Parmi les règles de la « Législation » et de la sagesse, il y a également le fait que si les bonnes oeuvres [d’un homme] se multiplient et s’amplifient et qu’il possède en Islâm une influence évidante, alors on doit lui accorder une indulgence et un pardon qu’on n’accorde pas à une autre personne. Certes, le péché est une impureté. Cependant, l’impureté ne peut polluer une eau qui atteint la quantité de deux grandes jarres, contrairement à une petite quantité d’eau qui quant à elle ne supporte pas la moindre impureté. Dans le même esprit, il y a la parole du Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) à ’Oumar Ibn Khattâb : « Que sais-tu ? Il se peut qu’Allâh ait considéré des gens ayant participé à la bataille de Badr et ait dit : « Faites ce que vous voulez car je vous ai pardonné. » [Rapporté par al-Bukhârî et Muslim ]. Ceci est donc la raison qui l’a empêché de tuer celui qui les a empoisonnés, lui et les musulmans, et qui a commis ce grand péché.
Ainsi, le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) donna pour les raisons sa participation à la bataille de Badr. Ceci montre donc que la punition est fondée, mais son éxécution est annulée, car le coupable participa à un évènement important. Ainsi, cette faute grave lui est pardonnée parce qu’il a à son compte beaucoup de bonnes oeuvres.
Et quand le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) exhorta [les musulmans] à la charité, ’Uthmân (Radhiallâhu ’anhu) apporta cette aumône. Le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) dit : « Aucun acte ne peut nuire à ’Outhmân Ibn ’Affân, après l’oeuvre qu’il vient de d’accomplir aujourd’hui. » [Rapporté par al-Tirmidhî - Hadîth très faible ]
Le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) a [également] dit à Talha, qui s’était courbé devant lui afin qu’il prenne appui sur son dospour monter sur la pierre : « Cela est redevable pour Talha. » [Rapporté par Ibn Hibbân et al-Baghawî - Hadîth hassan]
C’est également le cas de Mûssa (’alayhi sallam), celui à qui le Tout-Miséricordieu a parlé : il jeta par terre les tablettes sur lesquels était écrite la parole d’Allâh, au point où elles se brisèrent ; il frappa l’ange de la mort au point de crever son oeil ; il fit des reproches à son Seigneur le Jour où on fit monter le Prophète (sallallahu ’alayhi wa sallam) en disant : « Un jeune a été envoyé après moi et les membres de sa communauté seront plus nombreux au Paradis que ceux de ma communauté. » Il saisit la barbe de Hârun et le tira, alors qu’il [Hârun] est également un des Prophètes d’Allâh, l’honore et l’aime.
Certes, ces faits n’affectent pas l’acte accompli par Mûssa face aux ennemis qui s’opposèrent à lui, la patience dont il fit preuve et le mal qu’il endura pour Allâh, ne rabaissent pas son rang. C’est un fait reconnu parmi les gens et ancré dans la nature de l’homme, que celui qui possède mille bonnes actions, sera pardonné pour une, voire deux mauvaises oeuvres. Et entre la punition pour ses mauvaises actions et la récompense pour ses bonnes actions, c’est la récompense qui prédomine, comme a dit le poète :
« Si le bien-aimé vient avec un seul péché, Alors ses bonnes oeuvres viennent avec mille intercesseurs ».
Et un autre disait :
« Si l’acte qui a fait mal est un, Alors ses bonnes actions sont nombreuses ».
Allâh - Subhânahu wa ta’âla - soupèsera le Jour du Jugement Dernier, les bonnes et les mauvaises oeuvres du serviteur. Ainsi, celles qui seront prédominantes influenceront Son jugement. Il accordera à ceux dont les bonnes oeuvres seront nombreuses, ceux qui auront préféré Son amour et Son agrément, mais qui auront parfois été influencés par leurs âmes, il leur accordera la grâce et le pardon qu’Il n’accordera pas aux autres [...] [Kitâb « Miftah Dar as-Sa’âda » de Ibn al-Qayyîm, 1/319 ]