, vus par des millions de spectateurs (environ 200 millions d’entrées annuelles en France dans les années 2010), privilégient des récits où les personnages issus de minorités sont « banalisés » pour plaire à un large public. Cette banalisation implique souvent de gommer les marqueurs culturels spécifiques, comme la langue arabe, les pratiques religieuses ou les traditions africaines, au profit de valeurs républicaines universalistes.

 

Exemples de films et personnages

Plusieurs films illustrent cette tendance à représenter des personnages arabo-musulmans ou africains comme intégrés, mais déconnectés de leur culture d’origine :

La saga Taxi (1998-2007) : Samy Naceri incarne Daniel, un chauffeur de taxi marseillais charismatique. Bien que son nom et son apparence suggèrent une origine maghrébine, son personnage est dépeint sans référence explicite à la culture arabe ou musulmane. Comme le note Cairn.info, Daniel incarne une intégration réussie, mais au prix d’une identité « tronquée », où son « arabité » est réduite à un vague exotisme.

Intouchables (2011)* : Omar Sy joue Driss, un jeune homme d’origine sénégalaise issu des banlieues. Le film, qui a attiré plus de 19 millions de spectateurs en France, met en scène une amitié entre Driss et un aristocrate français, Philippe. Driss est montré comme intégré grâce à son humour et son énergie, mais ses racines africaines sont à peine évoquées, hormis des stéréotypes comme sa danse ou son passé de délinquant. Un post sur X en 2025 a critiqué ce choix, notant que des rôles positifs impliquant des personnages d’origine africaine ou maghrébine sont souvent joués sans refléter leur culture de manière authentique.

L’Esquive (2003)* d’Abdellatif Kechiche : Ce film montre des adolescents d’origine maghrébine jouant une pièce de Marivaux dans un lycée de banlieue. Selon Pascal Bauchard, le film propose une vision « républicaine » où l’intégration passe par l’adoption de la culture classique française, symbolisée par le théâtre. Les personnages, bien qu’issus de milieux immigrés, parlent un français standard et n’expriment pas leur héritage culturel, ce qui peut être perçu comme une forme d’effacement.

Vivre me tue (2002)* : Dans ce film, Sami Bouajila et Jalil Lespert jouent Paul et Daniel, deux frères d’origine maghrébine. Comme le relève Cairn.info, leurs prénoms occidentaux et leur absence de références à la culture arabe soulignent un malaise dans la représentation de l’identité immigrée, où l’intégration semble exiger un reniement des racines.

 

Une logique économique et culturelle

L’émergence de ces représentations s’explique en partie par des facteurs économiques. Selon Revel.unice.fr, dans les années 1990 et 2000, les films de banlieue comme La Haine (1995) ont démontré leur rentabilité, incitant les producteurs à caster des acteurs d’origine maghrébine ou africaine. Des comédiens comme Jamel Debbouze (Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, 2002) ou Ramzy Bédia (La Tour Montparnasse infernale, 2001) deviennent des « vedettes bankables », mais leurs rôles s’inscrivent dans des récits où leur identité culturelle est souvent édulcorée pour séduire un public majoritaire.

Edgar Morin, cité dans la même source, explique que le cinéma grand public doit proposer des produits « toujours nouveaux » mais en phase avec les attentes sociales. La notion de « diversité » étant devenue un idéal politique en France, les films mettent en avant des personnages issus de minorités, mais dans des cadres narratifs qui évitent les sujets sensibles, comme la religion musulmane ou les tensions postcoloniales. Par exemple, une étude de 2013 dans Revue des Mondes Musulmans note que les cinéastes français évitent souvent de traiter de l’islam ou de la condition féminine dans les communautés maghrébines, préférant des récits d’intégration consensuels.

 

Le revers de l’intégration : la déculturation

Cette mise en avant de l’intégration a un coût. Norman Daniel, dans son ouvrage sur les rapports entre l’Occident et l’islam, argue que les représentations cinématographiques des Arabes ont historiquement réduit leur identité à une « image consommée » par l’Occident, déconnectée de leur réalité culturelle. Dans le cinéma français, cette logique se traduit par des personnages qui, pour être acceptés, adoptent des noms, des comportements ou des valeurs occidentaux. Par exemple, dans Les Amateurs (2003), Jalil Lespert joue un personnage nommé J.P., qui révèle à la fin que son vrai prénom est Jamel, illustrant une identité masquée pour mieux s’intégrer.

De même, les personnages africains, comme dans Black Mic Mac (1986) ou Les Keufs (1987), sont souvent dépeints comme des figures sympathiques mais déracinées, dont l’origine est un handicap à surmonter plutôt qu’une richesse à valoriser. Michel Cadé, dans L’Histoire de France au Cinéma, note que ces comédies, influencées par l’antiracisme des années 1980, présentent l’intégration comme un processus linéaire, où l’immigré doit se conformer aux normes françaises pour réussir.

 

Des exceptions et des résistances

Quelques films s’écartent de cette tendance. De l’autre côté de la mer (1997) de Roschdy Zem explore les questionnements identitaires d’un personnage maghrébin qui, bien qu’intégré, se reconnecte à ses racines. De même, La Mémoire fertile (1980) de Michel Khleifi ou Chronique d’une disparition (1996) d’Elia Suleiman, bien que palestiniens, ont influencé certains cinéastes français en montrant des identités arabes complexes et ancrées dans leur culture.

Cependant, ces œuvres restent marginales. Selon Revue des Mondes Musulmans (2013), les cinéastes arabes ou africains doivent souvent se plier aux attentes du marché occidental, qui privilégie des récits d’émancipation ou d’intégration stéréotypés. Par exemple, les films sur la « condition féminine » maghrébine sont bien reçus en France s’ils montrent des femmes luttant contre une culture perçue comme oppressive, renforçant l’idée que l’intégration nécessite un rejet des traditions.

 

Impact et critiques

Ces représentations ont un impact significatif. Avec environ 200 millions d’entrées annuelles dans les cinémas français dans les années 2010, les films grand public façonnent les perceptions du public. Abbas Fahdel, cité par Bauchard, plaide pour un cinéma qui montrerait les Arabes et Africains comme des « individus » plutôt que comme une « communauté », mais il note que le cinéma français reste timide face à des sujets comme l’islam ou le postcolonialisme.

Des critiques, comme celle exprimée dans un post sur X en 2025, soulignent que même les rôles positifs pour les Arabes ou Africains tendent à effacer leur identité culturelle, comme dans le remake en live-action d’Aladdin (2019), où les personnages maghrébins sont joués sans profondeur culturelle. Au festival Gabes Cinema Fen (2019), la réalisatrice tunisienne Fatma Cherif a posé la question : « Est-ce que nous arrivons à nous raconter nous-mêmes ? », pointant du doigt la difficulté pour les cinéastes arabes de produire des récits authentiques face aux attentes occidentales.

Conclusion

Le cinéma français a fait des progrès dans la représentation des Arabo-Musulmans et Africains, passant de stéréotypes négatifs à des portraits d’individus intégrés. Cependant, cette intégration est souvent conditionnée à un effacement de l’identité culturelle, où les personnages renient ou minimisent leurs racines pour s’aligner sur les valeurs républicaines. Si des films comme Intouchables ou Taxi ont popularisé des figures positives, ils reflètent une vision normative de l’intégration qui laisse peu de place à la diversité culturelle. Pour un cinéma véritablement inclusif, il faudrait, comme le suggère Fatma Cherif, permettre aux Arabes et Africains de « se raconter eux-mêmes », avec des récits qui célèbrent leur héritage tout en s’inscrivant dans la société française.

article généré par l'ia.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :